Renan a dit, dans son Discours de réception à l'Académie française : « Le génie de Victor Hugo a sonné chaque heure de notre siècle, donné un corps à chacun de nos rêves, des ailes à chacune de nos pensées.» En vous appuyant sur les pages du grand poète que vous connaissez le mieux, vous essaierez de démontrer la justesse de cette phrase.
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«
Renan a dit, dans son Discours de réception à l'Académie française : « Le génie de Victor Hugo a sonné
chaque heure de notre siècle, donné un corps à chacun de nos rêves, des ailes à chacune de nos
pensées.» En vous appuyant sur les pages du grand poète que vous connaissez le mieux, vous essaierez
de démontrer la justesse de cette phrase.
Avant-propos: L'ambition maîtresse de Victor Hugo a été d'être « l'écho sonore » de son siècle.
Ce mot aide à
comprendre le sens qu'il faut attacher à la formule de Renan : événements, rêves et pensées du xixe siècle ont
trouvé un écho dans l'œuvre du grand écrivain, voilà ce qu'on demande à l'élève de montrer en s'inspirant seulement
de la partie poétique de cette œuvre, et dans la mesure où il la connaît, c'est-à-dire en se limitant, dans cet
immense sujet, à quelques vues sommaires, mais nettes.
Il aura soin de choisir des rêves et des pensées qui soient
bien conformes à l'esprit général du xixe siècle, et il demandera d'autre part à Renan la permission de parler des
rêves non pas en second, mais en dernier lieu, parce que les rêves prolongent en quelque sorte dans l'avenir les
événements et les pensées d'un siècle et, de ce fait, leur font suite.
I.
Oui, V.
Hugo a été en premier lieu l'écho des principaux événements historiques et politiques du XIXe
siècle, car:
1.
il a célébré les victoires foudroyantes de Napoléon Ier, ses défaites, son douloureux exil et sa mort sur le rocher
de Sainte-Hélène ;
2.
avec toute la France, il a exprimé sa sympathie enthousiaste pour les Grecs pendant la guerre de l'indépendance
hellénique ;
3.
il a glorifié la révolution et les morts de juillet 1830 dans un hymne immortel ;
4.
il a flétri le 2 décembre et ses suites dans cent pièces des Châtiments ;
5.
et dans l'Année terrible, il a dit les horreurs de 70, le courage de Paris pendant le siège, et fait revivre la
Commune dans tel ou tel épisode saisissant.
II.
Il a été aussi l'écho des pensées les plus chères au XIX1 siècle, notamment:
1.
au point de vue politique, en exprimant sa foi dans le triomphe final de la démocratie, mère du progrès, et
symbolisée dans un poème célèbre par le lion populaire dont la grande voix fait fuir le troupeau hideux des bêtes de
nuit ;
2.
au point de vue social, en faisant entendre de justes protestations:
a.
en faveur des enfants abandonnés dans la foule des hommes ou livrés à l'affreux travail de l'usine ;
b.
en faveur des pauvres, dont beaucoup, vieux héros de nos guerres, cassent aujourd'hui des cailloux sur les
routes, tandis que roule en carrosse le spéculateur qui a profité de nos désastres pour jouer à la baisse et s'enrichir
;
c.
en faveur des misérables devenus un jour des incendiaires et qui sont allés au bagne faute d'avoir pu aller à
l'école ;
3.
au point de vue philosophique, en exprimant sa foi dans le triomphe final de l'esprit, dont les savants et les
penseurs sont les prêtres et qui parviendra à arracher à la nature, un à un, tous ses voiles ;
4.au point de vue patriotique, en affirmant en toute occasion, et surtout dans nos malheurs, son amour passionné
pour la France.
III.
Il a enfin donné un corps à des rêves que le XIXe siècle a caressés, et dont quelques-uns sont entrés,
depuis, dans la voie des réalisations.
C'est ainsi qu'il a pressenti:
1.la conquête de l'air, qui déjà passionnait les esprits à la suite des essais de l'ingénieur Pétin (1850) ;
2.la fin des guerres, annoncée par un rouge-gorge blotti dans la gueule du lion de bronze de Waterloo ;
3.la Société des Nations et le rôle particulièrement important que la Suisse est appelée à y jouer ;
4.l'établissement d'une République universelle, gage de bonheur pour tous, etc.
Conclusion : On a pu reprocher à la poésie lyrique de V.
Hugo de manquer souvent de délicatesse ou de
profondeur.
En revanche, il a prêté aux sentiments de la foule une expression puissante et magnifiquement imagée ;
et si, par ses dons d'artiste, son œuvre est d'une beauté qui semble impérissable, elle gardera une impérissable
grandeur parce qu'elle a reflété tout un siècle..
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