L'oeuvre poétique de Leconte de Lisle
Extrait du document
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L'abus du lyrisme et la tendance à la facilité qui gâtent souvent les effusions romantiques ont suscité vers le milieu
du siècle, une réaction.
Après Théophile Gautier, Leconte de Lisle veut restaurer l'art dans sa pureté et dans sa
dignité.
Par sa réserve altière, il contribue à faire remonter la poésie sur le Parnasse, alors que Lamartine
revendiquait comme un honneur de l'en avoir fait descendre.
Aussi est-il salué comme un maître par l'école dite
parnassienne, qui se forme et définit sa doctrine en 1866.
Les trois recueils du Parnasse contemporain donnent de
nombreux modèles d'une poésie scrupuleuse, dont Théodore de Banville fixe la technique dans son Petit Traité de
versification française.
Vers la fin du siècle, José-Maria de Heredia réunit des sonnets en un recueil, Les Trophées,
qui peut passer pour l'expression la plus achevée de l'art parnassien.
Leconte de Lisle, né à la Réunion, se fixe à Paris en 1845 et lutte d'abord pour la démocratie socialiste; mais les
événements le découragent.
Après 1851, détaché des préoccupations du siècle, il se réfugie dans un passé
légendaire ou dans un rêve exotique, sans parvenir à vaincre son désespoir foncier; et il voue à l'art pur un labeur
qui l'impose, comme le maître d'une nouvelle génération poétique.
A La carrière poétique
Le maitre du Parnasse
L'INSULAIRE (1818-1845)
Leconte de Lisle est le fils d'un ancien chirurgien militaire qui s'est installé comme planteur à la Réunion.
Il
conservera toujours le souvenir des images exotiques et maritimes qu'il a contemplées pendant ses années
d'enfance et d'adolescence.
En 1837, il se rend en France pour étudier le droit; il séjourne à Rennes et, déjà,
fréquente les cercles littéraires.
Après un nouveau séjour dans l'île natale, il se fixe définitivement à Paris.
LE FOURIÉRISTE (1845-1851)
Vers 1845, Leconte de Lisle est un jeune homme ardent, qui s'enflamme pour les doctrines humanitaires.
Il collabore
à La Phalange, journal fouriériste; et il publie des poèmes d'une inspiration généreuse, en particulier Niobé, où
l'héroïne de la mythologie hellénique apparaît comme le symbole d'une Humanité asservie et souffrante, mais promise
au bonheur de la liberté.
L'échec de la Révolution le déçoit; il se pénètre alors de l'idéal grec et de la sagesse
hindoue, que contribue à lui révéler son ami Louis Ménard.
L'avènement du Second Empire brise définitivement ses
espérances politiques.
LE MAITRE DU PARNASSE (1851-1894)
Leconte de Lisle se consacre désormais au culte de l'art et publie les Poèmes antiques, puis les Poèmes barbares.
Pour vivre, il traduit des chefs-d'oeuvre de la littérature grecque, notamment L'Iliade et L'Odyssée.
Après 1870, il
est nommé bibliothécaire du Sénat; et l'Académie l'élit en 1885 au fauteuil de Victor Hugo.
LES POÈMES ANTIQUES (1852-1874)
La première édition des Poèmes antiques, en 1852, comporte trente et une pièces, dont les plus anciennes sont de
1845.
Dans l'édition définitive, en 1874, prennent place vingt-cinq nouvelles pièces, toutes publiées déjà entre 1855
et 1862.
La plupart des poèmes sont inspirés par l'antiquité hindoue et grecque.
Les poèmes de l'antiquité hindoue.
Leconte de Lisle a lu les traductions des grandes oeuvres hindoues par
l'orientaliste Burnouf et connaît ainsi le Rig-Véda, recueil d'hymnes en l'honneur des anciens dieux; le Maha-Bharata
et le Ramayana, qui sont les deux grandes épopées de l'Inde; le Bhagavata-Purana, suite de légendes consacrées à
Bhagavat ou Visnou, l'un des trois dieux de la trinité hindoue.
Il ressent une grande sympathie pour ces religions et
restitue l'atmosphère de cette civilisation en sept poèmes chargés d'un sens symbolique ou philosophique.
Le plus
ample et le plus important de ces poèmes est Bhagavat, où il évoque les amères méditations de trois brahmanes,
diversement déçus par la vie et également désireux de s'anéantir dans le sein du dieu :
Puissé-je, ô Bhagavat, chassant le doute amer,
M'ensevelir en toi comme on plonge en la mer
Les poèmes de l'antiquité grecque.
Leconte de Lisle a étudié avec ferveur les légendes et les philosophies de la
Grèce.
Selon lui, le christianisme, en détruisant un monde jeune, pur, harmonieux, a préparé les misères du temps
présent.
Ses premiers poèmes grecs, très librement inspirés d'oeuvres antiques, expriment son idéal humain, qui est
celui d'un autre âge et d'une autre civilisation; leur inspiration est, en général, à la fois historique et philosophique;
les principaux sont, avec Niobé, Hélène, qui évoque en une succession de scènes dramatiques le conflit entre Troie
et la Grèce, et Khirôn, où sont retracées les plus lointaines origines du monde hellénique.
Après 1852, l'art étant
devenu la grande préoccupation du poète, le rêve grec devient un rêve de beauté plastique : Leconte de Lisle
s'inspire, notamment, de Théocrite (Le Vase, L'Enfance d'Héraclès, Les Plaintes du Cyclope), adapte des odelettes
attribuées à Anacréon (Odes anacréontiques, Médailles antiques) où, pénétrant dans le monde romain, transpose
des poèmes d'Horace (Études latines).
L'écroulement du rêve antique.
Pourtant, ce retour au passé ne console pas le poète.
Dans Dies irae, une pièce
qu'il place à la fin du recueil en manière de conclusion, il constate la faillite historique du rêve hindou ainsi que du.
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