Oeuvres principales de NERVAL expliquées
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NERVAL (1808-1855)
GÉRARD DE NERVAL, de son vrai nom Gérard Labrunie, est le Pis d'un médecin des armées napoléoniennes.
Sa mère meurt au loin, en
Silésie, alors qu'il a deux ans.
Il est élevé par un grand-oncle, aubergiste à Mortefontaine.
Gérard gardera le souvenir d'une enfance
passée « dans une campagne isolée, au milieu des bois ».
Il fait ses études au collège Charlemagne, où il a comme condisciple
Théophile Gautier.
Il fréquente le Cénacle, participe à la bataille d'Hernani, entreprend des études de médecine qu'il abandonne en
1834, et, peu soucieux de faire carrière, il mène avec délices une vie de bohème.
En 1835, il s'éprend d'une jeune actrice, Jenny Colon, qui le délaisse pour se marier, et qui meurt en 1842.
Elle restera pour lui la
femme idéale, une des incarnations de son rêve.
Déjà son esprit exalté confond à tel point le réel et l'imaginaire, qu'en 1841 il doit être
soigné pour troubles mentaux.
Pendant toute l'année 1843, il fait un long voyage, dont les principales étapes sont l'Égypte, la Syrie, la
Turquie, Malte, Naples.
A partir de 1851, son état mental, s'aggrave.
Ses moments de lucidité sont coupés de longs séjours dans des maisons de santé.
Au
milieu de ce dérèglement d'esprit, il produit ses plus merveilleux chefs d'oeuvre : Sylvie, Les Chimères, Aurelia.
Dans les derniers
temps, il semble avoir mené une existence errante et misérable.
Le matin du 26 janvier 1855, on le découvre pendu dans une ruelle
sordide.
PRINCIPALES OEUVRES
Traduction de Faust (1828).
Voyage en Orient.
Publié par fragments de 1844 à 1850 et dans sa totalité en 1851.
A ses notes de voyage, à ses descriptions du réel, Nerval ajoute beaucoup de fantaisie.
Il s'interrompt pour conter longuement l'histoire
du calife Hakem, la légende de Balkis.
La Bohême galante : souvenirs de jeunesse publiés en 1852 dans L'Artiste et remaniés l'année suivante sous ce titre : Petits
châteaux de Bohême.
Les Filles du feu (1854).
Ce recueil contient sept nouvelles écrites à des dates diverses et au regroupement desquelles Nerval
travailla fébrilement pendant l'automne de 1853.
La plus célèbre de ces nouvelles s'intitule Sylvie.
Sylvie est une dentellière du Valois,
pour laquelle le poète, encore adolescent, éprouve une tendre amitié.
Au cours d'une fête champêtre, il est ébloui par une jeune
châtelaine, Adrienne, dont il perd aussitôt la trace.
Il délaisse Sylvie.
Pourtant il revient parfois la voir au village Mais il pense toujours
à l'autre, plus ou moins confondue avec une actrice, qu'Il désigne sous le nom d'Aurélie.
Finalement, il apprend qu'Adrienne est morte.
Il retrouve Sylvie mariée et mère de famille et regrette le bonheur qu'il a peut-être laissé échapper.
Les Chimères (1854) : suite de douze sonnets joints en appendice au recueil des Filles du feu.
En voici les titres : El Desdichado (le déshérité), Myrtho, Horus, Antéros, Delfica, Artémis, Le Christ aux Oliviers (5 sonnets), Vers
dorés.
Ces poèmes sont pleins d'allusions aux révélations que Nerval croit avoir reçues de l'au-delà.
Aurélia (1855).
Dans ces pages commencées peu après la crise de 1841, reprises durant l'hiver de 1853, achevées en 1854, Nerval tient le journal de
sa folie.
Il en reconstitue les visions avec une application émerveillée : scènes tantôt radieuses, tantôt macabres, où reviennent
constamment les êtres qu'il a le plus aimés : son vieil oncle de Mortefontaine, Sylvie, Adrienne et surtout Aurélia, c'est-à-dire Jenny
Colon.
Il compare son expérience « à ce qui pour les anciens représentait l'idée d'une descente aux enfers ».
Il a le sentiment d'avoir
subi "l'initiation sacrée".
L'ILLUMINÉ
Il a été, dès sa jeunesse, anormalement sensible au charme du rêve.
Mais c'est à partir de sa passion malheureuse pour Jenny Colon
que commence vraiment pour lui « l'épanchement du songe dans la vie réelle ».
Dès lors, il cherche partout des signes de l'au-delà,
dans sa propre imagination, dans les cultes ésotériques, dans les légendes orientales, dans un catholicisme librement interprété.
Par
moments, il se croit tout près d'atteindre l'inconnaissable.
Il est persuadé d'avoir traversé d'autres existences dont il se souvient
vaguement.
Ame généreuse, il n'impute pas à autrui ses échecs ou ses malheurs.
Il se juge lui-même coupable et il éprouve un besoin
de rachat.
Il a confiance dans l'intercession d'êtres quasi angéliques en qui se confondent l'image de sa mère, des femmes qu'il a
aimées, de la Vierge Marie.
Ses hallucinations n'ont rien d'artificiel.
Elles ne doivent rien à.
l'alcool, ni aux stupéfiants.
D'une sincérité totale, il est probablement le
seul poète que le rêve, sous sa forme la plus pure, ait conduit jusqu'à l'aliénation.
LE POÈTE
Poète du réel, il se rattache au genre intimiste par ses vers de jeunesse.
C hez lui, la simplicité naïve n'exclut
jamais la grâce, ne devient jamais prosaïque.
Il possède une qualité qui manque à.
un autre poète intimiste, Sainte Beuve : la sûreté
du goût.
Sa prose, particulièrement dans Sylvie, est empreinte du même charme poétique.
Conteur ingénu aux sensations fraîches,
artiste délicat dont le dessin n'est jamais trop appuyé, musicien subtil du langage, Nerval enveloppe les êtres et les choses dans une
atmosphère d'enchantement.
Poète de l'irréel, il joue avec le secret de ses sentiments et de ses souvenirs, les allusions comprises de lui seul, le mystère des
symboles, le charme évocateur des mots.
Malgré l'ingéniosité des commentateurs, les sonnets des Chimères posent encore bien des
énigmes.
Mais on devine aisément que le poète a enfermé dans ces vers sibyllins la substance la plus précieuse de sa pensée et de ses
rêves et ce trésor, qu'il nous fait seulement entrevoir, nous inspire une curiosité admirative et passionnée.
LE PRÉCURSEUR
Nerval a été longtemps considéré comme un écrivain le de second ordre.
Pourtant « il n'est pas de romantique chez qui nous puissions
trouver une âme plus fraternelle » (Gilbert Ronger).
Il n'en est pas non plus dont l'oeuvre ait eu d'aussi lointaines résonances.
Sa
conviction que le rêve est une autre vie, son aptitude à déceler l'inconnaissable à travers le réel, son goût pour le langage hermétique
et les symboles font de lui un précurseur du symbolisme et du surréalisme.
Lorsque Rimbaud, s'efforce par un « long, immense et
déraisonné dérèglement de tous les sens » d'atteindre une réalité inaccessible aux esprits normaux, il renouvelle avec moins de
simplicité, moins d'abandon, l'expérience de Nerval.
Dans le sillage de Nerval « brille une éclatante lignée » : non seulement Rimbaud,
mais Mallarmé, Proust, Alain-Fournier, Apollinaire, Paul Éluard..
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