RUTEBEUF

« RUTEBEUF (vers 123o-vers 1285) L'homme qui portait ce pseudonyme exerçait la profession aventureuse et souvent misérable de jongleur, avec les goûts et la mentalité d'une sorte d'étudiant attardé.

Il avait fait un mauvais mariage et préférait à son foyer l'atmosphère des tavernes.

Il aimait le vin et le jeu.

Mais à l'inverse de Villon, ce bohème sut rester honnête.

Son renom de trouvère attira l'attention du comte de Poitiers et probablement de saint Louis, qui firent de lui le propagandiste de leurs idées, un apôtre de la croisade, une sorte de poète officiel. PRINCIPALES ŒUVRES 1.

ŒUVRES D'INSPIRATION PERSONNELLE : La Pauvreté Rutebeuf, Le Mariage Rutebeuf, La Mort Rutebeuf, La Grièche d'hiver (grièche : jeu de dés à la grecque), Le Dit des ribauds de Grève. 2.

ŒUVRES D'INSPIRATION SATIRIQUE : Dit des Jacobins, Dit des Cordeliers, Renard le Bestourné. 3.

ŒUVRES D'INSPIRATION COMIQUE : Dit de Frère Denise, Dit du sacristain et de la femme du chevalier (fabliaux); Dit de l'herberie (monologue parodiant les boniments de charlatans). 4.

ŒUVRES D'INSPIRATION RELIGIEUSE : Complainte des neuf joies de Notre-Dame, Débat du croisé et du décroisé. 5.

Le Miracle de Théophile. Vidame de l'évêque d'Adana, le clerc Théophile a été disgracié.

Il fait un pacte avec le diable et recouvre ses honneurs et ses biens.

Ce changement de fortune le rend injuste et arrogant, jusqu'au moment où le repentir le saisit.

Il invoque la Vierge.

Elle lui pardonne et le délivre, en reprenant à Satan la charte par laquelle il s'était mis en son pouvoir. RUTEBEUF ET LES PROBLÈMES Tempérament fougueux, doué pour la polémique, Rutebeuf intervient volontiers dans les débats qui passionnaient ses contemporains.

L'Université de DE SON TEMPS Paris essayait de se défendre contre les ordres mendiants.

Il s'attaque lui-même aux moines, pourtant puissamment soutenus.

Il prend parti contre les .chevaliers qui ne veulent plus se croiser.

Il essaie de réveiller leur enthousiasme.

Sans doute obéit-il au mot d'ordre de ses protecteurs.

Mais son zèle religieux est sincère.

C'est le même zèle qui éclate de façon touchante dans Le Miracle de Théophile. RUTEBEUF POÈTE PERSONNEL Il ne s'attarde guère aux subtilités de l'amour courtois.

Il préfère raconter ses misères : sa pauvreté, son mariage malchanceux, sa maladie, l'abandon où ses amis l'ont laissé.

Il le fait sans trop appuyer, avec une ironie un peu triste, variant sa plainte par des images aimables ou réalistes, toujours heureusement trouvées.

Dans l'aveu de ses faiblesses, il sait garder sa dignité.

Il y a chez lui une rude vigueur, le sens de la poésie populaire.

Ces qualités sont particulièrement visibles, lorsqu'il évoque la difficile existence des ribauds, ses compagnons.

C'est un grand poète.

Il inaugure la tradition que représenteront plus tard Villon, Marot, Verlaine.. »