Résumé: Nadja d'ANDRÉ BRETON
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«
Nadja d'ANDRÉ BRETON
Chez André Breton (1896-1966), fondateur du mouvement surréaliste, le théoricien et le poète se confondent
constamment.
La publication de Nadja en 1928 suit de très près le premier Manifeste du surréalisme (1924) dans
lequel Breton expose en particulier ses idées sur le roman avant de les mettre en pratique dans le sien.
Il cherchait
alors avec ses compagnons un moyen d'investigation qui leur permettrait d'explorer l'inconscient, le rêve,
l'inaccessible.
Aussi les formes traditionnelles sont-elles condamnées.
Breton se souvient qu'affecté après la guerre
dans des services neuro-psychiatriques (il avait commencé des études de médecine), il s'était initié aux travaux de
Freud.
Et il entreprend consciemment ce que Nerval avait accompli dans la folie : il laisse parler sa pensée.
Il n'y a dans Nadja d'autre intrigue que celle de la vie qui se déroule dans un Paris où l'auteur est en quête du
hasard qui changera sa vie.
Il fait la connaissance rue Lafayette d'une jeune femme pauvrement vêtue et
curieusement fardée.
Leur aventure est ponctuée de rencontres parfois voulues, parfois fortuites : « Je cours, au
hasard, dans une des trois directions qu'elle a pu prendre.
C'est elle, en effet...
» (p.
104).
Nadja, dont le nom
commence comme « espoir » en russe, « mais n'en est que le commencement », entraîne André Breton dans une
seconde réalité aux portes du rêve.
Hors de toute organisation romanesque, il laisse Nadja exister, portée par les
faits qui l'entraînent, « âme errante », âme venue de l'au-delà et qui a du mal à demeurer dans cette frange étroite
qui est celle d'un état de veille.
Chaque jour, elle est plongée plus profondément dans une sorte de sommeil
hypnotique qui la conduira à la folie.
• Le surréel : chez Nerval (cf.
p.
78) s'opère une fusion du souvenir (la rencontre de Jenny Colon) et du rêve (la
quête d'Aurélia) ; Alain-Fournier (cf.
p.
98) transpose une circonstance réelle dans l'univers imaginaire du roman ;
André Breton enrichit la réalité de l'expérience vécue d'une réalité seconde que libère l'automatisme de l'écriture : la
sur-réalité.
• L'expression d'un état émotionnel : « La vie est autre que ce qu'on écrit » (p.
81) : c'est encore une fois le
principe du passage de la vie dans le roman qui se pose.
Aux descriptions, André Breton substitue des photos,
instantanés figés.
Observateur quasi scientifique de la réalité, il se contente de dire ce qu'il voit, de laisser sourdre
du fond de sa conscience ce qu'il conçoit à peine.
• Ne s'agirait-il que d'une expérimentation littéraire ? L'irruption d'une magie, d'un merveilleux » qui devient le moteur
de l'action, défie la logique, la concertation, la complicité du romancier.
Nadja, c'est la conciliation latente et
éphémère du réel et du rêve : « Il peut y avoir de ces fausses annonciations, de ces grâces d'un jour, véritables
casse-cou de l'âme, abîme, abîme où s'est rejeté l'oiseau splendidement triste de la divination » (p.
103).
C'est par
le «pris sur le vif » que Breton essaie de retenir l'éternité de l'instant.
• Un cas unique : l'expérience de Nadja sera sans lendemain.
Des compagnons de Breton ou de ses disciples,
Aragon, Queneau, Gracq, aucun ne persévérera dans cette voie.
Mais Nadja, autant que les autres contestations du
roman conventionnel, aura contribué à libérer le genre de ses tabous et à préparer d'autres mutineries.
Cinéma : Éric Rohmer, Nadja (1973)..
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