Querelles, disputes et affrontements sont courants au théâtre, tous genres confondus. Pourquoi peut-on dire qu'il s'agit là d'une ressource théâtrale particulièrement riche ?
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Querelles, disputes et affrontements sont courants au théâtre, tous genres confondus.
Pourquoi peut-on dire qu'il s'agit là d'une
ressource théâtrale particulièrement riche ? Vous vous appuierez sur vos connaissances, sur votre expérience de lecteur et de
spectateur et sur les textes du corpus.
(Les textes de mon corpus étaient Timon d'Athènes de Shakespeare, Timon ou le Misanthrope
de Lucien, Le Misanthrope de Molière et Le Misanthrope et l'Auvergnat de Labiche.
Le théâtre pour un écrivain est un moyen de faire passer des idées par le biais de la lecture ou de la représentation.
Ces idées
peuvent être des pensées réelles de l'auteur ou au contraire, des outils de provocation et de dérision utilisés afin d'offrir un nouveau
point de vue au lecteur ou au spectateur.
Les querelles, les disputes et le affrontements, qui sont courants au théâtre tous genres
confondus, font partie est moyens d'expression employés par un dramaturge.
Nous allons avant toute chose éclaircir ces termes : la
« querelle » est une opposition vive, un échange de propos hostiles, au théâtre il peut aussi s'agir d'une querelles amoureuse ; la
« dispute » est une discussion vive ; « l'affrontement » signifie que l'on attaque quelqu'un ou quelque chose avec courage.
Ces trois
termes sont des genres de conflits, ils précisent cependant le degré d'intensité du désaccord qui va progressivement de la dispute à
l'affrontement.
Une « ressource théâtrale » est un mode d'expression très évocateur, « riche » donc diversifié.
Nous allons donc
chercher à expliquer pourquoi on peut dire que les conflits sont une ressource théâtrale particulièrement riche.
Il est vrai que la plupart
des pièces de théâtre sont fondées sur un désaccord entre les personnages qui entraine par la suite un affrontement d'idées.
Pour
répondre à notre problématique et pour nous aider, nous avons un corpus constitué de quatre extraits de pièces de théâtre différentes
mais qui ont pour thème commun « les diatribes contre le genre humain ».
Nous montrerons d'abord que les conflits sont une ressource
théâtrale particulièrement riche car ils peuvent apparaître sous différentes formes, puis nous verrons que les conflits sont un ressort
théâtral.
Tout d'abord nous allons montrer que les conflits peuvent se présenter sous différentes formes.
Il existe un genre de conflit dont
on pourrait dire qu'il est direct car il s'exprime par un dialogue entre deux personnages soutenant des idées contradictoires ; nous
allons l'observer dans Le Misanthrope de Molière , entre Alceste et Philinte.
Dans l'acte I, scène 1 ils exposent leurs points de vue,
chacun par le biais d'une tirade, et s'affrontent.
Alceste explique les raisons qui le poussent à haïr les hommes : « Les uns, parce qu'ils
sont méchants et malfaisant, Et les autres, pour être aux méchants complaisants » (l.119-120) ; de l'autre côté, Philinte fait preuve de
plus de raison que son compagnon et dit qu'il faut « [faire] un peu grâce à la nature humaine ».
Dans les trois autres textes du corpus, le conflit est intérieur et passe par un seul personnage, en effet les deux Timon et Chiffonnet
dénigrent la nature humaine au cours de trois vigoureux monologues : « Les autres, tous des ennemis et des conspirateurs » (Lucien),
« Accordez à Timon que s'accroisse sa rage Contre tous les humains » (Shakespeare), « Oh ! les hommes ! … je les ai dans le nez »
(Labiche).
On peut aussi trouver des conflits qui apparaissent dans des actes plus que dans des discours.
Ils peuvent se présenter sous la forme
de duels (par exemple à l'épée) comme on peut en voir dans Lorenzaccio de Musset ou dans Dom Juan de Molière.
Ces différents exemples prouvent que les querelles, les disputes et les affrontements n'ont pas qu'une seule et unique forme, certains
seront verbaux, d'autres se feront à l'aide d'armes ; ces derniers seront cependant moins diversifiés que les précédents car ils
nécessiteront la présence d'au moins deux personnages.
