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Musluh al-Din Saadi

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Musluh al-Din Saadi vers 1200-1291 Musluh al-Din — connu sous son nom de plume, Saadi (Sa'di) qu'il prit en l'honneur du protecteur de son père : le prince de Chiraz, Saad ben Zengui — naquit en cette ville, au cours des dernières années du XIIe siècle. Pour sa naissance, comme pour son décès, on hésite entre plusieurs dates. A Chiraz régnait alors la dynastie des Salghoris. Après y avoir passé sa jeunesse, Saadi continua ses études à l'Université de Bagdad : il s'y pénétra de mysticisme et inaugura la série de ses voyages par un pèlerinage à La Mecque où il devait retourner plusieurs fois. En maint passage de ses œuvres, il fait de claires allusions à sa vie errante : si l'on tend à mettre en doute certains épisodes de ces voyages (notamment dans l'Inde), il visita ce pays, l'Asie centrale et occidentale, l'Égypte, l'Abyssinie et peut-être une partie de l'Afrique du Nord. L'itinéraire de ses voyages reste conjectural. En son ensemble, sa vie, comme son œuvre, donne une impression d'harmonie malgré les épreuves qui la traversent. Elle se partage en trois périodes, chacune d'une trentaine d'années : enfance et années d'études, voyages, retour au pays natal et longue vieillesse. Vers le milieu du XIIIe siècle, le poète regagna Chiraz, riche de l'expérience et du savoir acquis en diverses régions. La même dynastie régnait à Chiraz, payant tribut au grand Khan des Mongols qui se préparait à détruire le califat de Bagdad en 1258. Le prince de Chiraz, se déclarant vassal du sultan mongol de Perse, réussit à se maintenir dans ses domaines, protégea savants et littérateurs. Saadi écrivit une série de poèmes en l'honneur de ce prince, puis des sultans mongols et de leurs ministres. Puisant au trésor de récits, d'anecdotes et de réflexions qu'il avait amassé durant ses voyages, il se rendit promptement célèbre par ses deux recueils : le Boustân (1257) et le Golestân (1258). Sa tombe, qui subsiste aux lieux où il termina sa vie, presque centenaire, devint un objet de pèlerinage.

« Musluh al-Din Saadi vers 1200-1291 Musluh al-Din — connu sous son nom de plume, Saadi (Sa'di) qu'il prit en l'honneur du protecteur de son père : le prince de Chiraz, Saad ben Zengui — naquit en cette ville, au cours des dernières années du XIIe siècle.

Pour sa naissance, comme pour son décès, on hésite entre plusieurs dates.

A Chiraz régnait alors la dynastie des Salghoris.

Après y avoir passé sa jeunesse, Saadi continua ses études à l'Université de Bagdad : il s'y pénétra de mysticisme et inaugura la série de ses voyages par un pèlerinage à La Mecque où il devait retourner plusieurs fois.

En maint passage de ses œuvres, il fait de claires allusions à sa vie errante : si l'on tend à mettre en doute certains épisodes de ces voyages (notamment dans l'Inde), il visita ce pays, l'Asie centrale et occidentale, l'Égypte, l'Abyssinie et peut-être une partie de l'Afrique du Nord. L'itinéraire de ses voyages reste conjectural.

En son ensemble, sa vie, comme son œuvre, donne une impression d'harmonie malgré les épreuves qui la traversent.

Elle se partage en trois périodes, chacune d'une trentaine d'années : enfance et années d'études, voyages, retour au pays natal et longue vieillesse.

Vers le milieu du XIIIe siècle, le poète regagna Chiraz, riche de l'expérience et du savoir acquis en diverses régions.

La même dynastie régnait à Chiraz, payant tribut au grand Khan des Mongols qui se préparait à détruire le califat de Bagdad en 1258.

Le prince de Chiraz, se déclarant vassal du sultan mongol de Perse, réussit à se maintenir dans ses domaines, protégea savants et littérateurs.

Saadi écrivit une série de poèmes en l'honneur de ce prince, puis des sultans mongols et de leurs ministres. Puisant au trésor de récits, d'anecdotes et de réflexions qu'il avait amassé durant ses voyages, il se rendit promptement célèbre par ses deux recueils : le Boustân (1257) et le Golestân (1258).

Sa tombe, qui subsiste aux lieux où il termina sa vie, presque centenaire, devint un objet de pèlerinage. L'œuvre de Saadi comprend une demi-douzaine d'opuscule en prose, douze recueils de poésie ; le Boustân ; le Golestân. Les opuscules sont des dissertations : exhortations à quitter les vanités de ce bas-monde, supériorité de la raison sur le sentiment, conseils adressés aux princes, tels en sont les principaux sujets.

Le poète y donne libre cours à son goût pour les réflexions morales ; il présente ses conseils et ses fines observations sur un ton de grâce souriante et de simplicité qui l'apparente à saint François de Sales ; de plus, ce faisant, il porte à leur perfection les développements moraux que l'on note à toute époque dans la littérature persane, car ils répondent à l'une des tendances maîtresses de l'esprit iranien.

