Pour Rousseau les fables de La Fontaine ne jouent pas leur rôle éducatif parce qu'elles donnent à voir ce qu'il ne faut pas faire. Vous discuterez son point de vue en prenant appui sur la fonction traditionnelle des apologues et sur les moyens mis en oeuvre pour faire passer un message didactique et moral ?
Extrait du document
En lui supposant réellement l'objet d'être entendue des enfants,
de leur plaire et de les instruire, cette fable est assurément son
chef-d'oeuvre : qu'on me permette donc de la suivre et de l'examiner en peu de
mots.
Rousseau analyse
ensuite « à la manière d'un enfant » Le Corbeau et le Renard de La Fontaine et
conclut qu' « on leur apprend moins à ne
pas le laisser tomber de leur bec qu'à le faire tomber du bec d'un autre ». La
fable opère donc sur l'enfant l'effet inverse de celui escompté :
Suivez les enfants
apprenant leurs fables, et vous verrez que, quand ils sont en état d'en faire
l'application, ils en font presque toujours une contraire à l'intention de
l'auteur, et qu'au lieu de s'observer sur le défaut dont on les veut guérir ou
préserver, ils penchent à aimer le vice avec lequel on tire parti des défauts
des autres. Dans la fable précédente, les enfants se moquent du corbeau, mais
ils s'affectionnent tous au renard ;
- Mais la critique des
penseurs du XVIIIe contre les fables et l'apologue à visée didactique semble
tenir à une différence d'acception du terme « morale » : Au XVIIème
siècle, la morale n'était pas normative, elle était, conformément â
l'étymologie, la « science des moeurs », et les moeurs étaient, selon la
définition de Furetière, les "habitudes naturelles ou acquises suivant
lesquelles les peuples ou les particuliers conduisent les actions de leur vie".
Autrement dit, la "morale" du XVIIème siècle ressemble plus à notre
psychologie et à notre sociologie qu'à notre morale. Il ne faut peut-être donc
pas analyser les apologues comme des règles de conduites mais comme des textes
délivrant un enseignement plus objectif et social.
III)
Mais c'est parce que l'efficacité de
l'apologue tient sans sa portée démonstrative et argumentative : l'apologue
enseigne l'esprit critique.
L'aspect didactique de
l'apologue n'est souvent qu'un leurre visant à masquer sa fonction réelle. Il
est souvent à dépasser pour atteindre la « substantifique moelle »de l'apologue.
Si l'apologue éduque, il éduque les âmes adultes à exercer leurs esprits
critiques sur la société
-
La dimension didactique de
l'apologue n'est souvent là que pour éviter la censure
( d'où son manque
d'efficacité puisque l'apologue ne sert pas en définitive à éduquer les
enfants) : l'apologue a été très utilisé à des fins polémiques et critiques à
des époques où la censure sévissait fortement (du XVI au XVIIIème siècles
notamment où la pression de la censure, effet direct du pouvoir monarchique en
place, est très présente).
Liens utiles
- Pour Rousseau, les Fables de La Fontaine ne jouent pas leur rôle éducatif parce qu'elles donnent à voir ce qu'il ne faut pas faire. Vous discuterez son point de vue en prenant appui sur la fonction traditionnelle des apologues et sur les moyens mis en oeuvre pour faire passer un message didactique et moral.
- La Bruyère écrivait : Il faut faire comme les autres, maxime suspecte qui signifie presque toujours qu'il faut mal faire. Dans un développement organisé et correctement rédigé, vous soutiendrez ce point de vue en prenant appui sur des exemples précis et que vous analyserez.
- Dans Le Théâtre, A. Ubersfeld affirme : L'une des caractéristiques les plus étonnantes du texte théâtral, la moins visible, mais peut-être la plus importante, c'est son caractère incomplet. Pour elle, le texte théâtral est donc un texte troué, qui exige du metteur en scène une interprétation. Vous discuterez ce point de vue en prenant appui sur les textes du Corpus et sur les oeuvres que vous avez lues ou étudiées, notamment Rhinocéros.
- Robert Payne dit à propos de Malraux : « Les légendes ont tellement obscurci son image que nous risquons fort de ne jamais le voir comme il est. » Ces propos vous paraissent-ils généralisables à l'écriture biographique dans ses différentes formes ? Vous développerez votre point de vue en prenant appui sur les textes du corpus, les objets d'étude, les oeuvres étudiées dans l'année et vos lectures personnelles ?
- Payne dit à propos de Malraux : « Les légendes ont tellement obscurci son image que nous risquons fort de ne jamais le voir comme il est. » Ces propos vous paraissent-ils généralisables à l'écriture biographique dans ses différentes formes ? Vous développerez votre point de vue en prenant appui sur les textes du corpus, les objets d'étude, les oeuvres étudiées dans l'année et vos lectures personnelles ?