Résumé: Le Roman de Tristan et Iseut
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«
Le Roman de Tristan et Iseut
S'il revient à Chrétien de Troyes d'avoir donné à notre littérature sa première oeuvre personnelle, Tristan et Iseut, l'un des
plus beaux romans d'amour jamais écrits, n'a pas un seul auteur, mais plusieurs.
Le texte que nous connaissons n'est
qu'une mosaïque de fragments patiemment assemblés et harmonisés.
Ce n'est qu'en 1900 que l'historien Joseph Bédier s'est livré sur ces vestiges mutilés par le temps à un travail
d'archéologue et de restaurateur.
Homogénéisant les divers fragments, restituant les parties perdues, il a fait de l'oeuvre
collective un seul et merveilleux roman.
Tristan et Iseut raconte l'histoire de deux êtres qu'une supercherie du destin a réunis dans un amour auquel même la mort
n'est pas capable de mettre fin.
C'est par hasard que la barque de Tristan, à bord de laquelle, sans rames ni voiles, avec
sa seule harpe, il dérive, infecté par une blessure, le mène vers Iseut, la belle aux cheveux d'or.
Guéri par ses soins,
Tristan revient en Cornouailles, à la cour du roi Marc, son oncle.
Mais quand celui-ci, qui cherche une épouse, entend parler
de la jeune fille que son neveu a rencontrée en Irlande, il décide de la faire venir à sa cour.
Il délègue Tristan qui obtient
pour lui la main d'Iseut.
Mais au cours de la traversée qui ramène les jeunes gens en Cornouailles, une enfant leur sert par
erreur un philtre magique : « Non, ce n'était pas du vin, c'était la passion, c'était l'âpre joie et l'angoisse sans fin, et la mort
» (p.
46).
Les voici unis pour l'éternité.
Nul pouvoir ne peut les séparer.
Cependant, le roi Marc épouse Iseut.
Contre leur gré, les amants deviennent adultères, car rien, ni la séparation, ni les
épreuves, n'affaiblit leur passion.
Les trouvant endormis dans la forêt, une épée entre leurs deux corps, le roi Marc les
prend en pitié.
Il demande un jour à son neveu, qu'il n'a pas reconnu, parce qu'il s'est rasé et grimé comme le fou du roi : «
Si je te donne la reine, qu'en voudras-tu faire? Où l'emmèneras-tu ? — Là-haut, entre le ciel et la nue, dans une belle
maison de verre.
Le soleil la traverse de ses rayons, les vents ne peuvent l'ébranler ; j'y porterai la reine en une chambre
de cristal, toute fleurie de roses, toute lumineuse au matin quand le soleil la frappe.
» (p.
193).
Le poète nous fait entrer
dans la mort comme dans un mirage.
Blessé par un coup de lance empoisonnée, Tristan agonise.
Iseut, qu'il appelle au
secours, le rejoint trop tard.
Tristan, trahi par une autre Iseut, qu'il avait épousée, n'aura pas su que celle qu'il aimait
viendrait mourir contre lui.
Nul ne coupera la ronce qui, jaillie d'une tombe, s'enfonce dans l'autre et prend racine dans
leurs coeurs.
• Le merveilleux : « Tristan, dit la reine, les gens de mer n'assurent-ils pas que ce château de Tintagel est enchanté et
que, par sortilège, deux fois l'an, en hiver et en été, il se perd et disparaît aux yeux ? Il s'est perdu maintenant.
N'est-ce
pas ici le verger merveilleux dont parlent les lais de harpe : une muraille d'air l'enclôt de toutes parts ; des arbres fleuris,
un sol embaumé ; le héros y vit sans vieillir entre les bras de son amie et nulle force ennemie ne peut briser la muraille
d'air » (p.
66).
• L'amour courtois : passion mystérieuse et fatale, il résulte d'une quête (Tristan part à la recherche d'Iseut), connaît les
épreuves (soupçons, trahisons, exils) et n'atteint son apothéose que dans la mort.
• L'influence : le merveilleux épique et féerique des romans bretons auxquels se rattache Tristan et Iseut, des « belles
errances du royaume d'Arthur» selon l'expression de Dante, a enchanté les arts de tous les siècles jusqu'à la fin du nôtre.
Il est de ces légendes si enracinées qu'elles constituent le fondement même des aspirations humaines.
Opéra : Richard Wagner, Tristan et /solde (1857-1859).
Cinéma : Jean Delannoy et Jean Cocteau, l'Éternel Retour (1943).
Une épopée de l'amour
Tristan (le triste), parfait damoiseau qui excelle aux armes et à la harpe, brave courageusement le géant Morholt.
A la
suite de ce combat, il est soigné par la belle Iseut la Blonde.
Revenu chez son oncle, le roi Marc de Cornouailles, il est
chargé de lui trouver une épouse.
Tristan pense à Iseut la Blonde.
Sur la nef qui les conduit au royaume de Marc, Tristan et
Iseut boivent par méprise le philtre d'amour préparé à l'intention des futurs époux.
Liés par ce sort, les amants continuent
à s'aimer malgré le mariage de Marc et d'Iseut.
Leur relation ayant été dévoilée, Tristan s'exile et épouse Iseut aux
blanches mains.
A l'agonie, par suite d'un combat malheureux, il fait appeler Iseut la Blonde.
Celle-ci accourt mais essuie
une tempête en mer qui la retarde.
Son navire arbore une voile blanche, signe de sa venue.
La jalousie pousse la femme
de Tristan à lui dire que la voile est noire, signe que sa bien-aimée ne viendra pas.
Tristan trépasse alors et Iseut,
désespérée, s'allonge près de lui et meurt d'amour.
Un roman mythique
Tristan et Iseut fait partie du fonds légendaire celtique dit la Matière de Bretagne.
Ce thème a inspiré plusieurs œuvres,
dont la version de Thomas (1175) qui s'appuie sur la poésie courtoise et celle, épique, de Béroul (1190).
Le récit des
amours de Tristan et Iseut est celui d'une fatalité tragique.
Dans un univers mystérieux, parfois merveilleux, les deux héros
luttent contre un destin écrasant qui les condamne à toutes sortes d'épreuves, code de l'amour passion.
Le pouvoir du
philtre plonge Iseut dans l'adultère malgré elle et contraint Tristan, l'obligé du roi Marc, à la félonie.
Les lois du monde
semblent incontournables, puisque seule la mort libérera et réunira enfin les amants.
Ce texte, haut en couleur, concilie les
réalités du Moyen Age et un univers enchanté.
La magie a pourtant plus de pouvoir puisque c'est elle qui domine le cours
des événements.
De cette victoire de la passion (amour impossible) sur le mariage (amour possible) naîtra le mythe auquel
"se rattachent deux grandes traditions de la culture occidentale : le romantisme et le roman".
(Denis de Rougemont)..
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