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Nérée BEAUCHEMIN (1850-1931) (Recueil : Patrie intime) - Roses d'automne

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Nérée BEAUCHEMIN (1850-1931) (Recueil : Patrie intime) - Roses d'automne Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore, Comme par un prodige inouï du soleil, Avec plus de langueur et plus de charme encore, Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil. Dans sa corbeille d'or, août cueillit les dernières : Les pétales de pourpre ont jonché le gazon. Mais voici que, soudain, les touffes printanières Embaument les matins de l'arrière-saison. Les bosquets sont ravis, le ciel même s'étonne De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir, Malgré le vent, la pluie et le givre d'automne, Les boutons, tout gonflés d'un sang rouge, fleurir. En ces fleurs que le soir mélancolique étale, C'est l'âme des printemps fanés qui, pour un jour, Remonte, et de corolle en corolle s'exhale, Comme soupirs de rêve et sourires d'amour. Tardives floraisons du jardin qui décline, Vous avez la douceur exquise et le parfum Des anciens souvenirs, si doux, malgré l'épine De l'illusion morte et du bonheur défunt.

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