René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) (Recueil : Epaves) - Le premier amour
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René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) (Recueil : Epaves) - Le premier amour Comme un verre intact, avant l'heure Où le remplira l'échanson, Au plus léger coup qui l'effleure Vibre d'un sonore frisson, Mais pour la fugitive atteinte N'a plus de soupir cristallin, Et ne tressaille ni ne tinte Sans aucun heurt dès qu'il est plein, Le jeune coeur, vivant calice, Frémit plaintif au moindre appel, Avant que l'Amour le remplisse De son généreux hydromel ; Mais, quand cet échanson céleste L'a, soudain, comblé jusqu'au bord, Plus rien n'y bat pour tout le reste ; Silencieux, il paraît mort ; C'est qu'il peut dédaigner la terre, Il aime ! le ciel est entré Dans sa profondeur solitaire : Il est immuable et sacré.
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