MARCEL PROUST: vie et oeuvre
Extrait du document
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MARCEL PROUST est le fils d'un médecin réputé.
Sa mère appartenait à la riche bourgeoisie israélite.
A neuf ans, il commence à souffrir
d'un asthme nerveux, qui affine sa sensibilité déjà excessive.
Après avoir été un brillant élève du lycée Condorcet, il commence des
études d e droit, qu'il abandonne, et des études de lettres, qu'il pousse jusqu'à la licence.
Il se passionne pour l'enseignement de
Bergson.
L'été, il fréquente les plages de la Manche, Cabourg, Trouville.
La fortune de ses parents lui permet de vivre en dilettante.
Il est
très répandu dans le monde.
On le voit chez la princesse Mathilde, chez la princesse de Polignac, chez Mme de Caillavet, chez Mme
Straus.
Ce jeune homme si snob a une vie intérieure très riche.
Il porte un très vif intérêt aux problèmes d'esthétique.
Il publie des essais et des
articles, songe à quelque ouvrage de plus longue haleine.
Après la mort de son père (1903) et celle de sa mère (1905), sa maladie
s'aggrave.
Il se cloître dans une chambre aux murs tapissés de liège, n'en sortant que rarement et tard la nuit, dormant le jour, travaillant
le reste du temps.
Il publie à compte d'auteur son premier roman, Du côté de chez Swann, en 1913.
L'oeuvre n'a de succès que dans un
milieu restreint.
La guerre survient, qui le bouleverse.
La gloire de Proust éclate en 1919, quand son roman, A l'ombre des jeunes filles en
fleurs, reçoit le prix Goncourt.
Il reprend alors contact avec le monde.
En septembre 1922, il est atteint d'un refroidissement.
Refusant de
se conformer aux prescriptions des médecins, il s'acharne au travail.
Il meurt le 18 novembre.
PRINCIPALES OEUVRES
Les Plaisirs et les jours (1896) : recueil de nouvelles, d'essais et de vers préfacé par Anatole France.
Jean Santeuil : ébauche de roman autobiographique composée entre 1896 et 1904, publiée en 1952.
A la recherche du temps perdu (1913-1927).
I.
Du côté de chez Swann (1913).
L'auteur évoque son enfance à Combray (Illiers).
Il interrompt ce récit pour raconter Un amour de
Swann.
Swann est un voisin et un ami de ses parents.
La fille de Swann, Gilberte, après avoir été pour le narrateur une compagne de jeux,
deviendra l'objet de son premier amour.
II.
A l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919).
Séjours sur la plage de Balbec (Cabourg).
Rencontre d'Albertine.
III.
Le Côté de Guermantes (1920-1921).
Admiration.
passionnée du narrateur pour la jeune duchesse de Guermantes.
Maladie et mort
de sa grand-mère.
Début de sa liaison avec Albertine.
Il réussit enfin à se faire recevoir chez les Guermantes.
IV.
Sodome et Gomorrhe (1922).
Le narrateur entre en relations avec un personnage à la fois attirant et repoussant, le baron de Charlus.
Il fréquente le salon bourgeois des Verdurin.
Sa jalousie s'éveille à l'égard d'Albertine.
V.
La Prisonnière (1923).
Faisant passer Albertine pour sa fiancée, Marcel la séquestre chez lui.
VI.
Albertine disparue ou La Fugitive (1925).
Albertine s'enfuit.
Elle meurt accidentellement en Touraine.
Gilberte Swann épouse Robert de
Saint-Loup.
VII.
Le Temps retrouvé (1927).
Après plusieurs années passées en province, l'auteur revient.
Bien des changements se sont produits :
Charlus n'est plus qu'une loque humaine, Madame Verdurin est devenue, par un second mariage, princesse de Guermantes.
Marcel
découvre comment l'art peut, à l'aide de la mémoire, s'affranchir de l'ordre du temps et faire revivre le passé.
SA CONCEPTION DU TEMPS
Marcel Proust constate avec angoisse la fuite du temps et les destructions qu'elle entraîne.
