Maurice ROLLINAT (1846-1903) (Recueil : Les névroses) - Un bohème
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Maurice ROLLINAT (1846-1903) (Recueil : Les névroses) - Un bohème Toujours la longue faim me suit comme un recors ; La ruelle sinistre est mon seul habitacle ; Et depuis si longtemps que je traîne mes cors, J'accroche le malheur et je bute à l'obstacle. Paris m'étale en vain sa houle et ses décors : Je vais sourd à tout bruit, aveugle à tout spectacle ; Et mon âme croupit au fond de mon vieux corps Dont la pâle vermine a fait son réceptacle. Fantôme grelottant sous mes haillons pourris, Epave de l'épave et débris du débris, J'épouvante les chiens par mon aspect funeste ! Je suis hideux, moulu, racorni, déjeté ! Mais je ricane encore en songeant qu'il me reste Mon orgueil infini comme l'éternité.
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