Devoir de Français

Samuel Beckett

Extrait du document

Né dans une famille protestante irlandaise, Beckett étudia à Dublin, avant de passer deux ans à Paris comme lecteur d'anglais à l'École normale supérieure. Il subit alors l'influence de Joyce et des surréalistes, débutant sa carrière littéraire par l'écriture de romans humoristiques, de contes et de poèmes cruels. En 1937, il se fixa définitivement à Paris et devint membre de la Résistance durant la guerre. A partir de 1951, il décida d'écrire directement en français. Ses premiers grands romans de la dérision, Molloy, Malone meurt et L'innommable firent parler des laissés-pour-compte de la société, annonçant son œuvre la plus célèbre, En attendant Godot, présentée en français en 1953, puis en anglais deux ans plus tard. La pièce, dans laquelle deux clochards attendent un sauveur qui ne viendra pas, s'affranchissait des structures dramatiques pour se développer sur deux actes en un long dialogue, illustration parfaite du théâtre de l'absurde. Héritiers du surréalisme, les écrivains de l'absurde voyaient l'homme comme un étranger dans un monde inhumain. Oh ! les beaux jours ! se réduit au monologue d'une actrice dont le corps est enterré, et dont seule la tête émerge. Les thèmes de ses pièces convergeaient vers le non-sens de la vie et la difficulté à communiquer. Beckett, récompensé du prix Nobel de littérature en 1969, s'orienta vers des pièces de plus en plus vides de sens, de mots et d'actions, langage que nul n'avait osé avant. Il est mort à Paris en 1989.

« Samuel Beckett Né dans une famille protestante irlandaise, Beckett étudia à Dublin, avant de passer deux ans à Paris comme lecteur d'anglais à l'École normale supérieure.

Il subit alors l'influence de Joyce et des surréalistes, débutant sa carrière littéraire par l'écriture de romans humoristiques, de contes et de poèmes cruels.

En 1937, il se fixa définitivement à Paris et devint membre de la Résistance durant la guerre.

A partir de 1951, il décida d'écrire directement en français.

Ses premiers grands romans de la dérision, Molloy, Malone meurt et L'innommable firent parler des laisséspour-compte de la société, annonçant son œuvre la plus célèbre, En attendant Godot, présentée en français en 1953, puis en anglais deux ans plus tard.

La pièce, dans laquelle deux clochards attendent un sauveur qui ne viendra pas, s'affranchissait des structures dramatiques pour se développer sur deux actes en un long dialogue, illustration parfaite du théâtre de l'absurde.

Héritiers du surréalisme, les écrivains de l'absurde voyaient l'homme comme un étranger dans un monde inhumain.

Oh ! les beaux jours ! se réduit au monologue d'une actrice dont le corps est enterré, et dont seule la tête émerge.

Les thèmes de ses pièces convergeaient vers le non-sens de la vie et la difficulté à communiquer.

Beckett, récompensé du prix Nobel de littérature en 1969, s'orienta vers des pièces de plus en plus vides de sens, de mots et d'actions, langage que nul n'avait osé avant.

Il est mort à Paris en 1989. Quand parut Molloy, le premier roman de Samuel Beckett écrit directement en français, un critique, qui ne se méprenait pas sur l'importance de cet ouvrage, notait avec regret : " Il est peu probable qu'il ait beaucoup de lecteurs ; on ne voit pas sur quel malentendu avec le grand public sa fortune pourrait se fonder.

" Aujourd'hui, treize ans plus tard, Molloy est édité dans une édition de poche à grand tirage, et malgré les obscurités, les lenteurs, la mollesse d'intrigue de cet ouvrage, il est peu probable qu'il y ait malentendu : les lecteurs de Molloy sont les spectateurs d'en attendant Godot et cette pièce, qui a été jouée dans le monde entier, a expliqué le roman, car elle exprime le même message, on pourrait dire le message unique de l'œuvre de Beckett. Certes, ce message est diffus dans beaucoup d'essais et de romans depuis Kafka et Sartre : c'est celui de l'absurdité du monde, de l'inanité de nos efforts et de nos espérances, en un mot de la mort de Dieu. Mais l'originalité de Beckett c'est d'avoir su donner à cette conviction une forme dramatique, dans une œuvre théâtrale où elle s'exprimait avec d'autant plus de force que la langue était plus simple et les personnages plus élémentaires.

Sa chance c'est de l'avoir exprimée très précisément pendant le court espace de temps où l'humanité était prête à l'entendre. La détresse des héros d'en attendant Godot rencontrait la détresse des spectateurs de 1950 parce que la même angoisse métaphysique les habitait.

L'humanité venait de voir ébranler ses convictions les plus profondes avec l'explosion de la bombe atomique : elle venait de ressentir tout d'un coup que peut-être elle n'était sur la terre, et en tout cas dans le monde, qu'un épiphénomène éphémère, et non nécessaire.

Les plus croyants sentaient leur foi vaciller ; les plus humbles, les moins habitués aux spéculations métaphysiques se voyaient s'interroger sur le destin de l'humanité.

C'est à ce moment qu'un poète philosophe inconnu, venu d'Irlande, un étranger installé en France, un déraciné venait leur montrer deux pauvres hommes, deux loques humaines, arrêtés le long d'une route dans l'attente vaine d'un secours promis et dont la venue toujours reculait : et ces deux êtres ne savaient plus s'ils pouvaient continuer à y croire mais manquaient de courage pour renoncer à croire, ajoutant à leur désespoir l'humiliation de ne pas oser s'avouer désespérés.

Une sorte de tendresse triste unissait ces épaves, et les plus triomphants, et les plus amoureux, et les plus audacieux se sentaient leurs frères. Cependant, les hommes ont la mémoire courte et l'espérance chevillée au corps : il n'est pas certain que le miroir où Beckett leur offre de se regarder ne leur apparaisse pas un jour prochain comme artificiellement déformé.

Que deviendra alors l'œuvre de Beckett ? Un simple témoignage de la grande Peur du XXe siècle ? Ou gardera-t-elle, grâce à sa poésie aux imperceptibles frémissements, grâce à l'étrange humour irlandais qui vous arrache un sourire aux pires moments, l'attirance fascinante qui nous l'a fait saluer comme une des plus hautes réussites de l'art contemporain ? A vrai dire, s'il s'agit des romans, je n'en sais rien ; s'il s'agit de Fin de partie, ou de la Dernière Bande, ou de fous ceux qui tombent qui a remporté un tel succès à la télévision je n'en sais rien.

Je ne sais pas davantage si les recherches formelles de désintégration du langage au profit de l'image et du son comme on les voit dans Oh ! les beaux jours ou dans Comédie peuvent aboutir à autre chose qu'une profonde lassitude.

Mais je crois que Godot est une œuvre éternelle.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles