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s'attachant à définir le réalisme de Balzac, un critiquesouligne son souci d'enraciner prfondément ses personnages dans un milieu, decréer autour d'eux une atmosphère. En vous limitant à l'étude d'un roman de Balzac à votre choix, vous étudierez les éléments qui composent cette atmosphère et vous en montrerez l'importance et l'intérêt au sein de ce roman ?

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s'attachant a definir le realisme de Balzac un critiquesouligne son souci d'enraciner prfondement ses personnages dans un milieu decreer autour d'eux une atmosphere. En vous limitant a l'etude d'un roman de Balzac a votre choix vous etudierez les elements qui composent cette atmosphere et vous en montrerez l'importance et l'interet au sein de ce roman ?

« INTRODUCTION O n a souvent reproché à Balzac la lenteur laborieuse de ses expositions, et le lecteur pressé ne se fait guère scrupule de parcourir d'un oeil distrait les longues pages consacrées à la description des cadres et à la peinture des milieux.

P ourtant, outre l'intérêt documentaire et pittoresque qu'ils présentent, ces développements se justifient dans une optique générale de l'oeuvre.

C ar les personnages sont étroitement solidaires de l'atmosphère dans laquelle ils vivent.

A vant même leur entrée en scène, nous pressentons dans une certaine mesure leurs caractères.

A insi, par ces savantes approches, Balzac nous introduit au coeur du sujet. I.

LE CADRE La ville Les premières pages d'Eugénie Grandet sont consacrées à la ville de Saumur où se situe l'intrigue.

L'auteur n'en fait d'ailleurs pas une description complète : il se contente de s'attacher à l'une de ses rues pittoresques.

M ais, au hasard de la flânerie à laquelle il convie son lecteur, il ne laisse de côté rien de c e qui peut contribuer à évoquer l'atmosphère d'ensemble d a n s s a note originale.

I l s'attarde à peindre les vieilles demeures, leurs beautés architecturales et l'empreinte que les événements ont laissée sur elles au cours des siècles.

Il nous montre, par exemple, « l'hôtel d'un gentilhomme où sur le plein cintre de la porte en pierre se voient encore quelques vestiges de ses armes, brisées par les diverses révolutions qui depuis 1789 ont agité le pays ».

Plus loin, il nous fait entrevoir ces salles basses, au rez-de-chaussée de maisons plus humbles, où sont installés les commerçants.

Elles n'ont « ni devanture...

ni vitrages et ont conservé l'aspect des vieux ateliers du Moyen A ge ».

Toutes ces notations pittoresques, artistiques, historiques contribuent à évoquer un pays de traditions, étroitement solidaire du passé.

Enfin le romancier esquisse, à l'arrière-plan, les « closeries », ces petites fermes riches en vignobles où les citadins vont passer deux jours chaque semaine.

La présentation du cadre se complète ainsi par des éléments de géographie humaine. La maison de Grandet C ette peinture se précise et s'achève par la description de la maison de Grandet qui sera le théâtre des scènes essentielles du roman.

Balzac prend soin d'abord de nous indiquer l'emplacement qu'elle occupe au sein de l'ensemble : elle est une de ces anciennes gentilhommières groupées en haut de la rue qu'il vient de dépeindre.

Il nous précise ensuite les matériaux dont elle a été bâtie : c'est une maison de T ouraine construite en tuffeau, pierre blanche particulière au littoral de la Loire.

11 nous en montre la disposition : le rez-de-chaussée s'organise, conformément aux habitudes de la région, autour d'une pièce spacieuse qui sert à la fois d'antichambre, de salon, de boudoir et de salle à manger.

A la suite de C harles, le jeune P arisien venu loger chez son oncle, nous découvrons aussi le premier étage, l'escalier qui y conduit, avec sa rampe vermoulue et ses marches qui craquent sous les pas, les portes sans chambranles qui étalent sur le palier leur couleur criarde et la petite mansarde enfin, au « papier jaune à bouquets de fleurs », qui est dévolue au visiteur.

Balzac ne nous laisse rien ignorer non plus du mobilier qui « orne » la pièce principale, depuis le vieux cartel de cuivre jusqu'aux fauteuils garnis de tapisseries vétustes, représentant les fables de La Fontaine.

De la même manière, il passe en revue dans la chambre de C harles les chaises de bois jaune, le lit à ciel dont les draperies sont mangées par les vers et l'immense table de nuit.

L'inventaire ne saurait être plus minutieux. II.

LE MILIEU Le peuple M ais ces cadres sont, aux yeux de Balzac, inséparables des gens qui y vivent, et la peinture méticuleuse qu'il en fait est comme un prélude à l'entrée en scène des groupes humains.

Dans cette petite ville où la prospérité de chacun dépend des « vicissitudes de l'atmosphère », tous les corps de métiers sont sous l'étroite dépendance de la prospérité des V ignobles et vivent en perpétuel état d'alerte.

« Ils tremblent en se couchant le soir d'apprendre le lendemain matin qu'il a gelé pendant la nuit ».

Il est naturel que cette insécurité permanente développe en eux une certaine âpreté au gain, et de sourdes rivalités s'affrontent quand s'engagent les transactions pour la vente des récoltes, au meilleur prix.

