Résumé: Boule de suif de GUY DE MAUPASSANT
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«
Boule de suif de GUY DE MAUPASSANT
Sur les quarante-trois années de la vie de Maupassant (18501893), une dizaine seulement auront été consacrées à écrire trois cents
nouvelles et six romans.
Ce filleul de Flaubert allait s'affirmer comme son disciple avant de rallier le cénacle qu'Émile Zola réunissait
dans sa maison de Médan.
D'un pessimisme tantôt amer, tantôt gaillard, passionné pour les choses vraies et simples, il supporte mal la
vie et sombre dans la folie.
Trente-huit ans après Nerval, deux ans après Van Gogh, il tente de se suicider et meurt dans une maison
de santé sans avoir recouvré la raison.
1880.
Boule de suif.
1881, La Maison Tellier.
1883, Contes de la Bécasse.
1883, Une Vie.
1885, Bel-Ami.
1887.
Mont-Oriol.
1888, Pierre et Jean.
1889, Fort comme la mort.
1890, Notre coeur.
Les Prussiens sont entrés dans Rouen.
A la peur succède l'apaisement.
Tandis qu'on pactise avec un envahisseur qui n'est pas si
terrible que cela, les riches commerçants songent à leurs intérêts.
Certains doivent gagner Le Havre ; une diligence est frétée dans
laquelle prennent place trois couples, dignes représentants de la société de province : un opulent marchand de vin en gros, le
propriétaire de trois filatures, un vieux gentilhomme orléaniste, assortis de leurs épouses.
« Ces six personnages formaient le fond de
la voiture, le côté de la société rentrée, sereine et forte, des honnêtes gens autorisés qui ont de la Religion et des principes.
» Deux
religieuses sont assises en face d'eux.
Mais deux autres voyageurs font tache dans ce tableau : c'est Cornudet, un ardent démocrate,
et « Boule de suif », une prostituée notoire.
C'est pourtant cette dernière qui, prévoyante, ouvrira largement à ses compagnons son
panier à provisions.
Cependant, à l'étape, un officier prussien témoigne le désir de rencontrer Boule de suif, et comme celle-ci s'obstine à ne pas céder au
caprice de l'ennemi, « on la pria, on la pressa, on la sermonna, et l'on finit par la convaincre ».
Mais le lendemain, lorsque, grâce à son
sacrifice accompli dans la répugnance, les voyageurs peuvent repartir, tous se détournent d'elle.
On dévore les provisions sans rien lui
offrir.
Et comme elle éclate en sanglots, « elle pleure sa honte », murmure-t-on.
• La note juste : Maupassant s'était fait de la sobriété une loi.
Ces quarante-huit pages en valent deux cents, et en disent davantage.
C'est l'éternelle histoire de la lâcheté, de l'ingratitude, de l'hypocrisie la plus révoltante.
Un patriotisme populaire passe dans ces pages
où l'intérêt individuel et égoïste l'emporte sur la solidarité.
• L'amère vérité : la prostituée au grand coeur, le commerçant avachi, le bourgeois suffisant, le noble décadent, le démocrate
cocardier, les bigotes prudemment perdues dans leurs prières, sont pris ensemble dans une situation telle que les uns provoquent
notre sympathie, les autres notre écoeurement, sans réticences et sans équivoques.
Quelle amertume dans la vérité !
Cinéma : Christian-Jaque, Boule de suif (1945).
Publiés dans des revues de 1880 à 1890, les Contes ont été réunis en volumes désignés par le titre du premier récit.
Ils ont parfois été
groupés de façon thématique.
Flaubert, ami de la famille Maupassant, initie tôt le jeune écrivain aux exigences de l'esthétique réaliste et lui fait rencontrer Huysmans,
Daudet et Zola.
Maupassant complète alors le petit groupe qui, chaque jeudi soir, se réunit chez Zola.
A travers près de trois cents récits, Maupassant évoque la Normandie, les souvenirs de la guerre de 1870.
Il offre une description
cruelle, cynique ou tendre de la société d'un siècle finissant.
Des vies
En 1880, Maupassant, qui n'a jusque-là écrit que des poèmes, compose Boule de Suif, nouvelle « antipatriotique » qui l'impose à
l'attention de tous.
Désormais, la voie de Maupassant, fils spirituel de Flaubert, admirateur de Balzac, est tracée.
En l'espace de dix
ans, il rédige près de trois cents nouvelles mettant, avec art, en relief les détails caractéristiques de la réalité.
Derrière la richesse et la
variété apparente des anecdotes narrées, les nouvelles reprennent toujours les mêmes thèmes, révélant une vision du monde
essentiellement pessimiste, parfois révoltée, souvent acide.
Ici, il est question de communication impossible entre les êtres, qu'ils
soient prisonniers de leurs sens ou épris d'idéaux ; là, on peut voir une famille se désagréger, les cœurs se briser.
Aux prises avec la
guerre, la folie ou la mort, l'homme se révèle dans son égoïsme impitoyable, dans sa « souffrance de vivre ».
D'une nouvelle à l'autre,
Maupassant évoque les mêmes milieux : la campagne normande, celle des hobereaux et des paysans (La Ficelle, La Bête à maître
Belhomme, etc.), Paris où se côtoient sans se croiser prostituées, grandes bourgeoises et petits fonctionnaires pétris de médiocrité (La
Parure, La Maison Tellier, etc.).
Au fil des mots
A la description documentaire, Maupassant préfère les notations rapides qui suffisent à la représentation d'un geste ou d'une silhouette.
Il choisit l'esquisse, optant pour l'anecdote plutôt que pour une tentative d'épuisement du réel.
Car c'est dans cette succession
d'événements à forte coloration romanesque qui marquent une vie que se lit la vérité d'un homme.
Derrière cette ample satire sociale
que brossent les nouvelles, c'est toute la colère, l'ironie mêlée de tendresse de Maupassant qui se donnent à lire.
Au-delà, les destins
qu'il narre illustrent ce tournant que connaît la fin du XIXe siècle avec l'émergence de l'esprit individualiste.
L'écriture, aisée, où le trait
acerbe s'allie à la poésie de la description, où la finesse psychologique se conjugue avec un sens aigu de l'histoire, est au service d'un
sentiment tragique de l'existence, d'une vision de la société d'où la notion d'individu tend à disparaître..
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