Résumé: Gargantua et Pantagruel de FRANÇOIS RABELAIS
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Gargantua et Pantagruel de FRANÇOIS RABELAIS
Né à la fin du XV e siècle, vers 1494, à Chinon, cet humaniste, successivement moine, puis médecin, aura largement dépassé la quarantaine sans avoir
publié un seul livre.
Sa vie, souvent errante, de Montpellier à Lyon, de Ligugé à Rome, est marquée par une suite de condamnations pour obscénités et de
persécutions qui l'atteindront jusque dans sa cure de Meudon en 1552.
Il meurt l'année suivante.
A l'époque de Rabelais, l'imprimerie vient d'être inventée et de petits almanachs sont colportés dans les foires.
L'un d'eux fournit à Rabelais l'idée de son
oeuvre.
Il s'intitulait les Grandes C hroniques du grand et énorme géant Gargantua, sorte de roman fantastique où Gargantua, géant créé par l'enchanteur
Merlin, vainc en Angleterre les ennemis du roi Arthur.
1532, Pantagruel.
1547-1552, Quart Livre.
1534, Gargantua.
1564.
Cinquiesme Livre
1546, Tiers Livre.
(posthume).
C et ensemble romanesque comporte cinq livres : chronologiquement, Pantagruel a paru deux ans avant Gargantua, dont il raconte cependant la suite.
L'idée
d'une oeuvre homogène, rassemblant les aventures des trois générations de géants : Grandgousier, Gargantua, Pantagruel, n'est venue à Rabelais qu'après
1546.
La trame, qu'il serait présomptueux de vouloir réduire à une intrigue cohérente, défie l'analyse.
Les 251 chapitres sont introduits par l'adverbe «
C omment ...».
Les aventures de Gargantua : après la description de la naissance « bien estrange » de Gargantua, fils de Grandgousier et de Gargamelle, et le récit de son
éducation par des pédagogues traditionnels, nous suivons le géant à Paris où il s'empresse de dérober les cloches de Notre-Dame pour les suspendre au
cou de sa jument.
Rappelé par son père, dont le territoire (lilliputien) a été envahi par Picrochole, il dirige lui-même les opérations, tandis que Frère Jean des
Entommeures se livre à des exploits spectaculaires.
La victoire de Gargantua est célébrée par la fondation de l'abbaye de Thélème, dont la règle, fort peu
monastique : « Fay ce que vouldras », est un code de libre arbitre entre le vice et la vertu.
Les aventures de Pantagruel : Pantagruel a hérité de son père une force colossale et une capacité stupéfiante d'absorption de nourriture et de boisson.
A près une enfance marquée par des actions hors du commun, il parcourt les universités.
A Orléans, il rencontre un écolier limousin au langage curieux.
A
Paris, il visite les bibliothèques, exhorté par son père qui désire pour lui une éducation moderne.
Il fait la connaissance de Panurge, le rusé ; d'Épistémon, le
savant ; d'Eusthènes, le fort ; de Carpalim, le rapide.
Pantagruel, grâce aux stratagèmes de P anurge, libère son pays, l'Utopie, envahi par un peuple voisin,
les Dipsodes, et conquiert même le territoire ennemi.
Le T iers Livre pose la question du mariage de Pantagruel.
On interroge à ce sujet une sorcière, un muet, un vieux poète nommé Raminagrobis, un
philosophe, un fou, et le juge Bridoye.
Tant de délibérations ne font qu'accroître la perplexité de tous.
On décide alors de s'en remettre au mystérieux oracle
d'une non moins mystérieuse « Dive Bouteille ».
Le voyage vers « Catay en Indie supérieure» où réside Bacbuc, la Dive Bouteille, occupe le Quart Livre.
L'épisode des moutons de Panurge y prend place.
Panurge marchande avec Dindenault un de ses moutons dont celui-ci demande un prix exorbitant (ch.
V I
& V II).
A u terme d'inénarrables palabres, Panurge tire des écus d'or de son escarcelle et paie comptant « un beau et grand mouton ».
Or voici que soudain,
il le jette en pleine mer, criant et bêlant ! Et tout le troupeau de le suivre et de périr à son tour dans les flots, bientôt imité par le marchand ruiné ! « Jamais
homme ne me feist plaisir sans récompense, ou recongnoissance pour le moins...
Jamais homme ne me feist desplaisir sans repentance, ou en ce monde, ou
en l'autre » (p.
561).
C ette fable sera reprise par V oltaire dans C andide, où les moutons volés à Candide par un marchand malhonnête se retrouvent noyés
lors d'un naufrage (ch.
XIX & XX).
De nombreuses îles sont visitées dont les habitants font l'objet de satires diverses.