Saadi cède volontiers à cette inspiration morale dans ses poésies de caractère officiel — odes solennelles (qacîda), panégyriques, élégies funèbres — ce qui ne laisse pas d'en alourdir parfois l'allure. Supérieurs à celles-ci sont les quatre recueils de petites odes (ghazal) où il se laisse aller plus librement à son inspiration, célébrant la grandeur de Dieu chantant la nature, l'amitié, surtout l'amour et ses inquiétudes.

Bien qu'en ce dernier thème d'inspiration Hâfiz ait plus tard égalé — sinon surpassé — Saadi, les meilleurs juges parmi ses compatriotes n'hésitèrent point à reconnaître sa maîtrise.

C'est depuis Saadi que le ghazal, ayant réalisé sa forme parfaite, élimina peu à peu l'ode solennelle (qâcida). Le style de Saadi doit son harmonie et son élégance incomparables au sentiment de la mesure dont il semble avoir fait sa règle.

On peut résumer sa vie et son génie par la devise : "In medio virtus." Alors que d'autres écrivains (par exemple le poète Hrâqâni et l'historien Wassâf) se plaisaient au vocabulaire surchargé de mots arabes, turcs ou très rares, aux phrases interminables et touffues, Saadi revient au style net et limpide, se réduisant aux mots arabes qui n'ont pas leur équivalent persan. Ce style séduisant et souple ne se ressent nullement de l'érudition livresque de Saadi.

Cette érudition, révélée par les multiples anecdotes et allusions dont on ignore trop souvent la source, n'a diminué ni l'inspiration poétique de Saadi ni son aptitude à observer ce monde.

D'autre part, la souplesse de son style permet à Saadi de traduire expressivement ses sentiments et ses réflexions, et de figurer au premier rang des conteurs d'anecdotes.

S'il ne se refuse point à plaisanter, s'il est doué d'un vif sentiment de la nature qui soulève son enthousiasme, cependant sur son âme demeure l'ombre d'une mélancolie causée par la fuite inexorable des heures, par le spectacle des souffrances humaines.

Car il a longuement réfléchi sur la condition de l'homme ; et l'on trouve, éparses en son œuvre, maintes considérations relatives aux rapports de l'homme avec son prochain, aux qualités de l'honnête homme, aux vertus de celui qui se voue à Dieu. Il prêche avant tout la modération qui, appliquée aux désirs, crée l'indépendance.

Il attache grande importance à l'éducation qu'il fonde sur la douceur et l'indulgence, mais seulement à l'égard de ceux qui les méritent, car "faire du bien aux méchants, c'est le même que faire du mal aux bons".

En politique, il veut un roi dont les devoirs envers ses sujets, l'État et ses ennemis, le Créateur sont nombreux et divers : de tous ses conseils se dégage un petit manuel dont l'idée maîtresse est le maintien de l'ordre dans les affaires humaines. D'une autre série de textes on tire une morale des honnêtes gens, semblable à celle d'Horace.

C'est ainsi que, plus que tout autre poète de l'Islam, il s'apparente à nos moralistes — d'où son succès en Occident.

Parmi les qualités de l'homme, Saadi estime surtout le courage moral et la bonté — non seulement cette bonté qui se formule en cette sentence évangélique : "Le mal que tu n'approuves point pour toimême, ne le fais à personne", mais encore cette bonté suprême qui s'applique à soulager toutes les misères sous l'influence d'un rayonnement que Dieu met en l'âme de l'homme. Cette perfection morale n'est donc accessible qu'avec l'aide de Dieu : c'est-à-dire que la morale de Saadi conduit directement au mysticisme.

Sur ce point encore, il garde la mesure : s'il exhorte à vivre en Dieu, il n'accepte pas que l'homme s'anéantisse en son Créateur ; il rejette l'ascétisme et ne voit en la mystique qu'un puissant et sincère moyen de perfectionnement.

La piété doit se manifester surtout par des actes ; et l'anecdote suivante, empruntée au Golestân, précise la pensée de Saadi : "Un honnête homme quitta le couvent pour le collège, et rompit avec les mystiques.

Je lui demandai pourquoi il préférait le savant au cénobite.

Il répondit : Le mystique ne fait que sauver des flots son propre tapis de prière ; mais le savant s'efforce de sauver celui qui se noie." Saadi doit surtout au Golestân sa célébrité.

Ce petit livre, en prose mêlée de vers, traduit en tant de langues, est comme l'abrégé du Boustân allégé de ses développements mystiques : il montre, souvent sur un ton plaisant, comment les hommes se comportent les uns envers les autres ; la morale, assez analogue à celle de La Fontaine, y dérive de l'anecdote.

Au contraire, dans le Boustân, l'anecdote sert à illustrer les méditations du poète qui s'applique à définir les vertus nécessaires à l'homme, ses devoirs envers Dieu et son prochain. Sans doute, le Golestân est de lecture plus facile ; mais le Boustân exprime au mieux la quintessence du génie moral et poétique de Saadi, son goût inné de la mesure et son esprit de charité.. »

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