RABELAIS. chapitre 27 de Gargantua
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Commentaire d’un extrait du chapitre 27 de Gargantua de Rabelais
Introduction :
Notre extrait est tiré du second roman de Rabelais Gargantua (1534), qui fait suite à Pantagruel.
Rabelais est
un écrivain humaniste de la première moitié du 16e siècle.
Dans ses romans, il met en scène des géants pour mieux
révéler, de manière détournée, les problèmes de la société dans laquelle il vit et pour mieux dénoncer ses ennemis.
Le
projet de Rabelais est double, il est à la fois romanesque et philosophique.
En effet, il raconte les péripéties auxquelles
sont confrontés ses héros en même temps qu’il expose sa vision de l’homme ainsi que ses idées novatrices et
progressistes.
Dans ce passage, le narrateur présente un personnage Frère Jean des Entommeures, qui s’apprête à déclarer la
guerre à des hommes qui tentent de voler le vignoble de l’abbaye.
Pour le récompenser de ses exploits guerriers,
Gargantua lui permettra de faire construire sa propre abbaye, Thélème qu’il pourra organiser comme bon lui semblera.
Projet de lecture :
Dans le prologue de Pantagruel, Rabelais déclare qu’il faut chercher dans ses romans la « substantifique moelle »
qui sa cache derrière le sens littéral du texte.
Dans quelle mesure peut-on déceler plusieurs niveaux de lecture dans ce
texte ?
I Un texte narratif
1) La situation spatio-temporelle
Dans un roman, l’auteur situe précisément la situation afin de permettre au lecteur de trouver des repères dans un
univers romanesque particulier.
Nous pouvons relever des indications de temps et de lieu qui nous permettent de situer
précisément l’intrigue, notamment des compléments circonstanciels de lieux : « en l’abbaye », « à travers le clos de
leur vigne », « au chœur de leur vigne ».
Ces indications permettent au lecteur de se figurer un décor.
D’autre part,
nous devons être attentif au jeu des temps du passé : passé simple/ imparfait, propre au récit.
Dès la première ligne,
la structure présentative à l’imparfait « il y avait » permet de situer l’action dans un univers référentiel précis.
Ensuite,
Rabelais utilise le passé simple pour rendre compte de la progression du récit.
2) L’enchaînement des évènements : le passage du récit au dialogue
Rabelais dans ce passage mêle le récit et le discours pour donner plus d’épaisseur à ses personnages.
Après une
première phrase très longue, le pronom « celui-ci », associé au complément circonstanciel de temps « entendant le
bruit que faisaient les ennemis » marque une rupture qui introduit l’élément perturbateur : Frère Jean a entendu des
hommes voler les produits de la vigne des moines.
Ainsi, Rabelais raconte des actions, comme le révèle l’emploi du
passé simple ainsi que l’emploi de connecteurs temporels tels que « alors ».
Toutefois, Rabelais, comme le suggère la
tradition romanesque laisse une grande part au dialogue, celui-ci étant directement inséré dans la trame du récit
3) Une pause descriptive : le portrait de Frère Jean des Entommeures
Dans ce texte mêle portrait physique et psychologique avec beaucoup d’humour.
En effet, notre passage s’ouvre sur la
description du géant.
Celle-ci est construite par accumulation d’éléments divers.
Rabelais multiplie les caractérisants
ce qui tend à souligner l’importance du personnage pour la suite de l’intrigue.
Il commence par multiplier les adjectifs
puis il emploie des groupes nominaux de plus en plus longs.
Rabelais grâce à cette expression « un vrai moine s’il en fut
jamais depuis que le monde moinant moina de moinerie » fait de ce personnage un modèle, un porte-parole de ses
propres idées en matière de religion.
Il montre que Frère Jean est un bien meilleur moine que ses semblables.
C’est
d’autant plus important que le dialogue, dans la suite du texte, prend un caractère polémique puisque Frère Jean incite
les autres moines à partir en guerre contre les voleurs de vin.
Ainsi, le dialogue explicatif devient un dialogue
argumentatif car le moine cherche à convaincre les autres moines de la nécessité de la guerre.
Il propose deux
arguments.
Selon le premier, aimer le bon vin est « un précepte monacal », selon le second, les vendanges sont l’une
des activités essentielles des moines ».
Ainsi, Rabelais dresse un portait double à la fois physique et moral.
II Les ressorts du comique
1) L’humour au cœur de l’œuvre romanesque de Rabelais
Dans toute l’œuvre de Rabelais, l’humour apparaît comme un élément fondamental.
En effet, Rabelais veut divertir.
Ses
personnages doivent beaucoup aux personnages du folklore du Moyen Age, ainsi, ces géants sont avant tout des
personnages comiques.
Pour Rabelais, qui a quitté l’ordre des moines franciscains pour devenir médecin, le rire a une
vertu thérapeutique, il aide à guérir les malades et il permet à ceux qui sont en bonne santé de le rester.
Notre texte
témoigne de cet engouement rabelaisien pour le comique sous toutes ses formes.
Ainsi, il nous faut rappeler que
l’univers romanesque de Rabelais est, indépendamment des différentes péripéties, un monde très drôle puis que les
personnages sont des géants décalés dont les traits de caractère sont grossis pour mieux provoquer le rire.
Notons par.
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