Poème extrait de La légende des siècles « Orphée » - Victor HUGO
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Poème extrait de La légende des siècles
« Orphée »
"J'atteste Tanaïs, le fleuve noir aux six urnes,
Et Zeus qui fait traîner sur les grands chars nocturnes
Rhéa par des taureaux et Nyx par des chevaux
Et les anciens géants et les hommes nouveaux,
Pluton qui nous dévore, Uranus qui nous crée,
Que j'adore une femme et qu'elle m'est sacrée.
Le monstre aux cheveux bleus, Poséidon, m'entend;
Qu'il m'exauce.
Je suis l'âme humaine chantant,
Et j'aime.
L'ombre immense est pleine de nuées,
La large pluie abonde aux feuilles remuées,
Borée émeut les bois, Zéphyr émeut les blés,
Ainsi nos cœurs profonds sont par l'amour troublés.
J'aimerai cette femme appelée Eurydice,
Toujours, partout! Sinon que le ciel me maudisse,
Et maudisse la fleur naissante et l'épi mûr!
Ne tracez pas de mots magiques sur le mur."
« Exprimer l'humanité dans une espèce d'œuvre cyclique ; la peindre successivement et simultanément sous tous ses
aspects, histoire, fable, philosophie, religion, science, lesquels se résument en un seul et immense mouvement
d'ascension vers la lumière ; faire apparaître, dans une sorte de miroir sombre et clair — que l'interruption naturelle des
travaux terrestres brisera probablement avant qu'il ait la dimension rêvée par l'auteur — cette grande figure une et
multiple, lugubre et rayonnante, fatale et sacrée, l'Homme ; voilà de quelle pensée, de quelle ambition, si l'on veut, est
sortie la Légende des Siècles ».
Voici le dessein général de La légende des siècles, tel qu’il est défini par Victor Hugo lui-même dans la préface de cette
œuvre poétique colossale.
Le texte qui nous occupe aujourd’hui s’intitule Orphée, il s’agit de la première œuvre de
cette section de La légende des siècles qui est celle des Idylles.
Dans ce texte, Victor Hugo traite un thème majeur de
la littérature occidentale qui est le mythe d’Orphée.
Ce mythe porte sur un aède mythique de la Thrace, fils du roi
Œagre et de la muse Calliope, qui savait par les accents de sa lyre charmer les animaux et émouvoir jusqu’aux êtres
inanimés.
Mais c’est à la partie du mythe qui concerne Orphée et la femme qu’il aime, Eurydice, qu’Hugo s’intéresse
dans ce texte dont nous verrons qu’il représente une variation sur un thème maintes fois traité dans l’histoire de la
Littérature.
Si nous pouvons voir dans un premier temps que ce texte est une idylle composée de trois mouvements
progressifs, nous étudierons ensuite de quelle manière Victor Hugo s’empare du mythe d’Orphée avant de voir que ce
dernier représente l’une des figures hugoliennes de la glorification du poète.
La question au centre de notre étude sera de voir de quelle manière Hugo reprend le mythe d’Orphée pour exprimer à
travers lui une conception singulière de la fonction du poète.
I.
Une idylle en position liminaire dans une section du recueil
Une idylle consacrée a un personnage de la mythologie classique
Nous commencerons par traiter ce texte en fonction de la forme poétique à laquelle il appartient.
« Orphée » est la
première des Idylles écrite par Victor Hugo dans le recueil de La légende des siècles.
Une idylle peut se définir, dans le
domaine de la littérature classique, comme un petit poème.
Fréquemment, il s’agit d’un texte de genre bucolique ou
pastoral, que l’on peut rapprocher du genre de l’églogue.
Un sujet traditionnel de ce type de texte est l’amour que se
portent des bergers.
Néanmoins, il peut également porter sur des sujets distincts, c’est ainsi que certaines idylles de
Théocrite sont des chants de louange en l’honneur de souverains.
Nous dirons donc que le texte de Victor Hugo
appartient effectivement à ce genre poétique, dans la mesure où nous avons affaire à une œuvre poétique qui évoque
l’amour qu’Orphée porte à Eurydice.
Le thème de l’amour est donc présent, ainsi que l’évocation de nombreuses figures
de l’antiquité (telles que Tanaïs, Zeus, Rhéa, Pluton Uranus, Poséidon, Borée).
Un poème structuré en trois mouvements
Nous pouvons distinguer dans ce texte trois mouvements : le premier commence avec le texte et s’étend jusqu’au
vers suivant :
Que j'adore une femme et qu'elle m'est sacrée.
Il s’agit de la partie du texte qui est consacrée a une invocation a différentes déités grecques (telles que Zeus et.
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