Mérimée: vie et oeuvre
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MÉRIMÉE (1803-1870)
Né dans un milieu voltairien et artiste, PROSPER MÉRIMÉE fait, non sans dilettantisme, d e solides études littéraires.
Il fréquente le«
grenier » du peintre Delécluze, se lie d'amitié avec Stendhal et conquiert une réputation enviable d'écrivain à la mode par des ouvrages où
il s'amuse à mystifier ses lecteurs.
Il se vante d'avoir été pendant quelques années « un très grand vaurien ».
En 1830, il parcourt l'Espagne qui l'enchante.
A son retour, profitant du changement de régime, il commence une carrière dans la haute
administration.
Nommé en 1834 inspecteur général des m o n u m e n t s historiques, il voyage beaucoup et s'emploie à sauvegarder les
vestiges de notre passé national.
Il écrit des nouvelles, mais ce sont surtout ses travaux d'historien qui lui ouvrent en 1844 les portes de
l'Académie.
Il faut d'ailleurs voir e n lui non pas tellement un h o m m e d e lettres qu'un grand bourgeois essentiellement désireux de
conquérir les titres et les charges qui marquent la réussite sociale.
Il subit la révolution d e 1848 avec u n e résignation désolée.
Il se rallie à Napoléon I I I et s e laisse attirer à la cour par l'im pératrice
Eugénie, qu'il connaissait familièrement depuis plus de vingt ans.
Il pourrait devenir ministre.
Il accepte seulement un siège de sénateur.
Sa santé chancelante ne résiste pas au coup que lui porte l'effondrement de l'Empire.
Il meurt à Cannes le 23 septembre 1870.
PRINCIPALES OEUVRES
Théâtre de Clara Gazul (1825).
Ce titre englobe six pièces, soi-disant traduites de l'espagnol et précédées d'une notice racontant la vie de
la comédienne Clara Gazul, qui en serait l'auteur.
Cette comédienne est un personnage de pure invention.
La Guzla ou Choix de poésies illyriques (1827).
Cet ouvrage, paru sans nom d'auteur, est une nouvelle mystification de Mérimée.
C'est lui
qui %composé de toutes pièces les « ballades » qu'il donne comme traduites de l'illyrien.
Chronique du règne de Charles IX (1829) : roman historique.
Le Carrosse du Saint-Sacrement (1829) : comédie.
Le vice-roi du Pérou donne son carrosse à la Périchole, comédienne dont il est l'amant Cela provoque un grand scandale.
La Périchole se
tire habilement de cette situation en simulant une conversion soudaine et en faisant hommage du carrosse à l'église cathédrale de Lima,
pour transporter le Saint-Sacrement.
Mateo Falcone (1829) : nouvelle.
U n h o m m e a pris le maquis.
Il se réfugie chez Mateo Falcone.
Le fils de Mateo, un enfant d e d i x ans, alléché par l e s p r o m e s s e s d e s
soldats, dévoile la cachette du fugitif .
Appliquant dans toute sa rigueur la loi de l'honneur corse, Mateo exécute l'enfant.
L'Enlèvement de la redoute (1829).
Tamango (1829).
Le Vase étrusque (1830).
La Double Méprise (1833).
Les Ames du purgatoire
(1834).
La première de ces nouvelles raconte un épisode de la bataille de la Moskowa et la seconde une révolte d'esclaves.
Le Vase étrusque et
La Double Méprise ont pour sujet des drames sentimentaux et pour cadre les milieux mondains familiers à l'auteur.
Dans Les Ames du
purgatoire, Mérimée retrace à sa manière la légende de don Juan.
La Vénus d'Ille (1837) : nouvelle.
Alphonse de Peyrehorade, le matin de son mariage, a passé son anneau nuptial au doigt d'une Vénus en bronze, récemment exhumée
par son père, amateur d'antiquités.
La nuit suivante, il est assassiné mystérieusement.
