Louis DES MASURES (15xx-1574) - A la fontaine
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Louis DES MASURES (15xx-1574) - A la fontaine Fontaine, dont l'eau cristalline, D'amont le rocher tombe aval, Murmurant parmi la colline, Puis tombe paisible en son val, Où d'une trace continue Torse en serpent, se traîne et pousse, Et, à travers l'herbe menue, Passe, arrosant l'épaisse mousse, Mille et mille oiseaux qui te hantent, Le flateux bruit, le frais des eaux, Et les nymphes qui autour chantent Répondant au chant des oiseaux, L'air doux, la lumière éthérée, Ce creux antre qui se recule, Où ne touche l'heure altérée De la brûlante canicule; Les arbres touffus, la froide ombre, Les fleurs et le verdoyant pré Bref, tout ce pourpris, en grand nombre De belles couleurs diapré, Font que le dur ennui j'oublie Et que la lyre à gré je touche Attendant la tâche accomplie Du soleil qui trop tôt se couche. Près de toi, Fontaine sacrée, L'envie et tort nous défions Grondant que ton bruit nous récrée, Unique plaisir d'Amphion Qui a délaissé la Dircée, L'aracynth, les thébaines roches, Pour ton eau sans cesse versée, Pour ce roc et tes antres proches. A ta vive et fuyante course Ne vient le profane approcher, Tu m'es d'Aganippe la source Et mon Hélicon, ce rocher. A ton bruit ma lyre j'accorde Chantant l'heur de ma destinée Les amours je sonne à la corde, Au creux airain, le grand Enée. Le chant qu'ainsi oisif sur l'herbe J'entonne, étendu à l'envers, Te rendra fameuse et superbe, Gardant la gloire de mes vers ; A toi, sous cette roche ombreuse, Callirhoé, Nymphe gentille, Je veux goûter à la main creuse L'honneur de ton eau qui sautille. Elle est fraîche, nette, épurée, Et brille au soleil clair et beau ; Mais puisque les vers n'ont durée Qui sont écrits de buveurs d'eau, Sus, Bacchus, noble capitaine, Que du vin soit pleine ma tasse Qui rafraîchit, en la fontaine, Une heure avant que je chantasse. En chantant fais que je m'endorme Au bruit cette douce liqueur ; Si je sommeille sous cet orme Garde moi, Nymphe au gentil coeur, Que mon repos ne tourne en peine Par la serpentine furie Ainsi de ta fertile veine Jamais ne soit l'humeur tarie.
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