Pablo Neruda
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Pablo Neruda
Pablo Neruda est le pseudonyme du poète chilien Neftali Ricardo Reyes.
Neruda débuta très jeune comme poète.
Son premier livre, encore assez impersonnel, fut La cancion de la fiesta (1921).
En 1924, il publia son premier livre
déjà plein d'originalité : Veinte poemas de amory una cancion desesperada.
La production littéraire de Neruda a été,
dès ce moment, continuelle et d'une influence grandissante.
En 1925, il publie Tentativa del hombre infinito ; en
1931, son premier grand livre peut-être encore son plus grand livre Residencia en la tierra.
Les livres de poèmes se
suivirent : El hondero entusiasta (1933), Segunda residencia (1935), Tercera residencia (1947), Canto general
(1950), Odas elementales (1954), Navegaciones y regresos (1959).
Voilà une liste, encore incomplète, des
principaux livres de Neruda.
Ce qui rend difficile de caractériser ce poète ce n'est pas seulement l'étendue de son
oeuvre, mais plutôt la diversité de styles, la recherche constante de nouvelles formes, la multiplicité des voies
expressives.
Comme Picasso, Neruda invente continuellement et cette continuelle invention oblige le critique à situer
cette oeuvre, à la classifier pour pouvoir l'analyser, même si c'est brièvement.
En grandes lignes, on pourrait voir quatre formes et quatre contenus dans la poésie de Neruda.
La première serait
celle de la poésie d'ordre romantique, parfois enjouée, parfois nostalgique, représentée par les Veinte canciones de
1924.
La deuxième serait la ligne établie par la première Residencia et en partie continuée dans les Odas elementales
; la troisième devrait se trouver dans les poèmes à grand élan épique de Canto general ; la dernière dans des
poèmes proprement politiques, de propagande et assez rhétoriques, surtout dans la troisième Residencia et même
parfois dans le Canto general.
Si nous nous limitons aux deux genres, aux deux styles ou époques qui ont le plus de valeur et le plus d'influence,
celles qui ont fait pénétrer la poésie de Neruda en Espagne d'abord, en Amérique plus tard, d'une façon mondiale
plus récemment, il nous faudra parler de Residencia en la tierra et de Canto general.
Residencia en la tierra a été écrite à une époque où le surréalisme avait déjà fait acte de présence dans le lyrisme
de langue espagnole.
Le plus facile serait de considérer ce livre comme un livre de poèmes surréalistes.
Ce serait
aussi fausser la réalité.
Ce qui le rapproche du surréalisme, c'est la présence d'une écriture qui a l'air seulement l'aird'être automatique ; ce qui le rapproche davantage, c'est ce que l'on pourrait appeler la tentation onirique.
Et, en
effet, il est souvent difficile de distinguer chez le Neruda de Residencia en la tierra le rêve de la réalité.
Les
principaux symboles utilisés par Neruda (qui ont été analysés de manière exhaustive par Amado Alonso dans Poesia y
estilo de Pablo Neruda) sont, sous la catégorie générale de la "concrétisation matérielle de l'immatériel" (Amado
Alonso), ceux des roses, des abeilles, des colombes, des hirondelles, des cloches, des raisins, des éléments, du
sexe, de l'humidité, de la pluie.
Tous ces symboles, pour suivre encore Amado Alonso, sont des "formes de
l'objectivation du subjectif et de la subjectivation de l'objectivité".
Il nous fallait signaler ces éléments.
Pourrionsnous généraliser quelque peu ? Cette généralisation nous mènerait à dire que la poésie de Residencia en la tierra
mêle, d'une façon qui ressemble au mélange total dont parlaient les stoïciens, l'intériorité et l'extériorité, le subjectif
et l'objectif, le dedans et le dehors, et que ce mélange total se fait dans la matière.
L'expérience de la vie est, pour
cet aspect de la poésie de Neruda, ce que Bachelard nommerait la "rêveries de la volonté".
C'est Neruda lui-même qui définit cette première attitude poétique :
Il y a quelque chose de dense, d'uni, gisant tout au fond, répétant son numéro, son signal identique.
On voit bien
que les pierres atteignent le temps, dans leur fine matière on décèle une odeur de temps et l'eau qu'apporte la mer
de sel et de songe.
Ce Neruda qui croit à l'existence d'une seule substance et à une sorte de communion qui est surtout fusion dans la
"densité" du tout, a subi une crise spirituelle qui devait changer en bonne partie son style et ses propres tendances
poétiques.
Cette crise a commencé avant la guerre d'Espagne, mais s'est déchaînée au moment de la guerre civile
espagnole, lorsque Neruda est entré dans le Parti communiste.
C'est alors qu'il est devenu soit un poète social et
parfois pamphlétaire Tercera residencia soit, et surtout, un grand poète épique, probablement le plus grand poète
épique de la littérature contemporaine en langue espagnole.
Le Canto general révèle à la fois l'écrivain partisan,
l'homme d'action par la parole, le propagandiste et le poète civique.
Il révèle surtout un poète de la Terre ici le
continent américain, ou, plus précisément, la partie latino-américaine du continent qui n'est plus en état de
communion avec la nature mais qui la contemple et est capable de peindre de vastes et magnifiques fresques.
Dans
ce deuxième style, Neruda atteint une grandeur de vues et un envol lyrico-épique qui sont vraiment remarquables
dans des poèmes surtout caractérisés par le sens de la mesure et de la distance et dont le plus grand est Alturas
de Macchu Picchu.
Grand voyageur, poète du toucher et de la vue, poète de la cénesthésie et du regard images peut-être de la
matière et de la conscience Neruda est, avec Federico Garcia Lorca, le poète de plus grande influence dans la
poésie hispanique de nos jours..
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