SENANCOUR - OBERMANN
Extrait du document
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SENANCOUR (1770-1846)
ÉTIENNE PIVERT DE SENANCOUR a manqué sa vie par la faute de son tempérament autant que des circonstances.
Après ses études, ne voulant pas entrer dans les ordres comme le souhaitait son père, il s'enfuit en Suisse.
Il s'y
marie, moins par amour que par devoir.
Il revient en France sous le Directoire et se fixe près de Senlis.
En 1802, il
apprend que sa femme, restée en Suisse, lui est infidèle.
Il se rend près d'elle pour régler leur séparation, puis rentre
à Paris, où il gagne péniblement sa vie comme publiciste.
Il ne connaît enfin quelque renom qu'en 1833 grâce à
Sainte-Beuve, qui préface et qui lance une réédition d'Obermann, ouvrage dont la première publication, en 1804,
était passée inaperçue.
Esprit aristocratique et sérieux, porté vers la pensée pure et les subtilités de l'analyse, trop modeste et trop
malchanceux pour briller, Senancour incarne le désenchantement romantique.
Il a écrit des essais philosophiques et
moraux.
Mais la postérité n'a retenu qu'une seule de ses oeuvres, Obermann, roman par lettres.
Obermann (1804).
(Ce titre était à l'origine orthographié Oberman.)
Dans 91 lettres adressées à un ami qui n'est pas nommément désigné, Obermann décrit ses états d'âme au cours de
neuf années marquées pour lui par les événements suivants : il s'exile en Suisse par dégoût du monde et pour
échapper à la nécessité de prendre un métier; rappelé en France, il passe quatre mois à Fontainebleau dans la
solitude.
Il apprend qu'il est ruiné, se rend à Lyon, fait la rencontre de Mme Del..., qu'il a aimée avant qu'elle ne fût
mariée, se retire dans le Forez, où s'écoulent deux années moroses, retrouve quelque aisance grâce à un héritage,
revient en Suisse, s'installe à Imenstrém, revoit Mme Del...
devenue veuve, et renonce définitivement à l'amour et
au bonheur.
• UN RENÉ TRISTE
Sous l'apparence d'un roman à l'intrigue très lâche, Obermann est un récit autobiographique fidèle, mais d'une
extrême discrétion, rédigé dans une langue ferme, avec un lyrisme sans éclat.
Une tristesse pesante se dégage de ce livre pourtant très attachant : tristesse d'un homme incapable de surmonter
le découragement que lui inspire sa condition d'homme.
Obermann rêve de bonheur infini, d'amour total.
Il ne
rencontre partout que déceptions, il constate partout la misère de la nature humaine il ne se trouve bien que dans
la solitude.
Il apprécie en artiste les beaux paysages de montagne ou de forêt.
Mais rien ne peut le tirer de sa
passivité.
Est-ce une maladie de l'âme ou un désespoir philosophique ? Les deux, assurément.
Le désenchantement
de Chateaubriand connaît des compensations éclatantes.
Le pessimisme d'Obermann est absolu.
Entièrement détaché du christianisme, Senancour s'attarde parfois, sous l'influence probable de Swedenborg, à
imaginer un monde suprasensible d'esprits, dont l'homme serait environné et dont il devinerait parfois la présence.
Mais il ne croit guère à, ces fictions consolantes.
Pour lui, la vie n'offre aucun sens et le philosophe n'a d'autre
recours que de s'accoutumer à l'idée du néant, dans lequel il glissera bientôt..
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