Paul VERLAINE (1844-1896) (Recueil : Sagesse) - L'échelonnement des haies
Extrait du document
«
Paul Verlaine, Sagesse, III, « L'échelonnement des haies », 1881.
1.
L'échelonnement des haies
2.
Moutonne à l'infini, mer
3.
Claire dans le brouillard clair
4.
Qui sent bon les jeunes baies.
5.
Des arbres et des moulins
6.
Sont légers sur le vert tendre
7.
Où vient s'ébattre et s'étendre
8.
L'agilité des poulains.
9.
Dans ce vague d'un Dimanche
10.
Voici se jouer aussi
11.
De grandes brebis aussi
12.
Douces que leur laine blanche.
13.
Tout à l'heure déferlait
14.
L'onde, roulée en volutes(1),
15.
De cloches comme des flûtes
16.
Dans le ciel comme du lait.
(1) Volutes : en spirales
Paul Verlaine (30 mars 1844- 8 janvier 1896) : surnommé « le Prince des Poètes », il est toutefois également à l’origine
de l’expression des « poètes maudits »,
Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs et sa poésie le rapproche des œuvres impressionnistes.
Poème en vers impairs > 16 heptasyllabes.
4 quatrains.
Rimes embrassées du type ABBA.
Ex : « haies ; mer ; clair ; baies ».
Alternance des rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent) et des rimes masculines.
Ex : « Dimanche ; aussi ».
Poème écrit par Verlaine lors d’un séjour en Angleterre : évoque la campagne anglaise.
Quelques éléments sur lesquels vous pourrez vous appuyer lors de votre étude :
Poème construit sur des sons doux que l’on retrouve souvent.
Ex :
• Allitération en « N ».
Cf.
« échelonnement » ; « l'infini » ; « Moutonne »… > son doux.
• Assonance en « ai ».
Cf.
« « Haies » ; « mer » ; « Claire » ; « clair » ; « baies » ; « lait » ; « déferlait »…
• Assonance en « an ».
Cf.
« L'échelonnement » ; « tendre » ; « s'étendre » ; « blanche » ; « grandes » ;
« Dans » ; « dans »… > son doux.
• Assonance en « i ».
Cf.
« infini » ; « agilité » ; « vient » ; « Dimanche » ; « Voici » ; « aussi » ; « brebis aussi » ;
« ciel »…
I- Un paysage
NB : chez Verlaine, l’évocation d’un paysage est souvent liée à celle de ses états d’âme.
A- Un paysage monotone
• La monotonie est déjà évoquée dans le titre du poème.
Cf.
« l’échelonnement » > paysage en continu ; passage
d’une haie à une autre.
• Cf.
aussi « Moutonne à l'infini » > « infini » : pas d’arrêt, continuité (aucune rupture).
+ « déferlait » > contient toujours cette impression de continuité, de monotonie.
Ce qui est renforcé par l’usage de.
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