On a reproché au théâtre d'être l'art du mensonge et de l'illusion. Qu'en pensez-vous ?
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«
On a reproché au théâtre d'être l'art du mensonge et de l'illusion.
Qu'en pensez-vous ?
Le théâtre, reflet du réel
Molière : « Lorsque vous peignez les hommes, il faut peindre d'après nature ; on veut que ces portraits ressemblent
» ; et vous n'avez rien fait, si vous n'y faites reconnaître les gens de votre siècle.
» (Dorante dans La Critique de
l'École des femmes).
Tchekhov : « On exige du héros, de l'héroïsme, qu'ils produisent des effets scéniques.
Pourtant, dans la vie, ce
n'est pas à tout bout de champ qu'on se tire une balle, qu'on se pend, qu'on déclare sa flamme et ce n'est pas à jet
continu qu'on énonce des pensées profondes.
Non ! Le plus souvent, on mange, on boit, on flirte, on dit des
sottises.
C'est ça qu'on doit voir sur la scène...
Il faut laisser la vie telle qu'elle est, et les gens tels qu'ils sont, vrais
et non boursouflés.
»
Le théâtre, art de convention
Aspect rituel.
J.
Duvignaud : « Avant tout (le théâtre) est une cérémonie.
Et tout commande cet aspect cérémoniel : la
solennité du lieu (sans laquelle la crédibilité s'effondre), la séparation du public profane et des acteurs isolés dans un
monde étroit analogue à l'univers sacré, les particularités de la langue poétique qui oppose le dialogue du théâtre au
bavardage quotidien.
» (Spectacle et société).
J.P.
Sartre : « Pour nous, une pièce ne devrait jamais paraître trop familière.
Sa grandeur tient à ses fonctions
sociales et dans un certain sens religieuses : elle doit rester un rite ; même lorsqu'elle parle aux spectateurs d'euxmêmes, elle doit le faire sur un ton et dans un style, qui, loin de faire naître la familiarité, viennent augmenter la
distance entre l'oeuvre et le public.
» (Un Théâtre de situation).
Lois spécifiques du genre théâtral.
Montherlant « La vérité psychologique est le propre de l'observateur et du penseur : la vérité conventionnelle celui
de l'homme de théâtre.
» (Notes sur mon théâtre).
Grossissement des traits.
Voltaire « Les ridicules fins et déliés ne sont agréables que pour un petit nombre d'esprits.
Il faut au public des traits
plus marqués.
Il faut des ridicules forts qui soient propres à l'intrigue.
»
Stylisation.
Diderot : « Réfléchissez un moment sur ce qu'on appelle au théâtre être vrai.
Est-ce y montrer les choses comme
elles sont en nature ? Aucunement.
Le vrai en ce sens ne serait que le commun.
Qu'est-ce donc que le vrai de la
scène ? C'est la conformité des actions, des discours, de la figure, de la voix, du mouvement, du geste avec un
modèle idéal imaginé par le poète et souvent exagéré par le comédien.
Le modèle n'influe pas seulement sur le ton, il
modifie jusqu'à la démarche, jusqu'au maintien.
» (Paradoxe sur le comédien).
J.
Giraudoux : « Mon cher poète, quand vous aurez mon âge, vous trouverez la vie un théâtre par trop languissant.
Elle manque de régie à un point incroyable.
Je l'ai toujours vue retarder les scènes à faire, amortir les dénouements.
Ceux qui doivent y mourir d'amour, quand ils y arrivent, c'est péniblement et dans leur vieillesse.
Puisque j'ai un
magicien sous la main, je vais enfin m'offrir le luxe de voir se dérouler la vie à la vitesse et à la mesure, non
seulement de la curiosité mais de la passion humaine...
C'est le grand avantage du théâtre sur la vie, il ne sent pas
le rance.
» (Ondine II, sc.
1).
Dualité du théâtre.
J.
Giraudoux : « C'est d'une simplicité enfantine le théâtre, c'est d'être réel dans l'irréel.
»
V.
Hugo : « Le théâtre n'est pas le pays du réel : il y a des arbres de carton, des palais de toile, un ciel de haillons,
des diamants de verre, de l'or de clinquant, du fard sur la pêche, du rouge sur la joue, un soleil qui sort de dessous
terre.
C'est le pays du vrai : il y a des coeurs humains sur la scène, des coeurs humains dans la coulisse, des coeurs
humains dans la salle.
» (Post-scriptum de ma vie)..
»
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