Pensez vous que la littérature puisse, par ses oeuvres, contribuer au bonheur des hommes, à l'amélioration de la société ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet et problématisation :
Ce sujet englobe la littérature dans son ensemble, sans distinction de genres.
Nous devons tenter ici de
donner une définition de la littérature afin de délimiter le cadre de la dissertation.
C'est la littérature en tant qu'art
qui nous intéressera ici.
D'une manière générale, la littérature regroupera ici les œuvres ayant soit un but esthétique
soit une forme esthétique particulière.
La dimension esthétique est donc la finalité de la littérature, critère qui la
différencie des autres types d'écrits comme le journalisme ou la politique répondant à certaines contraintes
spécifiques.
Cette définition semble exclure les écrits purement philosophiques, politiques ou historiques.
Mais il
convient d'être particulièrement précautionneux dans la catégorisation des genres et types d'écrits appartenant ou
non à la littérature.
Un texte peut ainsi posséder une certaine dimension littéraire sans que l'auteur ne l'ait voulu, ou
alors sans que cela ne soit son but en tant que genre.
Les critères de littérarité d'une œuvre font souvent l'objet de
débats.
à nous emprunterons donc nos exemples principalement aux « Belles Lettres » mais nous pourrons aussi
utiliser d'autres types de références, telles les références philosophiques, particulièrement bienvenues sur ce sujet
portant sur le « bonheur » et l' « amélioration de la société ».
L'expression le « bonheur des hommes » met en jeu le pouvoir de la littérature de rendre les hommes heureux.
Le terme de bonheur implique l'idée du plaisir que procure la littérature mais il dépasse ce simple plaisir.
Le bonheur
est un concept philosophique : c'est un état atteint généralement par l'homme lorsqu'il a obtenu tout ce qui lui
paraît bon et qu'il a pu satisfaire pleinement ses désirs, accomplir totalement ses diverses aspirations, trouver
l'équilibre dans l'épanouissement harmonieux de sa personnalité.
Le bonheur, contrairement au plaisir, s'associe à
l'idée de durée.
On peut donner ici la définition de Spinoza qui a le mérite d'associer le bonheur à un certain sens
moral : « le bonheur consiste à bien agir et être dans la joie »
L'expression « amélioration de la société » assigne à la littérature une tâche politique et morale.
Mais
améliorer la société c'est aussi travailler à son bonheur.
Problématique : Les œuvres littéraires ont-elles le pouvoir d'améliorer la vie des hommes, tant dans le
domaine privé, en les rendant davantage et durablement heureux, que dans le domaine politique et social.
I)
L'œuvre littéraire a un pouvoir indirect d'action sur les hommes et la société
Pouvoir indirect car c'est seulement implicitement, par son pouvoir métaphorique que la littérature peut
améliorer l'homme et la société
- L'œuvre littéraire est d'abord une source de plaisir pour son lecteur et c'est grâce à cela qu'elle acquiert ou
non un pouvoir d'action.
On pourrait dire que la littérature « adoucit les mœurs ».
Certaines œuvres d'ailleurs livrent
de véritables « recettes » pour le bonheur :
Ex : Œuvres philosophiques (mais pouvant avoir un statut littéraire, notamment du faitde leur caractère
épistolaire) comme La Lettre à Ménécée d'Epicure ou Les Lettres à Lucilius de Sénèque.
Michel Tournier, Dans Vendredi ou les limbes du Pacifique, montre, à travers la rencontre sur Speranza
entre Vendredi et Robinson, que le bonheur est dans l'enfance retrouvée.
- Les œuvres littéraires ont parfois pour ambition le désir de « corriger les vices des hommes » pour reprendre
ici la volonté de Molière, dans son théâtre.
Le dramaturge utilise dans ce but un comique significatif usant du
pouvoir du rire :
Si l'emploi de la comédie est de corriger les vices des hommes, je ne vois pas par quelle raison il y en
aura de privilégiés.
Celui-ci est, dans l'État, d'une conséquence bien plus dangereuse que tous les autres; et
nous avons vu que le théâtre a une grande vertu pour la correction.
Les plus beaux traits d'une sérieuse
morale sont moins puissants, le plus souvent, que ceux de la satire; et rien ne reprend mieux la plupart des
hommes que la peinture de leurs défauts.
C'est une grande atteinte aux vices que de les exposer à la risée
de tout le monde.
On souffre aisément des répréhensions; mais on ne souffre point la raillerie.
On veut bien
être méchant, mais on ne veut point être ridicule.
(préface du Tartuffe)
L'utilisation du rire et de la satire pour dénoncer les vices humains et pousser les hommes à les corriger
participe aussi au pouvoir subversif des Fables de La Fontaine.
Un autre type d'exemple d'œuvres visant à corriger les vices des hommes, mais qui n'utilisent pas du tout le
comique mais plutôt le pathétique : la littérature concentrationnaire (Primo Lévi, Jorge Semprun …)
- Les œuvres littéraires précèdent, préparent et accompagnent souvent de grands changements politiques
en tentant de changer les mentalités et d'ouvrir les hommes à de nouvelles idées politiques :
Ex : Les œuvres des philosophes des Lumières préparant la Révolution Française ( Lettres Persanes de
Montesquieu, Les contes philosophiques de Voltaire, Supplément au voyage de Bougainville de Diderot, et bien sûr,
l'Encyclopédie.
- L'œuvre littéraire a le pouvoir de dénoncer les injustices sociales dans le but d'améliorer la société, de la
rendre plus juste et plus tolérante : c'est ce qu'on appelle la « littérature engagée » :
Ex : Le combat de Hugo contre la misère (cf.
Les misérables)
« J'accuse » de Zola.
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