Nérée BEAUCHEMIN (1850-1931) (Recueil : Patrie intime) - Ma lointaine aïeule
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Nérée BEAUCHEMIN (1850-1931) (Recueil : Patrie intime) - Ma lointaine aïeule Par un temps de demoiselle, Sur la frêle caravelle, Mon aïeule maternelle, Pour l'autre côté de l'Eau, Prit la mer à Saint-Malo. Son chapelet dans sa poche, Quelques sous dans la sacoche, Elle arrivait, par le coche, Sans parure et sans bijou, D'un petit bourg de l'Anjou. Devant l'autel de la Vierge, Ayant fait brûler le cierge Que la Chandeleur asperge, Sans que le coeur lui manquât, La terrienne s'embarqua. Femme de par Dieu voulue, Par le Roy première élue, Au couchant, elle salue Ce lointain mystérieux, Qui n'est plus terre ni cieux. Et tandis que son oeil plonge Dans l'azur vague, elle songe Au bon ami de Saintonge, Qui, depuis un siècle, attend La blonde qu'il aime tant. De la patrie angevine, Où la menthe et l'aubépine Embaument val et colline, La promise emporte un brin De l'amoureux romarin. Par un temps de demoiselle, Un matin dans la chapelle, Sous le poêle de dentelle, Au balustre des époux, On vit le couple à genoux. Depuis cent et cent années, Sur la tige des lignées, Aux branches nouvelles nées, Fleurit, comme au premier jour, Fleur de France, fleur d'amour. Ô mon coeur, jamais n'oublie Le cher lien qui te lie, Par-dessus la mer jolie, Aux bons pays, aux doux lieux, D'où sont venus les Aïeux.
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