Pierre François LACENAIRE (1803-1836) - A M. Altaroche
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Pierre François LACENAIRE (1803-1836) - A M. Altaroche Je suis un voleur, un filou, Un scélérat, je le confesse, Mais quand j'ai fait quelque bassesse, Hélas, je n'avais pas le sou ! La faim rend un homme excusable, Un pauvre de grand appétit Peut bien être tenté du diable, Mais pour me voler mon esprit, Êtes-vous donc si misérable ? Or contre un semblable méfait, Notre code est muet, je pense. Au parquet, j'en suis sûr d'avance, Ma plainte aurait bien peu d'effet. Pour dérober une filoche On s'en va tout droit en prison, Aussi le prudent Altaroche Ne m'a volé qu'une chanson, Sans mettre la main dans ma poche. Un voleur adroit et subtil Pour éviter toute surprise Sait déguiser la marchandise, Et la vendre ainsi sans péril. Altaroche aussi raisonnable Et craignant quelque camouflet A pris le parti détestable D'estropier chaque couplet Pour le rendre méconnaissable. Je ne puis assez m'étonner De ce bel effort de courage : D'un autre copier l'ouvrage Pour se mieux faire emprisonner ! Ce dévoûment est impayable, Et c'est avoir un trop bon coeur De remplacer le vrai coupable, Et sans avoir été l'auteur, D'être l'éditeur responsable.
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