Résumé: Les Faux-Monnayeurs d'ANDRÉ GIDE
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Les Faux-Monnayeurs d'ANDRÉ GIDE
André Gide (1869-1951) a porté en lui une révolte contre la cellule familiale, qui lui paraissait vraiment une geôle, et
l'éducation protestante, dont toute son enfance avait été victime.
Son œuvre littéraire est une tentative d'émancipation, le
combat et la confession d'un homme qui n'est pas allé dans sa vie jusqu'au bout de lui-même.
Il a porté les Faux-Monnayeurs en lui de 1919 à 1925.
On a dit que c'était un roman « raté » : sans doute l'a-t-il voulu
ainsi, car il y tourne en dérision les romans réussis.
1902, L'Immoraliste.
1914, Les Caves du Vatican.
1908, La Porte étroite.
1919, La Symphonie pastorale.
1911, Isabelle.
1926, Les Faux-Monnayeurs.
Ce qui arrive, dans les Faux-Monnayeurs, est particulièrement compliqué.
Plusieurs personnages, issus de six familles
différentes, sont les anti-héros de ce roman : en effet, aucun personnage n'est jamais privilégié, aucun ne joue le rôle du «
héros » ; ils se contentent de coexister.
On pourrait être tenté de faire éclater l'action autour de Bernard et de son
séduisant ami Olivier, que lie une affection très particulière.
Mais voici que se manifestent les deux frères d'Olivier.
L'un,
Georges, est surpris au moment où il vole un livre chez un bouquiniste par un certain Édouard, qui s'avère être son oncle ;
l'autre, Vincent, s'abandonne à la perverse Lady Griffith.
Un riche dilettante aux mœurs troubles, son ami Strouvilhou, et le
cousin de ce dernier, Ghéridanisol, sont les mauvais génies de tous.
L'action, si action il y a, semble parfois se concentrer sur Édouard, romancier qui est justement en train d'écrire un roman
intitulé les Faux-Monnayeurs, et dont le Journal prend souvent le relais de la narration proprement dite.
Deux jeunes
femmes, Laura, délaissée par Vincent, et Sarah, sa sœur, sont prises dans un imbroglio sentimental avec tous les garçons.
Leur père, le pasteur Vedel, dirige une école où les jeunes gens sont demi-pensionnaires.
Un enfant, Boris, poussé par ses
camarades, se fait sauter la cervelle en pleine classe et achève sur un fait divers équivoque aussi tragique que gratuit des
aventures qui pourraient être continuées...
• Un roman sans sujet : l'absence de tout nœud romanesque égare le lecteur : « Ainsi l'auteur imprévoyant s'arrête un
instant, reprend son souffle, et se demande avec inquiétude où va le mener le récit » (p.
215).
Sans cesse, le romancier,
par la voix d'Édouard, s'explique sur sa conception du roman : « X...
soutient que le bon romancier doit, avant de
commencer son livre, savoir comment ce livre finira.
Pour moi, qui laisse aller le mien à l'aventure, je considère que la vie ne
nous propose jamais rien qui, tout autant qu'un aboutissement, ne puisse être considéré comme un nouveau point de
départ » (p.
322).
Ce qui se passe semble en train d'arriver au fur et à mesure que nous lisons.
• Familles, je vous hais : Bernard est un enfant naturel : déraciné, exclu, exilé dans son angoisse.
Cependant, il préfigure
le conquérant de Malraux, l'existant de Sartre, l'étranger de Camus, le hussard de Giono : « L'avenir appartient aux
bâtards...
Seul le bâtard a droit au naturel » (p.
113).
Ce qui explique le célèbre « Familles, je vous hais » des Nourritures
terrestres.
Tandis que Maurice Barrès préconise d'« être ce que furent nos pères », André Gide trace une morale
séduisante de l'émancipation qui marqua profondément la jeunesse au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
« J'ai écrit le premier dialogue entre Olivier et Bernard et les scènes entre Passavant et Vincent, sans du tout savoir ce que
je ferais de ces personnages, ni qui ils étaient.
(André Gide, Le Journal des Faux-Monnayeurs.)
« Le style des Faux-Monnayeurs ne doit présenter aucun intérêt de surface, aucune saillie.
Tout doit être dit de la manière
la plus plate, celle qui fera dire à certains jongleurs : que trouvez-vous à admirer là-dedans ? » (André Gide, Le Journal des
Faux-Monnayeurs.)
Gide raconte les faits et gestes d'un groupe de garçons, collégiens ou étudiants.
Il met en scène autour de l'action un
romancier écrivant son journal entre deux rédactions d'un roman qu'il veut intituler Les Faux-Monnayeurs.
Le contenu des émancipations
Bernard Profitendieu apprend qu'il n'est pas le fils de son père.
Il en profite pour fuir l'austère maison familiale.
Il dérobe la
valise d'un écrivain et lit son journal, le journal d'Édouard, oncle d'Olivier Molinier, son meilleur ami.
L' écrivain pardonne à
l'adolescent et lui propose de devenir son secrétaire.
Il écrit à cette époque-là un roman, Les Faux-Monnayeurs, dan;
lequel il décrit ses angoisses, ses difficultés à raconter les choses.
Bernard lui fait remarquer qu'il vaut mieux regarder ce
qui se passe autour de soi.
Le romanesque est dans la vie.
Ainsi, la famille Molinier : Vincent, l'aîné, médecin, abandonne
Laura Vedel-Azaïs pour lady Lilian Griffith, qu'il tuera en Afrique, avant de sombrer dans la folie ; Olivier, le deuxième, qui
cherche l'aventure et qui fréquente l'écrivain décadent Robert de Passavant ; Georges enfin, élève à l'École Vedel-Azaïs,
membre de la « confrérie des hommes forts », qui rassemble les caïds de l'établissement et qui provoque une tragédie en
commandant au petit Boris de se suicider.
Cette bande est également impliquée dans un trafic de fausses pièces.
La « mise en abyme »
La modernité et la singularité de ce roman tiennent en partie à la complexité de sa construction.
On glisse
progressivement d'intrigue en intrigue en suivant Bernard, puis Olivier, puis Vincent.
La succession des personnages
permet une multiplication des points de vue et donne une impression de foisonnement extraordinaire, chaque personnage
ajoutant une part d'information au récit.
En outre, Gide ne raconte que par le truchement d'autrui : ainsi son roman
apparaît-il comme celui que l'un des personnages, l'oncle Édouard, est en train d'écrire...
Ce procédé, baptisé par Gide «
mise en abyme », a connu une fortune peut-être excessive dans la théorie littéraire contemporaine.
Enfin, pour parfaire le
caractère réflexif de son travail, Gide a tenu un Journal des Faux-Monnayeurs, dans lequel il retranscrit la genèse de l'
oeuvre..
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