L'univers cinématographique
Extrait du document
«
LE SOUCI DU RÉEL
Louis Feuillade, déjà, souhaitait créer une atmosphère juste, donner une note exacte; il dirigea
une série de films intitulée « La vie telle qu'elle est ».
Delluc, Feyder, Renoir, ont travaillé dans
le même sens.
De 1925 à 1940, le réalisme français, à l'opposé du réalisme germanique,
écarte le détail pénible ou trivial, tente de saisir la nuance psychologique et la poésie des
choses.
La péniche de La Belle Nivernaise (Delluc) annonce celle de L'Atalante (Vigo); le Vieux
Port de Marseille dans Fièvre (Delluc) est triste comme sera le port du Havre dans Quai des
brumes (Carné).
En partant de Zola, Feyder, dans Thérèse Raquin, Renoir, dans La Bête
humaine, parviennent à suggérer la grisaille de la vie quotidienne.
Duvivier, dans La Belle
Équipe, Grémillon, dans Le Ciel est à vous, peignent des milieux modestes avec une grande
justesse de touche.
Après 1940, l'observation devient en général plus brutale : il y a déjà quelque lourdeur chez
Daquin qui, du moins, entre en communion chaleureuse avec les humbles et les travailleurs
obscurs (Les Frères Bouquinquant, Le Point du jour); et Clouzot, avec Le Salaire de la peur ou
Les Diaboliques, va se complaire dans une sombre violence.
On trouve encore de la délicatesse
dans un film de René Wheeler, Premières Armes; mais Jacques Becker demeure presque seul à
maintenir une certaine qualité de réalisme nuancé, en particulier dans Casque d'or, dont la
beauté plastique évoque la peinture de Toulouse-Lautrec.
LA QUÊTE DE L'IMAGINAIRE
Dès les débuts du septième art, Méliès, Émile Cohl ouvraient la voie à la fantaisie et à la
féerie.
Par la suite, l'avant-garde du cinéma muet cultive l'abstraction et surtout le délire
antilogique; beaucoup de ses essais ont vieilli, même parmi les meilleurs (L'Étoile de mer, de
Man Ray, Le Ballet mécanique, de Fernand Léger, La Chute de la Maison Usher, de Jean
Epstein); mais Un Chien andalou et L' Age d'or, de Bunuel et Dali, demeurent, ainsi que Le
Brasier ardent, de l'émigré russe Ivan Mosjoukine.
Si le réalisme domine dans les premières
années du cinéma parlant, c'est par l'exploration du mystère que débuta Cocteau, en 193o,
avec Le Sang d'un poète; il récusera plus tard les procédés en usage, flou, surimpression,
ralenti, montage accéléré, pour présenter des « documentaires réalistes d'événements irréels ».
Les films d'évasion ou de dépaysement produits dans les années 1940-1945 suggèrent
volontiers une présence démoniaque, enclose dans un paysage ou dans un personnage : cette
inspiration triomphe dans Les Visiteurs du soir, dont la lenteur et le hiératisme un peu figés
imposent, dans un cadre médiéval, le sentiment d'une réalité intemporelle.
Plus tard, Carné
s'efforce de créer un climat onirique dans Juliette ou la clef des songes.
Cependant se
développe, annoncée dès 193o par Bunuel, puis par L'Atalante de Vigo, une nouvelle tendance,
qui consiste à dilater l'insolite quotidien jusqu'au fantastique et à réaliser, selon la formule
d'Edgar Morin, « l'unité dialectique du réel et de l'irréel » : toute l'oeuvre de Franju, des «
documentaires » à Thérèse Desqueyroux, en sera la meilleure illustration.
ABEL GANCE (né en 1889).
Abel Gance est sans doute le seul cinéaste français qui ait eu la tête épique.
Il a assimilé les leçons de l'Américain
Griffith et illustré par son oeuvre sa prophétique déclaration : « Le temps de l'image est venu.
» Grand rêveur hanté
de symboles qui s'expriment sous une forme ample et tumultueuse, il compose de puissantes symphonies visuelles.
L'évocation des morts de la Grande Guerre, dans j'accuse (1918), l'accélération du rythme dans la séquence du train
fou de La Roue (1923), la chevauchée de Bonaparte sur le triple écran de Napoléon (1927), puis, après une longue
éclipse, les frénésies maîtrisées d' Austerlitz (1960), de Cyrano et d' Artagnan (1965), font oublier le mauvais goût,
l'emphase, la mégalomanie du chroniqueur de Beethoven.
Gance se complaît dans la démesure.
Il est pourtant
capable d'assouplir son inspiration et ne manque ni de verve truculente (La Tour de Nesle), ni de tendresse (Paradis
perdu).
RENÉ CLAIR (né en 1898)
René Clair a hérité des grâces du X VIIIe siècle, du vaudeville, du burlesque de Mack Sennett, de la commedia
dell'arte.
La plupart de ses films sont des comédies-ballets minutieusement réglées, animées par de charmants
fantoches ou par de doux rêveurs : Entr'acte (1924), Un Chapeau de paille d'Italie (1927), Le Million (1931), A nous
la liberté (1932), La Belle Ensorceleuse (1940), réalisé en Amérique, Le Silence est d'or (1947), Les Belles de nuit
(1952) sont les moments principaux de sa chorégraphie cocasse et tendre.
D'une façon générale, René Clair
s'éloigne de la réalité pour créer un univers désincarné.
Il témoigne pourtant d'un sens averti de la satire légère, qui
s'exerce par petites touches sur la société française et aussi (dans Fantôme à vendre, 1935) sur la société
américaine.
Une sensibilité pudique, parfois meurtrie, transparaît aussi, en brèves lueurs, notamment dans Sous les
toits de Paris (1930), dans Quatorze Juillet (1933), avant de se manifester de façon plus diluée dans Les Grandes
Manœuvres (1955), Porte des Lilas (1957) ou les Fêtes galantes (1965).
Avec sa fantaisie, son humour, sa.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Vous avez rencontré de multiples personnages dans l'univers romanesque théâtral ou cinématographique. Jouent-ils un rôle important dans votre gout pour la fiction? Pour vous attirer, un personnage doit-il avoir toutes les caractéristiques d'une personne ?
- Racine: Un univers de la cruauté
- François MAYNARD (1582-1646) - Il n'est homme en l'Univers ...
- Nicolas GILBERT (1750-1780) - L'univers est un temple...
- Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Dieu) - L'univers, c'est un livre...