L'oeuvre de STENDHAL
Extrait du document
«
Mérimée a vingt ans de moins que Stendhal.
Malgré cette différence d'âge, les deux écrivains ont entretenu
d'étroites relations d'amitié, et leurs oeuvres sont contemporaines.
Ils ont fréquenté les mêmes salons; ils ont eu
des curiosités communes; ils ont aimé, l'un et l'autre, les voyages, les beaux-arts, l'aventure.
Leurs positions
littéraires sont voisines : tous deux ont dénoncé les excès du lyrisme romantique, cultivé les apparences de
l'impassibilité et de l'observation objective; tous deux, à ce titre, peuvent être considérés comme des précurseurs
de l'esthétique réaliste.
Stendhal, cependant, a plus de souffle que Mérimée : il compose des romans d'une extrême
richesse psychologique.
Mérimée écrit des nouvelles ingénieusement agencées, mais un peu sèches, et se borne à
rechercher la perfection dans un genre inférieur.
Mérimée obtint un succès immédiat et durable; mais Stendhal, plus
lent à s'imposer, apparaît aujourd'hui d'une autre dimension.
Henri Beyle, dit Stendhal, après une enfance morose, découvre l'Italie et mène une existence aventureuse.
Assez
tard, il obéit à sa vocation profonde et compose des romans, sans parvenir au succès.
La postérité consacrera avec
éclat le talent de cet écrivain audacieux et varié, initiateur d'une littérature éprise de clairvoyance psychologique et
d'observation réaliste.
L'ÉTUDIANT (1783-1800)
Henri Beyle, né à Grenoble, révèle dès son plus jeune âge un tempérament fougueux et révolté.
Il déteste son père :
par réaction contre lui, il se déclare athée et jacobin.
De 1796 à 1799, il suit les cours de l'École Centrale de
Grenoble et se prépare à l'École Polytechnique; il se passionne pour le dessin et pour les mathématiques.
Il se rend à
Paris pour le concours, mais ne se présente pas : il est impatient de vivre; l'aventure l'attire.
LE SOLDAT (1800-1814)
Grâce à la protection de son cousin Pierre Daru, il entre dans l'armée.
Sous-lieutenant de dragons en Italie, il est
émerveillé par le pays, en particulier par Milan, où il trouve « les premiers plaisirs », mais écoeuré par la monotonie
de la vie militaire.
En 1802, il démissionne et, soutenu par l'espoir de conquérir la gloire, se retire à Paris dans une
mansarde; puis, il suit une jeune actrice à Marseille.
En 18o6, il se résigne à reprendre du service dans l'intendance;
il passe plusieurs années en Allemagne, en Autriche, et accompagne la Grande Armée en Russie.
Il demeure sous les
drapeaux jusqu'à la chute de l' empereur.
Pendant toute cette période, il est déjà préoccupé de littérature.
Les
idéologues, dont il a lu les écrits avec délices, ont éveillé en lui le sens des analyses rigoureuses : dès 1801, dans le
dessein de se mieux connaître, il a entrepris de tenir un journal avec une sincérité totale.
En outre, il voudrait écrire
« des comédies comme Molière »; mais il montre peu de dispositions pour l'art dramatique.
LE MILANAIS (1814-1821)
Au retour des Bourbons, Henri Beyle renonce à tout métier pour se consacrer à la littérature et se fixe à Milan, qui
devient sa patrie d'élection.
Il partage son temps entre la vie mondaine et le travail.
Il s'oriente d'abord vers des
études de critique et d'esthétique : il écrit en 1815, sous le pseudonyme de Louis-Alexandre-César Bombet, les Vies
de Haydn, Mozart et Métastase, puis, en 1817, une Histoire de la peinture en Italie; mais ces essais contiennent de
nombreux et indiscrets emprunts à des auteurs italiens.
Rome, Naples et Florence, publié la même année sous le nom
de Stendhal, est un recueil plus personnel de notations psychologiques sur la société italienne; la spontanéité du
ton s'y allie à la finesse du goût.
LE DANDY PARISIEN (1821-1830)
En 1821, Stendhal, inquiété par la police autrichienne, regagne Paris.
Les plaisirs de la capitale française succèdent
à ceux de Milan.
L'écrivain joue au dandy et fait briller son esprit dans de nombreux salons, notamment ceux de
Destutt de Tracy, de Delécluse, de Mme Ancelot et de l'actrice Mme Pasta.
Il publie en 1822 une monographie
psychologique, De l'Amour; puis son Racine et Shakespeare (1823-1825), où il prend position pour l'école nouvelle; il
rédige une Vie de Rossini; en 1827, enfin, il tente un premier essai dans le genre du roman et publie Armance, qui
passe inaperçu.
Comme il demeure pauvre, il sollicite, mais en vain, une place d'auxiliaire à la Bibliothèque royale.
Il
traverse alors une grave crise morale.
De l'Amour.
L'ouvrage se présente comme « une description détaillée et minutieuse de tous les sentiments qui composent la
passion nommée amour ».
Le livre premier est une monographie descriptive de l'amour.
Après avoir distingué quatre
espèces fondamentales d'amour, l'auteur étudie les étapes du sentiment : admiration, désir, espérance, naissance
de l'amour, première cristallisation, doute, seconde cristallisation.
Stendhal entend par cristallisation le lent travail
de l'esprit qui, modelant la réalité sur ses désirs, couvre de perfections l'objet aimé : ainsi, lorsqu'on jette un rameau
d'arbre dans les mines de sels de Salzbourg et qu'on l'en retire deux ou trois mois plus tard, les plus petites branches
sont couvertes d'une infinité de cristallisations brillantes.
A la cristallisation s'oppose le coup de foudre, choc
inattendu, qui fait atteindre tout d'un coup le sommet de l'amour.
Le livre second est intitulé : « Des nations par rapport à l'amour ».
Selon Stendhal, les variétés de tempéraments, le
régime politique, l'état des moeurs, les différences d'âge et les particularités individuelles compliquent et nuancent
les espèces fondamentales d'amour.
Suivent des chapitres sur les caractères de l'amour dans les différents pays,
sur l'éducation des femmes et sur le mariage..
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