Mais on ne choisit pas sa vocation, on la réussit ou on la rate, c'est tout. Quelle image du héros moderne est ici proposée? Correspond -t-elle à votre représentation de ce que doit être un héros ?
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Sujet : Mais on ne choisit pas sa vocation, on la réussit ou on la rate, c'est tout.
Quelle image du héros moderne
est ici proposée? Correspond-elle à votre représentation de ce que doit être un héros ?
La formule : « mais on ne choisit pas sa vocation, on la réussit ou on la rate, c'est tout » affirme que l'on
ne choisit pas son destin, qu'on le subit, de la sorte sa finalité est indépendante de notre volonté et affronte la
fatalité.
Aussi faut-il supposer que le héros lui-même ne choisit pas son statut, mais qu'il devient héros malgré lui.
Ainsi, il est légitime de se demander si le héros maîtrise parfois le déroulement de sa vie et dans quelles
circonstances ou encore si les événements prennent toujours l'ascendant sur l'existence.
Cette représentation
moderne ne nous pousse-t-elle pas à considérer le personnage du point de vue de l'aboutissement de sa quête et
non en fonction de sa naissance ? Cette distinction n'oblige-t-elle pas à percevoir derrière le héros moderne son
antithèse : l'antihéros, un personnage qui acquiert sa position héroïque au rythme de ses aventures ?
I/Origines :
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Le héros, demi-dieu au sens mythologique, est longtemps resté le personnage fondamental de la tragédie puis
du roman.
Beauté, jeunesse, intelligence et force physique, sont autant d'atouts qui font de cet être fictif, l'être
parfait.
Mais ce héros admirable et courageux qui peuple les romans de la Table ronde et les contes de fées
(entres autres) connaît très tôt un déclin.
C'est dans un climat de doute sur le sens de la vie que va naître son
double opposé : l'antihéros.
La complexité et les hésitations qu'éprouve l'antihéros vont rapidement susciter
l'intérêt de l'écrivain et de son lecteur.
Pourquoi ? Sans doute parce que ce personnage est à la recherche de
sens et réponse à l'inverse du héros antique (à qui tout est donné dès la naissance), sans doute parce que sa
vie semble à certains moments lui échapper ou tout simplement parce qu'il nous ressemble ! De ce fait à l'époque
moderne deux représentations du héros se dessinent : celle d'un être de fiction qui réussit ce qu'il entreprend,
puis celle d'un homme qui tente malgré les échecs d'aller jusqu'au bout de sa quête, de lutter contre la fatalité,
sans pour autant se considérer comme un héros.
La figure de l'antihéros est très tôt présente.
Notamment au début du XVIIe siècle avec la création du Don
Quichotte de Cervantès.
Ce personnage au sang bleu est féru d'épopées chevaleresques.
Il décide de devenir à
son tour un chevalier solitaire, errant dans toute l'Espagne, pour combattre le mal et protéger les opprimés.
Mais
comme le souhaite la tradition, Don Quichotte se bat contre des moulins à vent.
Il n'est qu'un rêveur idéaliste,
un fou dont tout le monde se moque.
S'il apparaît aux yeux du plus grand nombre comme un personnage en
marge, il suscite un véritable intérêt parce qu'il demeure invariablement fidèle à ses convictions.
Une qualité que
beaucoup peuvent lui envier.
Peut-être est-ce à cet endroit précis que se situe l'évolution de l'image du héros
qui choisit en somme sa vocation en se moquant de la réussir ou de la rater.
II/Le problème du choix : subir sa vie ou l'affronter
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Le héros moderne (en tant que personnage central) est souvent miné par un doute sur l'importance du monde
dans lequel il doit se battre pour survivre, mais il ne propose aucune solution au problème qu'il rencontre.
Nous
retrouvons cette représentation à travers le Procés de Kafka.
Son personnage subit son existence ce qui le
mènera à sa perte.
Faut-il y voir un message d'alerte ? Biographie et fiction constituent chez Kafka les deux
pôles d'une même réalité qui s'organisent autour de la notion de justice.
On peut percevoir que la conception de
l'existence chez l'auteur est celle d'un combat perdu d'avance.
Ceci s'explique à travers la double fonction de
ses personnages : victimes et fauteurs de troubles à la fois, le paradoxe de l'homme constitue sa propre perte.
C'est aussi ce que voulait exposer Flaubert dans l'Education Sentimentale avec Frédéric Moreau.
Physiquement il n'est pas mal fait, et assez narcissique il ne déteste pas se regarder dans les miroirs.
Mais pour
ce qui est de ses ambitions il est plutôt velléitaire, tout à tour écrivain, musicien, peintre, historien, il échoue en
tout.
Il ne dépasse guère le stade de ses intentions.
Flaubert résume son personnage d'une manière magistrale
en disant qu'il est l'homme de toutes les faiblesses.
C'est pourquoi ses aspects positifs rendent l'échec du
personnage d'autant plus touchant.
III/ La figure de l'antihéros : un moyen moderne pour humaniser l'image du héros
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Le Conte du Graal est avant tout l'histoire d'un jeune paysan ignorant et niais (le nice) qui acquiert
l'expérience et la maturité nécessaires pour devenir un chevalier.
Quelque fautif qu'il soit, le titre retenu par une
partie des éditeurs, Perceval, met l'accent sur cet itinéraire d'un personnage qui passe de la nature à la culture,
de la rusticité à la courtoisie, apprenant tantôt par ses exploits, tantôt par ses rencontres avec d'augustes
formateurs.
Le choix de l'antihéros est aussi un moyen de faire évoluer le roman, le personnage et le lecteur.
Peut-être même de le tenir en haleine tout au long du récit.
L'antihéros est donc loin de représenter les caractéristiques conventionnelles du personnage idéal.
Parfois
c'est un héros qui s'ignore.
À l'image de l'antihéros de Tolkien dans le Seigneur des anneaux, Frodon Sacquet est
un héros malgré lui.
L'écrivain crée un personnage capable de nous rappeler que rien n'est impossible, qu'il suffit
de le décider pour y parvenir (bien sur tout cela reste de la littérature) mais cela fonctionne ! Dans le roman,
Frodon gagne sa valeur de héros au cours du voyage qui le mène au cœur du Mordor, au pied de la montagne du
Destin.
Sa détermination et son courage prévaudront sur petitesse et sa fragilité.
L'œuvre de Tolkien est en ce
sens une œuvre initiatique..
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