L'oeuvre poétique de ARTHUR RIMBAUD
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Rimbaud témoigne, dès ses premiers vers, d'une éblouissante virtuosité; dans des poèmes qui expriment, pour la plupart, les inquiétudes ou les révoltes de son adolescence, il a tôt fait d'épuiser les ressources offertes par l'exemple de ses prédécesseurs romantiques ou parnassiens. Il tente alors de devenir une sorte de démiurge et de créer un univers magique : à cette ambition, qu'il renie pourtant dans Une Saison en enfer, répondent, plus particulièrement, les Illuminations. Mais il renonce bientôt à sa chimère et part pour l'aventure, indifférent désormais au sort de son oeuvre, que révèlent au public, dans les dernières années de sa vie, les poètes de l'école symboliste.
L'ENFANT PRODIGE (1854-1870).
Né à Charleville, Arthur Rimbaud, de bonne heure, se révolte contre la tyrannie d'une mère inflexible et s'abandonne à la séduction de rêves lointains; il marque sa rancune d'enfant incompris par de terribles colères et par des escapades. Sa vocation poétique s'éveille, au collège, pendant l'année de rhétorique; et son professeur Georges Izambard l'encourage par une enthousiaste sympathie. D'emblée, Rimbaud a découvert tous les secrets de l'art; il imite en virtuose Hugo ou les Parnassiens. Déjà, cependant, il obéit à une inspiration très personnelle : il traduit dans Sensation, dans Ma Bohème, le bonheur sensuel dont il a joui au cours de ses promenades errantes ; il révèle avec humour, dans Roman, ses premiers émois sentimentaux; il atteste, dans Bal des Pendus, la puissance de son imagination visionnaire; et il exhale son horreur native pour la vie mesquine en cinglant de son ironie cruelle la petite bourgeoisie de Charleville :
Sur la place taillée en mesquines pelouses,
Square où tout est correct, les arbres et les fleurs,
Tous les bourgeois poussifs qu'étranglent les chaleurs
Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses. (A la Musique)
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