Marguerite de VALOIS, dite la reine MARGOT (1553-1615) - Stances amoureuses de la Reine de Navarre
Extrait du document
«
Marguerite de VALOIS, dite la reine MARGOT (1553-1615) - Stances amoureuses de la Reine de Navarre
(extraits)
Introduction :
Marguerite de Valois reprend ici une forme particulière, celle des stances, terme désignant un poème formé
d'une série de strophes d'inspiration grave qui témoignent souvent d'une méditation personnelle.
Ce poème de la reine
Margot a été composé pour son amant, Champvallon.
Projet de lecture : Comment ce poème se présentant comme un épanchement lyrique se révèle être un texte
argumentatif ?
I)
Une plainte lyrique
1)
Une expression personnelle
Marguerite de Valois exprime ses sentiments intimes dans ce poème adressé à l’être aimé.
Le registre lyrique est
marqué par la situation d’énonciation particulière : le poème prend la forme d’une lettre dans laquelle Marguerite de
Valois s’exprimant à la première personne du singulier, s’adresse à son amant, désigné par la deuxième personne
(« tu », « toi » dans les deux dernières strophes).
La poétesse insiste sur le caractère personnel et intime de son
expression en plaçant en début de vers et en répétant de façon anaphorique le pronom personnel de la première
personne du singulier ( dans première strophe- « j’ai »- et dans la dernière, - « je »)
2)
La douleur d’une amante
C’est l’expression de sa douleur amoureuse qu’exprime dans ce poème Marguerite de Valois.
La forme poétique sert une
plainte de l’amante éplorée.
Cette plainte est véhiculée par la présence très marquée de l’isotopie du chagrin
amoureux : « tristesse…détresse…sanglots…pleurs…cris » .
La puissance de cette douleur est soulignée par un emploi
constant de l’hyperbole associés aux motifs du chagrin amoureux :
Un univers de maux, mille feux de détresse,
Un Etna de sanglots et une mer de pleurs.
J'ai mille jours d'ennuis, mille nuits de disgrâce,
à étudier ici la référence à des éléments naturels suggérant l’immensité (univers…Etna – la référence à ce volcan
suggérant la grandeur mais aussi la puissance de cette douleur – et mer) ainsi que la répétition de l’adjectif numéral
« mille ».
Cette expression hyperbolique trouve son paroxysme dans la métaphore de la douleur amoureuse vécue
comme un orage violent :
Les clairs éclairs d'Amour, les éclats de sa foudre,
Entrefendent mes nuits et m'écrasent en poudre :
Quand j'entonne mes cris, lors j'étonne les cieux.
à l’amour est vécu comme un orage, entre angoisse et violence ; il est une menace de mort pour l’amante.
Etudier plus
précisément le dernier vers cité : la parenté sonore entre les verbes « entonne » et « étonne » crée un effet d’écho et
présente comme logique la succession des deux proposition.
Les « cris » désignent ici ceux de l’amoureuse déçue.
Le
verbe « étonne » peut ici être pris dans son sens fort – frapper du tonnerre – et permet de poursuivre ainsi la
métaphore orageuse en montrant les plaintes de la femme comme si puissantes qu’elles frappent du tonnerre les cieuxmêmes.
3)
Des métaphores traditionnellement associées à la lyrique amoureuse
Marguerite de Valois utilise dans ce poème certaines métaphores et comparaisons traditionnellement associées
à la lyrique amoureuse du XVIe siècle, héritière de la poésie pétrarquiste.
Ainsi une métaphore à tendance pétrarquiste
se retrouve tout au long du poème : la métaphore du feu amoureux.
L’amour est présenté comme un « feu » qui
embrase l’amante.
Ce feu est d’abord celui du désir amoureux présenté comme un « coup de foudre » : « Les clairs
éclairs d'Amour, les éclats de sa foudre »- la majuscule indiquant ici qu’il s’agit du Dieu Amour provoquant le coup de
foudre de ses flèches ; « Flamme de mon esprit et chaleur de ma flamme ».
Mais le feu représente aussi la douleur
lorsque ce désir est éconduit : « mille feux de détresse ».
(Etudier aussi comme variation de la métaphore du « feu »
amoureux, la métaphore de l’amour comme lumière – v7 et 8)
Dans la première strophe du poème, Marguerite Valois fait référence à un cliché de la poésie amoureuse pétrarquiste à
travers la métaphore des saisons représentant les cycles de l’amour :
Un printemps d'espérance et un hiver de glace ;
De soupirs un automne, un été de chaleurs
à les quatre saisons sont évoquées ici à travers une construction chiasmique, le printemps et l’été représentant le
bonheur amoureux ( associé à la renaissance de la natureà la métaphore est ici motivée par un mimétisme avec le
cycle des saisons) et l’automne comme l’hiver symbolisant l’amour déçu..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Marguerite de NAVARRE (1492-1549) - Pensées de la reine de Navarre
- Hugues SALEL (1504-1553) - De la main de Marguerite
- Marguerite de NAVARRE (1492-1549) - Vous m'aviez dit que vous m'aimiez bien fort
- Marguerite de NAVARRE (1492-1549) - Épître
- Marguerite de NAVARRE (1492-1549) - Les adieux