Pour retrouver le « temps perdu », il fait appel
aux ressources de la mémoire, non pas la mémoire habituelle, qui est utilitaire et logique, mais la mémoire profonde, qui est
involontaire.
Il arrive en effet que des circonstances fortuites fassent brusquement surgir en nous, par un mécanisme dont nous ne
sommes pas les maîtres, tout un fragment de notre vie antérieure.
Un effort vigoureux peut mettre en pleine lumière ce monde
jusqu'alors dissimulé dans l'ombre de notre inconscient.
Proust en fit l'expérience, le jour où ayant accepté contre son habitude que sa
mère lui servît du thé, il y mit à tremper un morceau de madeleine.
Il avait froid, il était « accablé par la morne journée ».
A peine eut-il
porté la madeleine à sa bouche, qu'il fut envahi d'une joie' puissante.
Ne comprenant pas la cause de cette joie, mais devinant qu'elle
était infiniment supérieure à la circonstance, il chercha en lui et retrouva par la magie de ce goût qu'il avait jadis connu, des souvenirs'
depuis longtemps effacés.
Dans les reconstitutions de cette sorte, la sensibilité joue un plus grand rôle que l'intelligence.
Elle ressuscite le
passé sans tenir compte du temps vrai, des proportions exactes.
Elle amplifie considérablement tel petit fait, elle néglige
systématiquement d'autres faits, parce qu'elle suit le rythme capricieux des émotions, « les intermittences du coeur ».
Ainsi prend une vie
nouvelle et durable ce qui n.'avait été que fugitif.
C'est pourquoi Proust a pu écrire que la « réalité n'existe pas pour nous, tant qu'elle n'a
pas été recréée par notre pensée ».
SON UNIVERS
Ce sont d'abord des moments de sa propre durée que Proust reconstitue en laissant se grouper autour d'un détail privilégié la multitude
de ses impressions et de ses souvenirs.
Il retrouve l'enfant ou l'adolescent qu'il fut.
Il évoque avec une application minutieuse ses
attachements familiaux, ses préoccupations mondaines, ses tourments jaloux.
Sans sortir de lui-même, il dessine une image de la
société qu'il a fréquentée : salons de la noblesse et de la bourgeoisie, oisifs avec leurs passions et leurs vices, menant l'existence que
leur impose les traditions de leur classe, dans un monde qui commence à se défaire.
Il n'est dupe ni de la morgue aristocratique, ni de la
médiocrité bourgeoise.
Mais cette « comédie mondaine » l'a intéressé au plus haut point, s'est confondue avec sa propre vie, et par le
miracle de son génie, la peinture qu'il nous donne de cette société superficielle est une oeuvre profonde.
Son expérience le rend pessimiste.
Il constate l'incompréhension qui existe entre les êtres.
Il voit l'amour se perdre dans les souffrances
de la jalousie.
L'image du vice et de la déchéance qui en est la rançon l'épouvante.
Il ne trouve de compensation à tant de sujets
d'amertume que dans la pleine conscience qu'il prend d e lui-même, dans les plaisirs de l'intelligence et de l'art et surtout dans la
satisfaction orgueilleuse d'avoir réussi à vaincre le temps.
SES PROCÉDÉS DE NARRATION
Le roman, tel que le conçoit Proust, n'est pas constitué par un cadre rigoureux d'événements et d'aventures, dans lequel viendrait
s'insérer après coup la peinture des sentiments.
Il se déroule de façon capricieuse.
L'auteur se laisse porter et même égarer par son
sujet.
Il ne fait aucun effort pour imposer à la réalité vécue un ordre, une clarté qui ne manqueraient pas de la dénaturer.
Sa phrase est
complexe, tortueuse, tâtonnante.
Elle cherche à saisir le réel dans tous ses aspects, elle en fait le tour, elle l'approfondit peu à peu.
L'oeuvre de Proust a surpris et presque déconcerté ses premiers lecteurs.
Mais elle a grandement contribué à former le goût de la
génération suivante..
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