René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) (Recueil : La vie intérieure) - Les yeux
Extrait du document
René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) (Recueil : La vie intérieure) - Les yeux Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux, Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ; Ils dorment au fond des tombeaux Et le soleil se lève encore. Les nuits plus douces que les jours Ont enchanté des yeux sans nombre ; Les étoiles brillent toujours Et les yeux se sont remplis d'ombre. Oh ! qu'ils aient perdu le regard, Non, non, cela n'est pas possible ! Ils se sont tournés quelque part Vers ce qu'on nomme l'invisible ; Et comme les astres penchants, Nous quittent, mais au ciel demeurent, Les prunelles ont leurs couchants, Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent : Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux, Ouverts à quelque immense aurore, De l'autre côté des tombeaux Les yeux qu'on ferme voient encore.
Liens utiles
- René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) (Recueil : Stances et poèmes) - Printemps oublié
- René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) (Recueil : Epaves) - Le premier amour
- René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) (Recueil : Les solitudes) - La bouture
- René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) (Recueil : Croquis italiens) - L'escalier de l'ara coeli
- René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907) (Recueil : Les solitudes) - La pensée