L'amour de l'argent et une considération respectueuse à l'égard des riches sont des traits communs à tout ce menu peuple saumurois.

Mais, en dépit de leurs préoccupations constantes, ces gens peuvent se ménager d'importants loisirs et « les dix heures sur douze » dont ils disposent, ils les emploient « en observations, commentaires, espionnages continuels ».

A insi se développe chez eux cette mentalité de badauds qui rassemble toute la ville sur le passage du cousin parisien, au moment de son départ.

A insi se donnent libre cours ce goût de l'intrigue et cette passion des cabales qui divisent les citadins en deux partis antagonistes, les « C ruchotins » et les « Grassinistes ».

Entendons par là que les uns sont tout dévoués aux intérêts du notaire C ruchot et de sa famille tandis que les autres se sont rangés sous la bannière du banquier des Grassins. La bourgeoisie A u sein de cette foule anonyme se détachent quelques silhouettes de comparses qui, pour la plupart, se trouvent dans le sillage du père Grandet.

Et c'est ainsi que l'évocation des milieux se complète par la peinture de gens d'un niveau social plus élevé que l'on rencontre dans la maison de l'avare.

La peinture du monde bourgeois, au sein de la petite ville, complète celle des milieux populaires.

O n y retrouve naturellement, s'affrontant impitoyablement sous la politesse des manières, les deux familles antagonistes.

O n voit évoluer le notaire C ruchot, « à la face trouée comme une écumoire», si rusé et si matois sous la simplicité de ses manières. Son neveu, le président C ruchot, qui ressemble «à un grand clou rouillé », est pédant et cupide, empressé auprès d'Eugénie dont il convoite la main et la fortune.

L'abbé C ruchot avec sa figure inquiétante « de vieille femme joueuse » est le T alleyrand de la famille, aussi prompt à réparer les bévues de son neveu qu'adroit à rompre d'un mot le charme exercé sur l'assistance par le jeune P arisien fraîchement arrivé.

En face d'eux se dresse la famille du banquier des Grassins, un ancien quartier-maître qui a l e g e s t e énergique, la parole péremptoire et « l'apparente franchise des militaires ».

Sa femme est une coquette, encore fraîche dans la maturité de ses quarante ans, qui manoeuvre avec astuce pour pousser dans les bras d'Eugénie son grand dadais de fils. Décidément dans ces milieux d'une petite ville de province, l'esprit d'intrigue, les soucis d'intérêt les plus mesquins règnent partout en maîtres. III.

L'IMPORTANCE DE CETTE RESTITUTION D'ATMOSPHÈRE, AU SEIN DU ROMAN Intéressante en soi par l'impression de réalité pittoresque qu'elle suggère vigoureusement au lecteur, cette peinture des cadres et des milieux se justifie mieux encore par la manière dont elle éclaire la psychologie des personnages principaux du roman.

L'existence effacée, la soumission que manifeste Mme Grandet à son mari dans la vie quotidienne, s'expliquent sans doute d'abord par l'intransigeance de ce tyran domestique.

M ais elle semble aussi, dans ce pays fidèle aux usages du passé, s'accorder avec une tradition qui confère depuis des siècles au chef de famille l'autorité sur sa maison.

A u sein de cette atmosphère mesquine, étouffante qui règne à la fois dans la petite ville et dans la demeure de l'avare, on comprend qu'Eugénie ait si longtemps abdiqué toute personnalité.

De même Grandet, au milieu de ces conflits d'intérêt qui opposent si âprement les individus dans les multiples aléas de leur métier, a naturellement aiguisé son appétit de l'argent et développé son sens impitoyable des affaires.

M ais réciproquement, le cadre où se déroule l'existence de ces êtres nous suggère aussi ce qu'ils sont.

C ette maison froide et lugubre où vivent l'avare et sa famille, ce mobilier si mal entretenu nous éclairent par avance sur le caractère du maître de maison, sur l'atmosphère si pesante qu'il fait régner chez lui et sur son esprit de lésine.

De même la présence d'une chaise de paille dans l'embrasure d'une fenêtre auprès d'une « travailleuse en bois de merisier » et le petit fauteuil d'Eugénie « placé tout auprès » nous suggèrent à la fois l'intimité de la mère et de la fille et le prosaïsme de leurs occupations journalières.

Enfin, parmi les êtres sans envergure qui lui font cortège, la personnalité forte de Grandet prend par contraste un relief saisissant. CONCLUSION A insi, dans Eugénie Grandet, Balzac a bien « enraciné profondément ses personnages dans un milieu ».

Il a peint ce milieu avec une exactitude minutieuse et pittoresque.

En cela il s'est conformé sans doute à l'une des exigences essentielles du roman réaliste qui s'attache avec un égal souci à restituer dans leur vérité, en même temps que les personnages, l'atmosphère dans laquelle ils vivent.

Mais cette atmosphère prend dans son roman une importance particulière.

C ar l'auteur de « la C omédie Humaine » a transposé dans le domaine du roman les idées du naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire pour qui la variété des espèces zoologiques avait pour origine la diversité du milieu où elles se développent.

A ussi les cadres où se passe l'existence de ses personnages ne constituent pas pour le romancier de simples toiles de fond.

Ils exercent sur les êtres une influence profonde et contribuent étroitement à former leur personnalité. »

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