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Pourquoi moliere est-il le plus populaire des auteurs dramatique francais ?

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Pour les personnages comme pour les sujets, le spectateur se complaît dans cette impression de déjà vu. B. - PAR SA VARIETE. Il n'y a pas dans le théâtre de Molière deux personnages rigoureusement identiques. Même quand ils incarnent le même vice, ils l'incarnent différemment. Philaminte, Armande, Bélise incarnent toutes trois le pédantisme, mais Philaminte est une pure intellectuelle autoritaire, Armande une savante qui feint de mépriser l'amour, Bélise une visionnaire qui, à travers les sciences, ne poursuit que des rêves d'amour. C. - PAR LA VIE QUI S'EN DEGAGE. Aussi ces personnages ne sont pas simplement tel vice fait homme : il y a en eux une complexité qui les rend vivants. Harpagon en même temps qu'un avare est un amoureux sénile ; Tartuffe est un hypocrite à qui sa sensualité aveugle fait oublier à maintes reprises le rôle du « saint homme » qu'il doit jouer ; Alceste, le misanthrope, est le plus épris des amoureux.

« Si Molière n'a pas toujours trouvé grâce auprès des critiques, il a toujours été apprécié du grand public.

A de rares exceptions près, ses pièces connurent, en dépit des cabales, le plus beau succès.

Elles tiennent encore brillamment l'affiche, de nos jours.

Le choix des sujets, la vigueur de son comique, la vérité de ses peintures sociales et morales, le style, la morale enfin sont autant d'éléments qui expliquent la popularité de Molière. I.

Les sujets des pièces de Molière plaisent au grand public A.

— PAR LEUR CARACTERE TRADIT IONNEL.

Le public aime tout ce qui lui donne l'expression du déjà vu, et ce sont ces thèmes inépuisables que Molière exploite après tant d'autres auteurs : le thème de l'avare volé (L'Avare) se trouvait dans L'Aululaire de Plaute.

Georges Dandin ou Sganarelle, c'est l'éternelle histoire du mari trompé.

L'École des femmes reprend le thème bien connu du Barbon amoureux. B.

— PAR LEUR ACTUALIT E.

Plus que les thèmes traditionnels le grand public aime les oeuvres qui mettent en scène des événements récents et qui portent en elles comme un parfum d'actualité.

Le Bourgeois gentilhomme évoque par ses « turqueries » cette ambassade turque qui, l'année précédente, avait égayé le tout Paris ; Les Précieuses ridicules mettent en scène la préciosité à la mode. C.

— SURTOUT PAR LEUR VARIETE.

Le grand public, en grand enfant qu'il est, se lasse très vite de l'uniformité.

Or dans l'oeuvre de Molière, Le Médecin malgré lui, qui est une farce, voisine avec Le Misanthrope, qui est une comédie sérieuse, avec Le Bourgeois gentilhomme, qui ressemble tant à nos opérettes modernes par ses ballets et sa mise en scène. II.

Le comique des pièces de Molière plaît au grand public A.

— PAR SA VARIETE D'UNE PIECE A L'AUTRE.

La qualité du comique change d'une pièce à l'autre et, comme la qualité de ce comique est presque imposée par la nature du sujet, elle est aussi variée que ces sujets eux-mêmes, Le comique de caractère fait le fond du Misanthrope.

Le comique de mots, de gestes s'étale dans Le Médecin malgré lui avec le charabia de Lucas, les coups de bâton qu'administrent à Sganarelle Lucas et Valère, et les tirades en latin de cuisine. B.

— Bien plus, PAR SA VARIETE D'UNE SCENE A L'AUT RE A L'INTERIEUR D'UNE PIECE.

Dans Don Juan la scène presque tragique qui dresse l'un en face de l'autre Don Juan et son père Don Louis et la scène où Don Juan berne Monsieur Dimanche avec une verve irrésistible se trouvent côte à côte.

Les maladresses plaisantes du valet Du Bois égayent la scène qui suit immédiatement un entretien d'Alceste et de Célimène. III.

La peinture de moeurs plaît au grand public Elle est pittoresque, variée, vivante.

