Marc-Antoine DÉSAUGIERS (1772-1827) - Les plaisirs du dimanche
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Marc-Antoine DÉSAUGIERS (1772-1827) - Les plaisirs du dimanche Vive, vive le dimanche ! Vieil enfant du Carnaval De la gaieté la plus franche Ce beau jour donne le signal. Jeunes et vieux de leur demeure S'empressent de déloger, Et le même instant sonne l'heure De la messe et du berger. Vive, vive le dimanche ! Vieil enfant du Carnaval, De la gaieté la plus franche Ce beau jour donne le signal. Réunis en grande famille, Ce jour-là, nos bons lurons Vont chanceler à la Courtille Et tomber aux Porcherons. Vive, vive le dimanche ! Vieil enfant du Carnaval, De la gaieté la plus franche Ce beau jour donne le signal. Javotte, désertant la halle, Court étaler à Clichy Son déshabillé de percale Que la veille elle a blanchi. Vive, vive le dimanche ! Vieil enfant du Carnaval, De la gaieté la plus franche Ce beau jour donne le signal. L'ouvrier promène sa femme Du Bon-Coin au Soleil-d'Or, Du Soleil-d'Or au mélodrame, Où le couple heureux s'endort. Vive, vive le dimanche ! Vieil enfant du Carnaval, De la gaieté la plus franche Ce beau jour donne le signal. Le laquais, dédaignant sa veste, Se déguise en habit neuf ; Et l'homme de bien, plus modeste, Brosse son habit d'Elbeuf. Vive, vive le dimanche ! Vieil enfant du Carnaval, De la gaieté la plus franche Ce beau jour donne le signal. Le marchand, muni d'une assiette Et d'un petit vin nouveau, Pour déjeuner à la Muette, Porte une langue de veau. Vive, vive le dimanche ! Vieil enfant du Carnaval, De la gaieté la plus franche Ce beau jour donne le signal. A l'église on voit la grisette Prier Dieu dévotement, Pour que le beau temps lui permette D'aller trouver son amant. Vive, vive le dimanche ! Vieil enfant du Carnaval, De la gaieté la plus franche Ce beau jour donne le signal. Le commis au tendron qu'il aime Dépêche un billet galant ; Et l'écolier fait de son thème L'oreille d'un cerf-volant. Vive, vive le dimanche ! Vieil enfant du Carnaval, De la gaieté la plus franche Ce beau jour donne le signal. À chaque porte de la ville Le chagrin est consigné, Et le débiteur, plus tranquille, Ne craint pas d'être assigné. Vive, vive le dimanche ! Vieil enfant du Carnaval, De la gaieté la plus franche Ce beau jour donne le signal. Si quelquefois l'ennui conspire Contre un désordre aussi beau, Un refrain combat son empire, Et le vin est son tombeau. Vive, vive le dimanche ! Vieil enfant du Carnaval, De la gaieté la plus franche Ce beau jour donne le signal.
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