Pascal et l'humanisme
Extrait du document
«
Introduction
C'est avec la Renaissance que s'épanouit la confiance en l'homme RABELAIS et, dans une certaine mesure,
MONTAIGNE la transmettront aux « philosophes » du XVIIIe siècle et ces derniers à tout le XIXe siècle.
Mais il est
un penseur qui semble contester à lui seul tout ce mouvement, c'est PASCAL.
On connaît, en effet, la sévérité de
ses jugements sur les Essais.
VOLTAIRE l'a violemment pris à partie dans ses Lettres philosophiques et va jusqu'à
passer complètement sous silence les Pensées dans son Siècle de Louis XIV.
Il existe donc un abîme entre PASCAL
et cette lignée d'écrivains.
Cela paraît d'autant plus surprenant que le jeune savant vit à une époque où la réflexion
sur l'humanisme est intense, et que sa critique ne semble pas porter sur des points de détail ni demeurer à la
surface de la réalité.
Développement non rédigé
1.
L'humanisme et son importance en 1650
1.
Définition de l'humanisme.
Affirmation de l'autonomie de l'homme, de sa perfectibilité morale et de son aptitude
au bonheur dans le monde présent (avant de livrer cette définition, vous reprendrez la recherche indiquée dans la
préparation de la dissertation).
Ces trois traits impliquent presque toujours une présence moins visible des croyances religieuses (stoïciens,
MONTAIGNE) ou leur négation (DIDEROT).
L'humanisme vers 1650.
Depuis le début du XVIe siècle règne un fort courant de stoïcisme (néo-stoïcisme).
Foule
d'éditions de SÉNÈQUE et d'Epictète.
PASCAL connaissait admirablement ce dernier : voir son Entretien avec M.
de
Sacy sur Épictète et Montaigne et les pensées sur les stoïciens (en particulier la liasse « philosophes » de l'éd.
Lafuma et la section « Les philosophes » de l'éd.
Brunschvicg).
Les Jésuites ont teinté leur enseignement de cet
humanisme; de là l'optimisme de leurs élèves : DESCARTES et la « générosité » dans le Traité des passions,
CORNEILLE et ses héros païens, VOLTAIRE au siècle suivant.
Élaboration d'un humanisme chrétien.
Un certain nombre de théologiens ont perçu, en effet, la grandeur du
stoïcisme.
Il se développe donc à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle un humanisme chrétien.
La liberté de l'homme est affirmée par la théologie moliniste (MOLINA, l'Accord de la grâce et du libre arbitre, 1588).
On insiste sur la beauté et la richesse de la vie terrestre, qui est un don de Dieu.
La joie apportée par le Christ
commence dès cette terre.
Au fond, ces théologiens acceptent toutes les requêtes et toutes les convictions de l'humanisme et disent : Dieu a
donné tout cela à l'homme; il lui propose même davantage dès cette vie, et en outre lui ouvre la vie éternelle, si
l'homme le veut bien.
Transition : L'hostilité de PASCAL au stoïcisme (auquel il reconnaît cependant une certaine noblesse), aux jésuites,
à la théologie de MOLINA, surprend donc un peu, au premier abord, puisque tant de chrétiens ne voyaient pas
d'opposition entre le meilleur de la sagesse antique et leur foi.
Il.
La critique de l'humanisme dans les « Pensées »
Disciple de saint AUGUSTIN et de JANSÉNIUS, PASCAL est farouchement hostile au stoïcisme.
L'idée que l'homme est
totalement maître de lui-même lui paraît fausse et d'une superbe diabolique ( Entretien avec M.
de Sacy).
Il met en
contradiction avec eux-mêmes les stoïciens, qui célébraient la joie du sage et cependant admettaient le suicide,
quand la vie devenait trop pesante :
Il y a contradiction, car ils conseillent enfin de se tuer;
Oh! quelle vie heureuse dont on se délivre comme de la peste! (fr.
147-361).
1.
Impuissance humaine.
PASCAL ne cesse de répéter que nous sommes incapables de nous attacher au vrai et
au bien : La justice et la vérité sont deux pointes si subtiles que nos instruments sont trop mousses pour y toucher
exactement.
S'ils y arrivent, ils en écachent [écrasent en aplatissant] la pointe, et appuient tout autour, plus sur le
faux que sur le vrai (fr.
44-82; cf.
28-436).
Ces instruments sont la raison et la volonté.
La raison est incapable de trouver la seule vérité qui soit importante pour l'homme, celle qui concerne sa destinée.
Elle est trop faible, et dupée par les puissances trompeuses, l'imagination, les habitudes, l'amour-propre...
Certes,
les sciences et les techniques progressent (PASCAL le sait mieux que quiconque), mais elles sont inutiles à la vie
véritable de l'homme : elles sont un savoir extérieur, étranger.
PASCAL se proposait d'écrire dans son Apologie «Une
lettre de la folie de la science humaine et de la philosophie » (fr.
408-74).
La volonté (qui désigne chez PASCAL toutes nos tendances en même temps que notre faculté de choix et de
décision) ignore ce qui la comblerait.
Les philosophes se contredisent et ont proposé deux cent quatre-vingts sortes
de souverains biens.
Loin d'être libres, les hommes sont asservis à l'ignorance et aux trois grandes concupiscences,
qui sont l'orgueil, la curiosité (désir effréné d'accumuler des connaissances inutiles) et les voluptés (qui flattent le
corps).
Les trois concupiscences ont fait trois sectes et les philosophes n'ont fait autre chose que suivre une des.
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