Résumé: L'Assommoir d'ÉMILE ZOLA
Extrait du document
«
L'Assommoir d'ÉMILE ZOLA
Après une enfance modeste et des études médiocres à Aix, Émile Zola (1840-1902) publie à vingt-quatre ans son
premier roman, les Contes à Ninon (1864).
C'est après Thérèse Raquin (1867) qu'il conçoit le projet d'un cycle
analogue à la Comédie Humaine.
Vingt romans, publiés de 1871 à 1893, retracent « l'histoire naturelle d'une famille
sous le Second Empire ».
La chance pourrait sourire à Gervaise Macquart et à Auguste Lantier quand ils arrivent de Plassans à Paris : mais ils
sont pris au piège de la misère qui règne sur le quartier de la Goutte-d'Or où ils s'installent.
Vite abandonnée par son
amant, Gervaise se retrouve avec leurs deux enfants, Claude et Étienne, démunie, « prise d'une épouvante sourde,
comme si la vie, désormais, allait tenir là, entre un abattoir et un hôpital » (p.
61).
Elle s'engage comme
blanchisseuse et épouse un ouvrier zingueur, Coupeau.
Gervaise est jolie, malgré une légère claudication, mais elle
est faible.
Une fille naît, Nana.
Hélas ! l'oisiveté consécutive à un accident de travail conduira trop souvent Coupeau
à l'Assommoir, le cabaret du père Colombe.
Il devient violent, bat les enfants.
Pourtant Gervaise, toujours
courageuse, et qui a l'ambition de s'élever dans la classe ouvrière, a loué une boutique de blanchisseuse et,
jouissant de l'estime du quartier, se fait une clientèle.
Il lui arrivera de contempler ce quartier dans lequel elle vit et qui sera le théâtre de sa déchéance : « Les façades
grises avec les loques des fenêtres séchant au soleil, la cour blafarde aux pavés défoncés de place publique, le
ronflement du travail qui sortait des murs, lui causaient un tel trouble, une joie d'être enfin près de contenter son
ambition, une peur de ne pas réussir et de se trouver écrasée dans cette lutte énorme contre la faim, dont elle
entendait le souffle » (p.
149).
A mesure que Coupeau sombre dans l'ivrognerie, elle s'endette, elle prend de
l'embonpoint.
Elle devient l'amie de Virginie, qui la trahira, et de Goujet qu'elle aime d'un « amour inavoué, d'une
douceur d'amitié » (p.
208).
Lantier réapparaît et, profitant de la faiblesse de Gervaise, s'installe au foyer des
Coupeau.
Gervaise est perdue.
Entre son mari que guette le delirium tremens et son amant qui la trompe avec
Virginie et s'empare de sa boutique, elle s'abandonne à la crasse et à l'eau-de-vie, donnant à Nana, âgée de treize
ans, le spectacle de la misère et de la débauche : « Au milieu de cette existence enragée par la misère, Gervaise
souffrait encore des faims qu'elle entendait râler autour d'elle » (p.
337).
Réduite à laver le plancher de son
ancienne boutique, à mendier, à chercher sa nourriture dans les poubelles, prématurément vieillie, laide, hébétée par
l'alcool, elle « meurt un peu de faim tous les jours » (p.
444) et « la mort devait la prendre petit à petit, morceau
par morceau, en la traînant ainsi jusqu'au bout dans la sacrée existence qu'elle s'était faite » (p.
445): on la
retrouve morte sous un escalier où elle se terrait comme une bête.
• La descendance de Gervaise : Gervaise, née en 1828, est la fille d'une riche paysanne, Adélaïde Foulque et de son
amant, Antoine Macquart.
Elle appartient donc à la branche bâtarde de la famille (la Fortune des Rougon).
Sa mère
est morte dans un asile d'aliénés ; son père était alcoolique.
Cette double hérédité pèse sur ses enfants.
Nana, à
quinze ans, « devenait garce » (p.
360) : elle tombe dans l'hystérie et la déchéance à mesure qu'elle venge sa
caste en ruinant ses riches amants (Nana).
