Résumé: La vie de Marianne de Marivaux
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La vie de Marianne de Marivaux
Marivaux (1688-1763) aura certes survécu grâce à son théâtre plus qu'à ses romans, parfois inachevés, ou à ses recueils
de récits.
Ruiné par la banqueroute de Law, familier des salons (Mme du Deffand, Mn' de Tencin) autant que des acteurs
de la Comédie-Française, Marivaux n'a pas d'histoire, sinon celle d'un homme qui n'a guère été heureux.
Un manuscrit trouvé à la campagne relate la vie de Marianne : c'est elle-même qui la raconte pour l'une de ses amies.
Remontant le cours du temps, Marianne cherche à percer le mystère de sa naissance.
Elle ne se souvient que du curé qui
la recueillit et l'éleva jusqu'à l'âge de quinze ans.
La soeur de son tuteur l'emmène avec elle à Paris, mais elle meurt
subitement, abandonnant Marianne à elle-même.
Un religieux rencontré par hasard la présente alors à M.
de Climal,
homme d'une cinquantaine d'années qui la place chez une lingère et lui manifeste un intérêt sans équivoque.
Un jour, à l'église, Marianne aperçoit un jeune homme qui provoque chez elle « un mélange de trouble, de plaisir et de
peur » (p.
126).
Renversée par la voiture de l'inconnu, elle est transportée chez lui.
Il se nomme Valville.
L'amour naît
aussitôt.
Cependant, M.
de Climal presse Marianne de lui céder.
Valville, qui se révèle être son neveu, le surprend aux
genoux de Marianne qui, affolée, se réfugie dans un couvent.
Elle y reçoit bientôt la visite d'une dame qui se pose en
bienfaitrice, Mm` de Miran : en réalité, la mère de Valville.
La condition d'orpheline de Marianne constitue un obstacle au
mariage des jeunes gens.
Pour soustraire définitivement Marianne à Valville, la famille de Mme de Miran la fait enlever.
Il
n'en était nul besoin : l'amoureux volage s'éprend bientôt d'une autre, Mlle Varthon, tandis que Marianne cherche des
raisons de se rassurer : « Son coeur n'est pas usé pour moi, il n'est seulement qu'un peu rassasié du plaisir de m'aimer,
pour en avoir trop pris d'abord » (p.
387).
Désemparée, elle songe à se faire religieuse.
• Le pittoresque : Marivaux dépeint à l'aide de scènes plaisantes (l'altercation entre la Dutour et un cocher, p.
151) le
peuple de Paris : « Ce sont des émotions d'âme que ce peuple demande ; les plus fortes sont les meilleures : il cherche à
vous plaindre si on vous outrage, à s'attendrir pour vous si on vous blesse, à frémir pour votre vie si on la menace...» (p.
152).
• Les sentiments : l'analyse minutieuse du coeur humain y revêt des aspects dramatiques qui n'étonneront pas chez
Marivaux, homme de théâtre.
La scène de l'aveu entre Mlle Varthon et Marianne (p.
380-385) a les qualités d'un dialogue
au cours duquel l'évidence d'un quiproquo se fait progressivement jour.
Chaque partie du roman est conçue comme un
acte.
• Le réalisme : comme dans Manon Lescaut, qui lui est contemporain, on trouve un mélange incessant de réalisme et de
romanesque ; de plus en plus le romancier cherche à intégrer les situations qu'il crée et les héros qu'il invente dans un
cadre authentique.
Il veut rendre ses personnages vraisemblables.
• L'originalité : Marivaux écrit le roman de l'infortune, crée un personnage d'orpheline, de bâtarde, qui réapparaîtra dans
les romans de Hugo, de Dumas, d'Eugène Sue, et qui resurgira au XXe siècle avec les héros existentiels de Sartre et de
Camus'.
Même si on ne lit plus guère la Vie de Marianne, qu'une boutade d'André Gide plaçait parmi les dix romans qu'il eût
emportés dans une île déserte, l'oeuvre de Marivaux, tout inachevée et inégale qu'elle soit, n'en est pas moins
profondément originale.
La publication du roman s'étale sur dix ans (1731-1741) et fut entrecoupée par celle du Paysan parvenu.
Les lecteurs
contemporains n'ont donc pas lu ces aventures d'un trait.
Marianne raconte à une amie les épisodes de sa vie mouvementée.
Sa naissance illustre mais mystérieuse et sa beauté
l'ont plongée dans de multiples épreuves.
Marianne, ou les infortunes de la vertu
Marianne fait par lettres le récit de sa vie à une amie.
Des brigands, lors de l'attaque d'un carrosse, ayant tué ses parents,
Marianne est recueillie par un curé et la sœur de celui-ci.
Lorsque ses protecteurs meurent, Marianne devient apprentie
lingère à Paris chez Mme Dutour.
Très vite, sa beauté retient l'attention d'un vieux dévot, M.
Climal, qui 81 la couvre de
cadeaux, qu'elle accepte sur les conseils de Mme Dutour.
Un accident don! Il elle est la victime lui fait rencontrer un jeune
j| homme, M.
de Valville : ils tombent amoureux.
Quel n'est pas l'étonnement de Marianne lorsqu'elle voit entrer chez M.
de
Valville M.
Climal, qui n'est autre que l'oncle du jeune homme ! Le vieillard veut en faire sa maîtresse.
Outrée, Marianne
révèle au prêtre qui lui a fait connaître le dévot la triste réalité et entre au couvent.
Mais M.
de Valville la fait rechercher et
sa mère, Mme de Miran, lui rend visite.
Émue par l'honnêteté de Marianne, celle-ci m?sm consent à leur mariage.
D'innombrables péripéties diffèrent cependant l'heureux dénouement.
Le destin et la famille de M.
de Valville se jouent des
deux amants, dont l'un est enfermé un temps à la Bastille et l'autre se découvre la petite-fille d'un duc.
Le roman reste
inachevé.
L'écriture comme miroir
Rompant avec la tradition, Marivaux situe .son roman dans le cadre de son temps.
Les aventures de Marianne nous font
pénétrer dans des milieux divers, un presbytère de campagne, une boutique de lingère, un salon littéraire, un couvent,
etc., que Marivaux n'hésite pas à critiquer.
Mais son analyse la plus fine porte sur les « mouvements » du cœur de
l'héroïne, qui sont étudiés de l'intérieur par Marianne elle-même, laquelle commente sa vie et confère ainsi à l'étude
psychologique un accent d'authenticité.
La vivacité et la vérité de l'action, l'explication rétrospective subtile et encore
imprégnée par la passion de naguère font oublier les longueurs du roman..
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