C e n'est qu'au C inquiesme Livre que Pantagruel et ses compagnons sont enfin conduits au Temple de la Dive Bouteille et qu'ils reçoivent de la bouche de «
la pontife Bacbuc » l'oracle fameux : « Trinch ».
« Trinchons, dist Panurge », c'est-à-dire « buvons ».
Les principaux épisodes de ce dernier livre sont ceux
de l'Isle sonante, où les cloches résonnent toute la journée et dont les habitants se sont métamorphosés en oiseaux, et des C hats-fourrez, où l'archiduc
Grippeminault donne l'occasion d'une satire cruelle de la corruption de la justice.
• Parodie des romans chevaleresques : longtemps avant Don Quichotte, Pantagruel est un chevalier moderne.
Mais les aventures dont il est le héros, sont
fantastiques ou burlesques.
Le réalisme médiéval, boursouflé à l'excès par Rabelais, y devient baroque, c'est-à-dire délivré de toutes règles, et laissé à une
grande liberté d'expression (Gargantua, ch.
XXVII, p.
85).
• La verve : la surcharge même, le délire verbal qui s'empare de Rabelais avide de tout dire à la fois en accumulant les mots, font de ce roman un chefd'oeuvre du langage, un impressionnant exercice de style où le lecteur est saisi de vertige devant la verve de l'auteur.
Qu'on lise la liste des jeux de
Gargantua (ch.
XXII, p.
65-67) ou les colonnes d'épithètes que frère Jean débite à Panurge comme des litanies (Tiers Livre, ch.
XXV III, p.
430-432).
Quand les mots manquent, Rabelais les invente (Pantagruel, ch.
V I, p.
192).
• Les leçons : la fantaisie démesurée du pastiche et le désordre des digressions masquent le sens sérieux.
Le recours au passé légendaire n'est qu'une
illustration frénétique du monde contemporain.
Rabelais examine successivement :
— L'éducation, qu'il veut conforme à l'esprit de l'Humanisme (un champ ouvert à la connaissance ; un idéal moral, religieux et politique).
Dans une lettre à
son fils, Gargantua trace le programme d'instruction dont rêvaient tous les humanistes de la Renaissance (Pantagruel, ch.
V III, p.
203) : « Mais, parce que
selon le saige Salomon sapience n'entre point en âme malivole et science sans conscience n'est que ruine de l'âme, il te convient servir, aymer et craindre
Dieu, et en luy mettre toutes tes pensées et tout ton espoir...» (p.
206).
— L'Église, qui n'en échappe pas davantage à sa satire.
Les oiseaux de l' Isle sonante s'appellent Monesgaulx, P restregaulx, Abbegaulx, Evesquegaulx,
C ardingaulx et Papegaulx ; Evesgesses, C ardingesses et Papegesses.
Les huit chapitres de cet épisode du Cinquiesme Livre (p.
751-771) fournissent à
Rabelais l'occasion de tourner en ridicule les institutions religieuses.
Les oiseaux qui peuplent cette île, enfermés dans des cages, ne diffèrent des hommes
que par le plumage, et ils chantent quand les cloches sonnent.
— La Justice, qui, au pays des Chats-fourrez (les magistrats), vit de corruption (C inquiesme Livre, ch.
XI à XV , p.
775-788).
• La satire : elle s'exprime par fables ; la société des hommes est représentée par des sociétés animales en miniature dans les îles que visite Pantagruel et
qui sont autant de microcosmes reflétant le monde dans leur miroir grossissant.
Les portraits individuels des hommes et des institutions, tout divertissants
et railleurs qu'ils soient, nous invitent à universaliser les leçons que nous tirons de cette vision facétieuse et forte.
• La morale : le propre de Rabelais, c'est le rire, bruyant et inextinguible.
La générosité l'emporte toujours sur la malice.
Le bonheur de vivre éclate jusque
dans le symbole final : au pays où ce sont les bouteilles qui rendent les oracles, que signifie cet ordre ? Trinch ! Bois ! Comment faut-il interpréter ce mot ?
Que faut-il boire ? C'est de l'ivresse du savoir qu'il s'agit, d'une avidité de saisir de toutes parts ce monde qui, pour l'homme de la Renaissance, sort peu à
peu de sa nuit.
C ette oeuvre ne ressemble à aucune autre.
Par elle se dénoue la crise qui avait marqué le passage du Moyen A ge à la Renaissance.
Elle explose
brusquement au coeur du XVIe siècle, n'héritant du monde médiéval encore proche que pour mieux se délivrer de l'Histoire et s'interroger sur l'homme
éternel.
Opéra-comique : C laude Terrasse, Pantagruel (1911)..
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