Tous les indices recueillis aboutissent à cette
hypothèse pourtant absurde d'un crime commis par la statue.
Carmen (1845) :
Un honnête garçon originaire de Navarre, don José, brigadier de dragons à Séville, s'éprend de la gitane Carmen, belle, mais vulgaire et
dépravée.
Elle fait de lui un déserteur, puis un voleur et un meurtrier.
Il ne peut supporter ses trahisons et finalement il la tue.
Analyse
Les qualités les plus apparentes de Mérimée sont d'ordre intellectuel.
Il s'intéresse à tout : l'archéologie, l'histoire grecque et romaine,
l'Espagne contemporaine, celle du moyen-âge, les usages et la langue des gitans, la littérature et la civilisation russes.
Il a le goût du
détail précis.
Il déteste la sottise, l'inconsistance d e la pensée.
Il se documente par des enquêtes personnelles, d e s voyages, des
lectures.
Il n'avance rien dont il ne soit sûr.
Sa devise était : « Souviens-toi de te méfier.
» Elle traduit non seulement ses scrupules de
savant, mais la fierté de son caractère.
Ayant vécu dans un milieu d'esprits libres et de dandies, il se surveille attentivement, pour ne
donner aucun signe de faiblesse ou de vulgarité.
Il s'efforce de ne jamais être dupe, de ne jamais céder à des mouvements inconsidérés
de sensibilité.
Il affecte même le cynisme.
Beaucoup l'ont jugé sec et froid.
Certains, Victor Hugo par exemple, l'ont franchement méprisé.
La lecture de sa correspondance, seize volumes de lettres alertes, amusantes, souvent narquoises, parfois émues, permet de le mieux
connaître.
Sous ses
dehors désinvoltes, il cache une sensibilité très vive.
On est surpris de la force de sa passion pour Mme Delessert, si grand qu'ait pu être
le charme d e cette f e m m e distinguée.
Lorsqu'elle cesse de l'aimer, aux environs d e 1848, il tombe dans un tel découragement que
pendant près de vingt ans son inspiration de conteur s'en trouve tarie.
Il pratique l'amitié avec une sorte de fidélité chevaleresque.
Son
attachement au régime impérial est fondée en partie sur sa tendresse admirative pour l'impératrice.
Le f o n d d e s o n caractère apparaît
dans des réflexions comme celle-ci : « A mon avis, il vaut mieux aimer trop que pas assez.
»
Bien qu'il ait écrit des oeuvres d e toute sorte (pièces d e théâtre, essais historiques et littéraires, études archéologiques), il est resté
célèbre surtout par ses nouvelles.
L'intrigue en est le plus souvent ramassée, réduite aux proportions d'un fait divers (Mateo Falcone, La
Vénus d'Ille, Colomba).
Mais quelquefois, il fait entrer dans le cadre étroit d'une nouvelle l'essentiel d'une destinée (Les Ames du
purgatoire, Carmen).
Le récit est conduit avec une apparence d'insensibilité, une affectation de sécheresse qui permettent d'exclure tout
pathétique vulgaire et de peindre uniquement du dehors les sentiments des personnages.
Cette brièveté dépouillée s'accorde avec le goût
de Mérimée pour la précision, son horreur des effusions verbeuses; Il constate et il raconte.
Classique par la forme d e s o n art, il reste romantique par s a prédilection.
pour les individualités fortes, les passions violentes, les «
histoires de crimes bien noires et bien belles ».
Il s'amuse à faire peur.
Ses contes fantastiques, surtout La Vénus d'Ille, sont des chefsd'oeuvre du genre.
Pour en atténuer l'invraisemblance, il endort l'esprit critique de son lecteur par l'extrême sérieux et la froideur de sa
narration et surtout par le soin qu'il prend de se tenir toujours près du réel.
« Lorsqu'on raconte quelque chose de surnaturel, dit-il, on ne
saurait trop multiplier les détails de réalité matérielle »..
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