Elle fait défiler sous nos yeux les médecins à chapeau pointu, à seringue, à rhubarbe, au charabia qui tient du latin et de la cuisine, les hommes d'affaires comme Harpagon, prêteur à la petite semaine, les professeurs pédants et charlatans, les paysans de l'Ile-de-France, sentencieux et lourdauds, les petits marquis comme Oronte, grands débiteurs de sonnets, et les pesants bourgeois comme Chrysale aux vérités prudhommesques. IV.

La peinture des caractères plaît au grand public A.

— PAR SON CARACTERE TRADIT IONNEL.

Ce sont les travers éternels, les défauts que l'on trouve chez l'homme à toutes les époques qu'incarnent l'avare Harpagon, Argan le malade imaginaire, Tartuffe l'hypocrite.

Pour les personnages comme pour les sujets, le spectateur se complaît dans cette impression de déjà vu. B.

— PAR SA VARIETE.

Il n'y a pas dans le théâtre de Molière deux personnages rigoureusement identiques.

Même quand ils incarnent le même vice, ils l'incarnent différemment.

Philaminte, Armande, Bélise incarnent toutes trois le pédantisme, mais Philaminte est une pure intellectuelle autoritaire, Armande une savante qui feint de mépriser l'amour, Bélise une visionnaire qui, à travers les sciences, ne poursuit que des rêves d'amour. C.

— PAR LA VIE QUI S'EN DEGAGE.

Aussi ces personnages ne sont pas simplement tel vice fait homme : il y a en eux une complexité qui les rend vivants.

Harpagon en même temps qu'un avare est un amoureux sénile ; Tartuffe est un hypocrite à qui sa sensualité aveugle fait oublier à maintes reprises le rôle du « saint homme » qu'il doit jouer ; Alceste, le misanthrope, est le plus épris des amoureux. V.

Le style plaît au grand public A.

— IL EST VIVANT.

Les archaïsmes, les locutions populaires, les fautes de syntaxe, les lourdeurs, les redites, les images incohérentes, si elles sont sensibles à la lecture pour les puristes, donnent à la représentation l'expression d'une pensée jaillissante qui n'a le temps ni de se corriger, ni de s'alléger.

C'est ainsi que l'on s'exprime dans la vie courante. B.

— IL EST VARIE.

Il n'y a pas un style dans Molière, mais plusieurs styles : autant de styles, pourrait-on dire, que de personnages.

Alceste s'exprime en formules catégoriques et ne parle que par superlatifs.

Gathos et Madelon, dont la préciosité est toute de surface, mêlent la platitude à la recherche ; Mascarille et Jodelet, précieux d'occasion et valets de leur état, mêleront des expressions d'une préciosité outrancière et des formules d'une trivialité brutale. VI.

La morale est accessible au grand public Au spectateur, homme de bon sens, la morale de Molière plaît parce qu'il est l'apôtre de la juste mesure.

Le grand public applaudit à la morale du Misanthrope : pour lui comme pour Molière la vertu héroïque qui ne s'embarrasse pas des contingences est insupportable et même dangereuse au point de vue social.

Le Français moyen est un homme de société.

Il acceptera avec plaisir la peinture flattée des Aristes, des Glitandres, qui se plient aux exigences de la vie sociale, c'est-à-dire aux exigences de la vie en commun.

Ainsi tempéré par le respect des exigences sociales, il acceptera volontiers le point essentiel de la morale de Molière, qui est de se laisser aller à la nature, car elle est bonne et raisonnable.

Il haïra avec lui l'ascétisme qui violente la nature, comme les hypocrisies qui la masquent, celle des manières que pratiquent précieux et marquis, celle de l'esprit à laquelle se livrent pédants, cuistres et femmes savantes, celle de la religion qu'incarne Tartuffe. Ainsi l'oeuvre de Molière était-elle de nature à plaire au grand public.

Le choix des sujets, le comique, la peinture sociale et morale, le style, la morale enfin.

La raison en est que, dans cette oeuvre qui s'inspire du réel, c'est ce réel que l'on retrouve tout entier.

Le secret du succès de Molière est aussi le critérium auquel on reconnaît qu'un auteur comique a fait du sain et bon ouvrage : on retrouve dans son oeuvre l'image même et la leçon de la vie.. »

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