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Se posant le problème de la création littéraire dans le domaine du roman, un auteur contemporain s'exprime en ces termes : « Pourquoi écrit-on un roman ? Comment naît, se développe et s'organise dans le cerveau de son auteur une oeuvre romanesque ? Les personnages que le romancier a créés se conforment-ils dans leur conduite à ce qu'il a prévu ou échappent-ils à son contrôle ? » Pouvez-vous répondre à ces diverses questions ?

Extrait du document

Tantôt, quand le romancier a trouvé dans un fait divers l'événement qui lui a dicté le choix de son sujet, il s'attache à rendre intelligible et plausible cet événement en reconstituant les assises morales du drame. Les caractères des personnages s'organisent de telle manière, au cours du travail créateur, que l'événement essentiel apparaît comme l'aboutissement logique de leurs réactions individuelles. Le romancier convertit le fait divers en cas humain. [On trouvera dans notre tome premier, à l'occasion de l'étude du Rouge et le Noir, d'Eugénie Grandet, de Madame Bovary, les exemples nécessaires à l'illustration de ce point]. 2. Tantôt c'est le personnage qui prend le pas sur l'intrigue. Le romancier « voit » clairement son personnage. Il n'aperçoit pas aussi nettement les événements qui l'attendent, car le caractère a pris d'emblée un tel relief qu'il échappe en quelque sorte à son auteur et mène sa vie irrésistiblement, selon sa forte logique intérieure. Tel fut, de son propre aveu, le cas de Duhamel lorsqu'il créa Salavin, le héros de Confession de Minuit et de plusieurs autres romans. Il pressentait, dit-il, le sort tragique qui attendait son héros mais il n'avait pas prémédité certaines péripéties qui se sont comme imposées à lui, et le dénouement s'est révélé moins triste en fin de compte « qu'il ne l'avait jamais espéré même dans ses moments d'optimisme ».

« INTRODUCTION II est assurément difficile d'analyser, à ses différentes étapes, F exercice du don créateur chez le romancier. L'écrivain ne livre à son lecteur qu'une oeuvre achevée.

Lui-même n'a pas toujours une conscience parfaitement lucide de ce qui se passe en lui au cours de ce travail d'élaboration du roman.

En confrontant toutefois ce que l'on sait de la vie des romanciers avec leurs oeuvres, en s'appuyant aussi sur les confidences précieuses faites par certains d'entre eux, on peut néanmoins tenter d'éclairer les aspects essentiels de ce problème. I.

POURQUOI ÉCRIT-ON UN ROMAN ? 1.

Parfois l'écrivain a le désir de revivre une période cruciale ou un épisode émouvant de son existence dont il a gardé la nostalgie. 2.

Parfois encore, il éprouve un sentiment de libération à extérioriser ainsi, dans les pages d'un livre, des souvenirs douloureux qui le hantent : tel fut le cas de Goethe quand il écrivit Les Souffrances du jeune Werther. 3.

Parfois enfin, il se plaît à vivre sous l'enveloppe d'un de ses personnages' une existence que les circonstances lui ont refusée, à développer chez son héros certains aspects de lui-même auxquels il s'est interdit de donner libre cours dans la réalité. II.

COMMENT ÉCRIT-ON UN ROMAN ? 1.

Tantôt, quand le romancier a trouvé dans un fait divers l'événement qui lui a dicté le choix de son sujet, il s'attache à rendre intelligible et plausible cet événement en reconstituant les assises morales du drame.

Les caractères des personnages s'organisent de telle manière, au cours du travail créateur, que l'événement essentiel apparaît comme l'aboutissement logique de leurs réactions individuelles.

Le romancier convertit le fait divers en cas humain. [On trouvera dans notre tome premier, à l'occasion de l'étude du Rouge et le Noir, d'Eugénie Grandet, de Madame Bovary, les exemples nécessaires à l'illustration de ce point]. 2.

Tantôt c'est le personnage qui prend le pas sur l'intrigue.

Le romancier « voit » clairement son personnage.

Il n'aperçoit pas aussi nettement les événements qui l'attendent, car le caractère a pris d'emblée un tel relief qu'il échappe en quelque sorte à son auteur et mène sa vie irrésistiblement, selon sa forte logique intérieure.

Tel fut, de son propre aveu, le cas de Duhamel lorsqu'il créa Salavin, le héros de Confession de Minuit et de plusieurs autres romans.

Il pressentait, dit-il, le sort tragique qui attendait son héros mais il n'avait pas prémédité certaines péripéties qui se sont comme imposées à lui, et le dénouement s'est révélé moins triste en fin de compte « qu'il ne l'avait jamais espéré même dans ses moments d'optimisme ».

Mauriac fait de son côté la même remarque : un romancier juge la qualité de son pouvoir créateur, à la manière dont les personnages qu'il a conçus lui résistent et refusent de se plier docilement au comportement qu'il a prévu pour eux. CONCLUSION Le talent d'un romancier ne s'apprécie pas seulement à la finesse de sa psychologie et à son aptitude à organiser, selon une logique pressante, le déroulement d'une intrigue.

Car dans son oeuvre il met en jeu toutes les richesses de sa sensibilité.

Il fait prendre corps à ses rêves.

Il possède le pouvoir miraculeux de s'incarner en des êtres d'imagination en qui il s'épanouit et se renouvelle.

Par là il est vraiment, dans toute la force du terme, un créateur.. »

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