Paul VERLAINE (1844-1896) (Recueil : Poèmes saturniens) - Grotesques
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«
Commentaire du poème « Grotesques » (Poèmes Saturniens) de Paul
Verlaine
Introduction :
Ce poème « Grotesques » est extrait des Poèmes Saturniens, premier
recueil de Verlaine, publié en 1866.
Dans ce recueil, Verlaine se pace sous le
signe de Saturne, planète de la mélancolie.
Les Saturniens figurent une sorte de
communauté imaginaire à laquelle se trouvent associés tous ceux qui subissent
l'influence de la « fauve planète.
« Grotesque » prend plus précisément place
dans la section « Eaux-Fortes » du recueil, section dédiée au poète parnassien
François Coppée.
L’eau forte est un type de gravure, le plus apte, selon
Baudelaire à exprimer la personnalité et l’individualité de l’artiste.
Projet de lecture : En quoi ce poème est-il « grotesque » ?
I)
Un poème visuel et pictural
1)
Le titre du poème
Le titre du poème ( comme celui de la section) est emprunté au
vocabulaire pictural : les grotesques désignent des petites figures, arabesques
servant de décor mural, inspirées de celles qui furent trouvées dans les édifices anciens ensevelis sous terres.
Par
extension elles désignent aussi des figures bizarres et chargées dans laquelle la nature est contrefaite.
Certains indices
du texte renvoient à ce titre emprunté au vocabulaire artistique.
D’une part, l’étrangeté des figures décrites est
soulignée dans le poème par l’emploi de l’adjectif « bizarres » et par l’équivoque conservée jusqu’à la sixième strophe
(et à moitié résolue) sur l’identité des personnages décrits, seulement désignés par le pronom personnel masculin de la
troisième personne du singulier : « ils ».
Par ailleurs la dimension ancienne est véhiculée par une évocation du passé
dans la cinquième strophe :
C’est enfin que dans leurs prunelles
Rit et pleure – fastidieux –
L’amour des choses éternelles,
Des vieux morts et des anciens dieux !
La référence à un passé antique ( à travers la mention des « anciens dieux ») rappelle les grotesques de l’art
pictural.
2)
La dimension visuelle du poème
Ce poème de Verlaine se présente comme un tableau dont le poète nous décrit de façon méthodique les
composants.
La dimension descriptive du poème est accentuée par l’emploi récurrent du présentatif « c’est » : les
choses surgissent aux yeux du poète dans l’évidence de leur présence, comme s’il était face à un tableau.
La
composition du poème présentant cinq strophes descriptives suivie de cinq strophes de commentaire personnel du
poète (marqué par l’adresse soudaine du poète aux « vagabonds » au début de la sixième strophe) fait de Verlaine ici
un critique d’art.
Par ailleurs certaines images fortes viennent renforcer la dimension visuelle du poète.
Dans le deuxième
quatrain, on a l’impression d’assister à une véritable scène dramatique, le poète mettant en scène les plaintes du sage
et du sot face à ces étranges personnages et les moqueries des enfants.
Cette scène se poursuit lorsque le poète
évoque les « chants bizarres » que « nasillent » les vagabonds.
Dans l’avant-dernier quatrain, Verlaine nous montre le
spectacle pathétique et morbide de la maladie et de la décomposition future de ces hommes, mortifiés par la dureté de
la nature :
Les juins brûlent et les décembres
Gèlent votre chair jusqu’aux os
Et la fièvre envahit vos membres
Qui se déchirent aux roseaux.
à relever ici les verbes visuels évoquant une torture physique( « brûlent…gêlent…envahit…déchirent…)
II)
La peinture de personnages « grotesques »
Le terme grotesque, étendu au langage courant, désigne toute chose révélant un style privilégiant les formes
étranges, dérisoires et inattendue et déclenchant le rire par son caractère insolite.
Mais le grotesque suscite autant le
rire que la peur ; comme le dit Hugo « d’une part il crée le difforme et l’horrible, de l’autre, le comique et le bouffon.
»
Dans ce poème Verlaine reprend et illustre la définition hugolienne du grotesque en mêlant constamment horrible et
comique.
1)
Le difforme et l’horrible.
»
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