Les pièces que nous avons citées n'appartiennent pas au même genre
théâtral, la pièce de Labiche et Le Misanthrope de Molière sont des comédies, tandis que les pièces de Shakespeare ( Timon d'Athènes
est généralement considérée comme étant une tragédie, mais certains disent que c'est un comédie) et de Lucien sont des tragédies et
que Lorenzaccio de Musset est un drame romantique.
Malgré leurs genres et leurs époques différentes, toutes ces pièces présentent un
conflit, cela montre bien la richesse théâtrale que représentent les querelles, les disputes et les affrontements.
Nous allons à présent voir ce que les conflits peuvent apporter à une pièce de théâtre.
Les conflits sont des échanges ou des
monologues très expressifs, on peut le vérifier grâce aux textes de notre corpus qui sont, comme nous pouvons le voir très ponctués.
Ce sont donc des passages animés.
Ce sont aussi des moments importants dans une pièce car d'une façon générale, les conflits
permettent de faire avancer l'intrigue tout en divertissant le lecteur ou le spectateur qui, à l'intérieur d'une réplique, pourra retrouver
des idées qui lui sont propres.
Les affrontements sont aussi généralement au service de l'idée ou de la morale que le dramaturge veut
communiquer à son public.
Nous avons vu dans la première partie que les conflits pouvaient s'adapter à tous les genres théâtraux, cependant ils ne seront pas
d'une même nature s'ils se trouvent à l'intérieur d'une comédie ou d'une tragédie.
Par exemple le conflit intérieur que vit Chiffonnet est
bien différent de celui de Timon.
En effet le conflit qui s'exprime chez Chiffonnet est superficiel et rend le personnage dérisoire, tandis
que le conflit qui apparaît chez Timon concerne l'humanité toute entière.
Dans la comédie de Labiche, Chiffonnet apparaît comme étant
un personnage grotesque qui n'aime pas les hommes parce que l'un d'entre eux lui a rendu « une pièce de quatre sous pour une de
cinq » ou qui veut renvoyer ses domestiques parce qu'il les emploie depuis déjà cinq jours.
A l'opposé on trouve Timon d'Athènes qui
méprise réellement les êtres humains et qui souhaite leur débauche, ses paroles sont crues et violentes : « Toi, le fils de seize ans,
arrache Aux vieux perclus, ton père, sa béquille rembourrée.
Fends-lui le crâne avec.
» Nous pouvons donc dire que la nature du conflit
souligne le genre théâtral auquel la pièce appartient, dans la comédie de Labiche le conflit intérieur de Chiffonnet fait rire, alors que
dans la tragédie de Shakespeare les pensées de Timon choquent et effraient.
Maintenant que nous avons vu ce qu'apportent au théâtre les différents conflits que sont les querelles, les disputes et les affrontements,
le fait que la majorité des pièces en soient dotées ne paraît plus si étrange ; et au contraire c'est une pièce qui en serait dépourvue qui
paraîtrait probablement un peu trop longue et terne.
Nous avons démontré tout au long de notre développement que les querelles, les disputes et les affrontements sont bels et
bien des ressources théâtrales riches, et ce de plusieurs façons.
Nous avons remarqué que les conflits pouvaient être exprimés et
représentés de diverses manières et qu'ils étaient universels au théâtre, donc que l'on pouvait les retrouver sous différentes formes et
ce dans tous les genres théâtraux et au travers des siècles.
Nous avons aussi vu que ces trois heurts que nous avons réunis sous
l'appellation de « conflit » pouvaient enrichir une pièce de théâtre, en divertissant le lecteur ou le spectateur tout en faisant avancer
l'histoire et en lui donnant un intérêt nouveau ; mais qu'ils incarnaient aussi un moyen de communication pour le dramaturge.
Nous
conclurons en disant que les querelles, les disputes et les affrontements en plus d'être des ressources, semblent être essentiels au
théâtre.
Ionesco a d'ailleurs affirmé que « sans conflit, il n'y a pas de théâtre »..
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