NERVAL: poète, romancier et critique
Extrait du document
«
L'ILLUMINÉ
Il a été, dès sa jeunesse, anormalement sensible au charme du rêve.
Mais c'est à partir de sa passion malheureuse
pour Jenny Colon que commence vraiment pour lui « l'épanchement du songe dans la vie réelle ».
Dès lors, il cherche
partout des signes de l'au-delà, dans sa propre imagination, dans les cultes ésotériques, dans les légendes
orientales, dans un catholicisme librement interprété.
Par moments, il se croit tout près d'atteindre l'inconnaissable.
Il est persuadé d'avoir traversé d'autres existences dont il se souvient vaguement.
Ame généreuse, il n'impute pas à
autrui ses échecs ou ses malheurs.
Il se juge lui-même coupable et il éprouve un besoin de rachat.
Il a confiance
dans l'intercession d'êtres quasi angéliques en qui se confondent l'image de sa mère, des femmes qu'il a aimées, de
la Vierge Marie.
Ses hallucinations n'ont rien d'artificiel.
Elles ne doivent rien à.
l'alcool, ni aux stupéfiants.
D'une sincérité totale, il
est probablement le seul poète que le rêve, sous sa forme la plus pure, ait conduit jusqu'à l'aliénation.
LE POÈTE
Poète du réel, il se rattache au genre intimiste par ses vers de jeunesse.
Chez lui, la simplicité naïve n'exclut
jamais la grâce, ne devient jamais prosaïque.
Il possède une qualité qui manque à.
un autre poète intimiste, Sainte
Beuve : la sûreté du goût.
Sa prose, particulièrement dans Sylvie, est empreinte du même charme poétique.
Conteur
ingénu aux sensations fraîches, artiste délicat dont le dessin n'est jamais trop appuyé, musicien subtil du langage,
Nerval enveloppe les êtres et les choses dans une atmosphère d'enchantement.
Poète de l'irréel, il joue avec le secret de ses sentiments et de ses souvenirs, les allusions comprises de lui seul, le
mystère des symboles, le charme évocateur des mots.
Malgré l'ingéniosité des commentateurs, les sonnets des
Chimères posent encore bien des énigmes.
Mais on devine aisément que le poète a enfermé dans ces vers sibyllins la
substance la plus précieuse de sa pensée et de ses rêves et ce trésor, qu'il nous fait seulement entrevoir, nous
inspire une curiosité admirative et passionnée.
LE PRÉCURSEUR
Nerval a été longtemps considéré comme un écrivain le de second ordre.
Pourtant « il n'est pas de romantique chez
qui nous puissions trouver une âme plus fraternelle » (Gilbert Ronger).
Il n'en est pas non plus dont l'oeuvre ait eu
d'aussi lointaines résonances.
Sa conviction que le rêve est une autre vie, son aptitude à déceler l'inconnaissable à
travers le réel, son goût pour le langage hermétique et les symboles font de lui un précurseur du symbolisme et du
surréalisme.
Lorsque Rimbaud, s'efforce par un « long, immense et déraisonné dérèglement de tous les sens »
d'atteindre une réalité inaccessible aux esprits normaux, il renouvelle avec moins de simplicité, moins d'abandon,
l'expérience de Nerval.
Dans le sillage de Nerval « brille une éclatante lignée » : non seulement Rimbaud, mais
Mallarmé, Proust, Alain-Fournier, Apollinaire, Paul Éluard..
»
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