Résumé: Zazie dans le métro de RAYMOND QUENEAU

« Zazie dans le métro de RAYMOND QUENEAU Raymond Queneau (1903-1976) a tiré devant sa pensée profonde un rideau malicieux.

La virtuosité de son humour a souvent masqué une émotion réelle et une méditation très personnelle sur les grands courants d'idées de son époque.

Passionné de philologie, il a cherché; comme Boris Vian et Céline, à régénérer la langue écrite par le miracle de la langue parlée. 1933, Le Chiendent. 1959, Zazie dans le métro. 1942, Pierrot mon ami. 1965, Les Fleurs bleues. 1945, Loin de Rueil. Pendant que sa mère passe deux jours dans les bras de son amant, Zazie s'octroie des vacances à Paris.

Certes, sa mère l'a confiée à l'oncle Gabriel, mais celui-ci, un vrai colosse, marié avec Marceline, danse le soir dans un cabaret, habillé en Sévillane.

Et la personnalité de son oncle, l'étrange métier de « danseuse de charme » qu'il exerce (p.

62), les personnages pittoresques qui l'entourent, comme Turandot, le patron du bistrot, et sa serveuse, Mado Ptitspieds, sont faits pour plaire à Zazie.

C'est une petite fille insolente, frondeuse, mal embouchée, et très en avance sur son âge.

Comme le lui répète le perroquet Laverdure : « Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire » (p.

29).

Pour causer, elle cause, et c'est sa manière d'agresser le monde des adultes. D'abord, elle veut prendre le métro.

Mais une grève immobilise le métro, et aussi les funiculaires et les métrolleybus : « Ah les salauds, s'écrie Zazie, ah les vaches.

Me faire ça à moi » (p.

12).

Après avoir commencé par une fugue (« Lagoçamilébou», p.

37) et visité les Puces avec un « type » qu'elle a rencontré par hasard (« On trouve des ranbrans3 pour pas cher, ensuite on les revend à un Amerloc », p.

46), elle rejoint son oncle.

Ensemble, ils visitent Paris en car, montent au Sacré-Coeur pour admirer l'orama (p.

85).

Zazie ne perd pas une occasion de raconter des histoires sur sa mère : « Figurez-vous que maman a fendu le crâne à mon papa.

Alors des flics après ça, vous parlez si j'en ai vu, ma chère» (p.

106).

Zazie va-t-elle au restaurant, elle fait un scandale comme une grande personne. Au terme de cette odyssée parisienne plus rocambolesque qu'homérique, Zazie est amère : «Tout ça, dit Zazie, c'est misérable, moi je n'aime que le métro» (p.

115).

Mais le métro, elle ne l'a pas vu! « Alors, lui demande sa mère, qu'est-ce que t'as fait » ? Zazie : « J'ai vieilli.

» • Les mots de Zazie : le vocabulaire, très imagé, de Zazie fait appel à des mots ou à des inventions verbales : Mots d'argot : fouillouse (45), pacson (57), pébroque (59), lourdingue (105), bectance (131), blase (159), ramdam (167)... Mots d'anglais : bloudjinnzes (49), plède (106), quidnappeurs (111), tôste (150)... Mots phonétiques : doukipudonktan (9), chsuis, jparie (11), s'esclama (13), essmefie (14), vzêtes (21), qzactement (29), faut sméfier (50), elle a voulumfaucher (57), si bien xa (75), dakor (79), dmanddzi (145), à kimieumieu (167)... Et que dire de : Vvui, vuvurèrent (69) et de vozouazévovos (117)? • Un faux roman populiste : la psychanalyse pourrait expliquer le comportement de Zazie qui a été témoin de situations sordides.

Mais Queneau préfère confier l'explication à une pirouette en forme de pastiche : « Paris n'est qu'un songe, Gabriel n'est qu'un rêve (charmant), Zazie le songe d'un rêve (ou d'un cauchemar) et toute cette histoire le songe d'un songe, le rêve d'un rêve, à peine plus qu'un délire tapé à la machine par un romancier idiot (Oh ! pardon°) » (p.

90). Zazie attaque nos quatre vérités à belles dents.

Aussi railleur et aussi tendre sera le petit monde de Momo, le jeune héros de la Vie devant soi d'Émile Ajar (1975) (cf.

p.

139).

Gavroche aura eu sa descendance. Cinéma : Louis Malle, Zazie dans le métro (1960).. »