Étienne n'échappe à ses origines que par une action vengeresse contre
la société, rêvant d'une hiérarchie où l'injustice serait intolérable (Germinal).
Claude, peintre, se suicide devant le
tableau inachevé qui n'a pu, par un acte de création artistique, l'exorciser de ses hallucinations (L' Œuvre).
A ces
Atrides du quartier de la Goutte-d'Or, il manquait un meurtrier.
Entre Une Page d'amour, où paraît pour la première
fois l'arbre généalogique des Rougon-Macquart, où il donne trois enfants à Gervaise, et le Docteur Pascal où il
complète cet arbre, Zola invente Jacques Lantier, troisième fils de Gervaise, qui réalise la fusion père-mère,
alcoolisme et névrose, par l'obsession du sang (la Bête humaine).
Avec lui s'éteint la dynastie des Macquart.
• Le roman expérimental : « Le romancier est fait d'un observateur et d'un expérimentateur.
L'observateur, chez lui,
donne les faits tels qu'il les a observés, pose le point de départ, établit le terrain solide sur lequel vont marcher les
personnages et se développer les phénomènes.
Puis l'expérimentateur paraît et institue l'expérience, je veux dire fait
mouvoir les personnages dans une histoire particulière pour y montrer que la succession des faits y sera telle que
l'exige le déterminisme des phénomènes mis à l'étude.
» Dans ces lignes du Roman expérimental (1877), Zola expose
ses théories.
L'art se veut une science.
Il s'agit de rejoindre la nature en s'aidant de l'optique, de la géométrie ou de
la physiologie.
C'est sous l'influence des savants contemporains' qu'il a conçu son cycle romanesque.
Dans l'Assommoir, il est observateur d'un milieu ouvrier urbain (fleuriste, blanchisseuse, couvreur, boulonnier).
Tout
le roman se déroule dans un seul quartier, une seule rue, une seule maison même dont la boutique de Gervaise est le
cœur.
Les descriptions sont d'une grande précision (cf.
la fabrication des rivets, p.
185).
Il est expérimentateur parce qu'il lance ses personnages dans une histoire où ils sont pris dans le double engrenage
de la fatalité qui les a engendrés et des situations qui se succèdent.
Il met à l'étude un phénomène particulier,
l'alcoolisme, et laisse pratiquement glisser vers leur déclin les êtres qu'il a créés, Gervaise, Coupeau, Nana, avec une
sorte de désespoir de l'auteur qui ne veut pas les sauver, qui ne peut pas les sauver, tant ils sont insérés dans une
machine implacable qui les broie et que rien n'arrête.
• Le roman parlé : l'action semble alors perçue et exprimée par les personnages, soit au niveau des paroles qu'ils
prononcent (et Zola utilise l'argot), soit par l'intermédiaire d'une sorte de dialogue intérieur qui ne fait qu'accroître
l'intensité dramatique du roman.
Ils s'observent, s'analysent eux-mêmes, se dissèquent et s'autopsient, pas assez
intelligents, ou pas assez heureux, ou déjà trop environnés des brumes de l'alcool ou des chimères de la folie pour
distinguer qu'ils sont les propres peintres de leur détresse et de leur dégradation.
Le style de l'Assommoir est un
style parlé, un style indirect libre que Zola se garde bien de systématiser.
C'est l'une des grandes originalités de ce
roman.
• Un observateur : Zola se rend dans les corons, descend dans les mines (Germinal), retrace les plans des grands
magasins qui vont ruiner le petit commerce (Au Bonheur des Dames), donne à sa documentation minutieuse une
dimension épique : l'accident de chemin de fer de la Bête humaine, la fête de Gervaise dans l'Assommoir, la charge
de cavalerie dans la Débâcle.
Il livre des faits à la sagacité du lecteur, il n'explicite aucun message.
Il dénonce les.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Émile Zola, L'Assommoir
- Émile Zola, L'Assommoir, chapitre V.
- Émile Zola, L'Assommoir, chapitre V.
- Émile Zola, L'Assommoir, chapitre VII.
- Émile Zola, L'Assommoir, chapitre XIII.