Paul VERLAINE (1844-1896) (Recueil : Sagesse) - L'immensité de l'humanité
Extrait du document
«
Commentaire composé du poème de Verlaine : « L’immensité de l’humanité »
Introduction :
Ce poème est extrait du recueil Sagesse que Paul Verlaine publia en 1881 à sa sortie de prison.
Ce
recueil expose la double conversion morale et mystique du poète à sa sortie de prison.
Il s’agit d’un poème très court
de trois quatrains et très composé, décrivant l’humanité depuis une position surplombante.
Verlaine semble y faire un
état des lieux voire y dresser le bilan de l’humanité.
Projet de lecture : En quoi ce tableau en apparence objectif de l’humanité révèle-t-il l’initiation
mystique et religieuse de Verlaine ?
I)
Un constat contemplatif
Dans ce poème Verlaine dresse un véritable tableau contemplatif de l’humanité.
Il semble embrasser d’un seul
regard le monde et l’histoire entiers.
1) Un tableau de l’humanité
Ce poème se présente comme un véritable tableau d’un paysage urbain représentant l’humanité pour le poète.
Le titre même du poème « L’immensité de l’humanité » montre que Verlaine s’est lancé le défi de représenter dans le
cadre de la page l’humanité entière, défi véritablement pictural.
Il ne s’agit pas cependant de multiplier les détails
précis, mais de faire un tableau fidèle à l’essence de l’humanité.
Il s’agit avant tout de dégager une « impression » :
telle semble être l’ambition de Verlaine dans ce poème, ce qui tend à le rapprocher des peintres impressionnistes.
Le
paysage représenté par Verlaine est un paysage urbain témoignant d’une humanité civilisée et organisée : « Quelle
puissante et calme cité ! ».
La rime entre « cité » et « humanité » tend à révéler l’essence profondément urbaine de
l’humanité contemplée par le poète.
La métaphore des rideaux (« De lourds rideaux d'atmosphère noire / Font
richement la nuit alentour.
») vient accentuer le caractère sinon pictural, du moins figuratif de ce poème qui
présente véritablement un tableau du monde.
2) Un constat de la fuite du temps
Verlaine ne peint pas une humanité immuable, perdurant éternellement dans son essence, mais une humanité en
perpétuelle évolution, tributaire du temps qui passe.
La contemplation de la cité entraîne nécessairement, chez le
poète, l’idée de la fuite du temps : « Le Temps passé vivace et bon père, » : si la rapidité du temps qui s’écoule est
évoquée ici à travers l’adjectif « vivace », le temps et sa fuite ne sont pas vus comme des ennemis par le poète, mais
au contraire comme des alliés de la construction progressive de l’humanité : c’est précisément le « temps passé »
représentant les souvenirs et vestiges anciens qui persiste ( l’évolution de l’humanité conserve les choses du passé) ;
de plus, le Temps est perçu comme un être bienveillant ( ce que suggère l’expression « bon père ») par le poète.
La
vision verlainienne de l’humanité est une vision historique qui ne conçoit pas la fuite du temps comme signe de
déchéance mais comme signe d’enrichissement progressif :
Il semble ici qu'on vit dans l'histoire.
Tout est plus fort que l'homme d'un jour.
à L’instantanéité, la vie hors de l’histoire, dans le moment présent semblent inexistantes dans ce paysage de
l’humanité que contemple le poète : l’homme tient sa puissance de son passé, de sa construction dans le temps
historique.
3) La contemplation intemporelle du sage
Le poète s’apparente à un sage contemplant l’humanité « d’en haut ».
Le poète semble absent du tableau qu’il
décrit : il nous présente une humanité vivant dans la modernité et dans l’histoire à laquelle il n’appartient plus.
La
construction du poème témoigne de ce détachement du poète qui se présente comme hors de l’humanité :
contrairement à l’homme vivant dans le flot historique, le poète-sage vit dans l’absence de temps, ce que suggère,
dans le poème la quasi absence totale de verbes d’actions et l’abondance de phrases nominales dressant un constat
objectif et éternel.
Le poète s’adresse aux « civilisés » comme s’il n’appartenait pas ou plus à ce genre d’être ou
d’existence.
II)
Une expérience mystique
1)
Une image de l’existence
Ce poème semble révéler, de façon métaphorique, une image de l’existence humaine de l’apogée jusqu’à la mort.
Le tableau de l’humanité se présente d’abord comme un constat de son évolution et de sa réussite :.
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