Shakespeare, Hamlet, acte IV, scène 3
Extrait du document
«
Hamlet est une tragédie de Shakespeare, auteur de nombreuses pièces du XVIIème siècles.
Cette pièce relate la
lutte d'un jeune prince humaniste et philosophe pour maintenir sa position.
En effet, son père a été tué par son
oncle.
Ce dernier a épousé par la suite la mère du jeune intellectuel.
Hamlet deviendrait donc gênant si jamais le
couple avait des enfants.
Hamlet voit le spectre de son père et après une reconstitution des faits, le jeune homme
est certain de la culpabilité du nouveau roi.
Il décide donc de feindre la folie afin de piéger son entourage et venger
son père.
De plus, celui-ci sait que son oncle a décidé de l'éliminer.
Hamlet dans les scènes précédentes a tué
Polonius, un courtisan du roi.
Le roi mis au courant de ce meurtre par la reine veut savoir où se trouve le corps du
défunt.
Comme Hamlet refuse de révéler l'endroit à Rosengrantz et Guilderstern, deux de ses camarades de mèche
avec le roi, ce dernier le convoque dans le but de le faire avouer.
Il s'en suit donc un dialogue dont le ton est
ironique.
Mais derrière ce comique, à travers cette folie, n'y a-t-il pas un réel malaise du côté d'Hamlet ? Quel est le
rôle réel de la folie dans cet extrait ? L'étude du comique de la folie, puis de ses limites permettra de comprendre en
quoi les deux combinés amènent à un questionnement sur le rôle de la folie dans le pathétique.
La première chose qui saute aux yeux du lecteur à la première lecture de ce dialogue est que celui-ci fait
rire.
En effet, Hamlet a un discours très imagé et farfelus aux premiers abords.
C'est un vrai discours de fou.
Ainsi,
Hamlet qualifie le petit asticot de « seul empereur en matière de manger » (v.21).
Il va même jusqu'à humaniser
ceux-ci e, qualifiant les vers de « congrès de vers politiques » (v.20).
Il inverse beaucoup de conceptions
communes chez l'homme : ce n'est plus l'homme qui mange mais qui est mangé.
Il met même à la carte « Roi et
mendiants maigres » qu'il qualifie de « menu varié » (v.25).
Hamlet fait donc beaucoup d'assemblages d'images très
comiques.
Ceux-ci peuvent paraître très farfelus.
Au-delà du discours d'Hamlet, on remarque que ses répliques
peuvent paraître en décalage avec les questions du roi.
Ainsi quand il lui demande où est Plolonius, Hamlet se
contente de répondre qu'il est « à souper ».
Mais le lecteur sait aussi bien que le roi lui-même que Polonius est mort.
Et lorsque malignement, le roi lui redemande où le défunt est à souper, Hamlet reprend cette même phrase nominale
en y ajoutant un verbe au passif.
On comprend donc que c'est Polonius qui est mangé et non l'inverse.
Tout au long
du dialogue, Hamlet poursuit son discours sans réellement faire attention à celui du roi qui est très lapidaire.
De plus
Hamlet continue à détourner les questions, et lorsque le roi réitère sa question sur le leur où se trouve Polonius,
Hamlet lui répond encore une fois semble-t-il tout aussi décalé, car il lui évoque le « ciel » (v.33) tout en lui
conseillant d'y envoyer « quelqu'un pour y voir ».
Ce dialogue parait donc comme un dialogue de sourd avec deux
interlocuteurs hermétiques aux attentes et réponses de l'un et l'autre.
Hamlet fait rire par son décalage ironique.
Malgré cela, Hamlet tient un discours totalement construit.
En tant qu'intellectuel celui-ci montre une
argumentation et une logique qui font de son discours un raisonnement très structuré, presque scientifique.
Il refait
tout le cycle naturel de la chaîne alimentaire.
Ainsi les hommes sont mangés par les vers, les vers par les poissons
qui eux-mêmes sont mangés par les mêmes hommes qui sont mangés précédemment.
Son discours est tellement
bien structuré que l'on pourrait même croire à sa conclusion un peu folle que les hommes mangent les hommes à
travers les poissons pêchés.
Hamlet tient donc un discours qui semble complètement fou mais finalement n'a-t-il pas
répondu aux questions du roi par des moyens détournés? Il ne faut pas oublier que la folie n'est qu'un stratagème
pour se jouer de son destin.
Il a conscience de cette finalité inéluctable qu'est la mort.
Au-delà du comique réel de
ce texte n'y a-t-il pas une certaine tension pathétique?
On comprend donc que la situation d'Hamlet est grave.
Ainsi, dans ce dialogue ressort tout d'abord une
tension certaine entre les deux hommes.
Le roi reste stoïque face au discours de son beau-fils et neveu.
Il tente de
savoir par toutes les ruses possibles où est le corps de son courtisan.
On remarque donc que le roi pose plusieurs
fois la même question.
Ceci montre sa réelle détermination.
Il tente même de rentrer dans la folie du Prince lorsqu'il
demande où Polonius est à souper tout en sachant que ce dernier est décédé.
De plus il essaye de comprendre le
discours du fou quand il lui demande: «Qu'entends-tu par là? ».
C'est comme si il essayait de récolter le plus
d'indices possibles.
Mais encore, bien au-delà de cette simple confrontation pour savoir où est le corps, ce dialogue met en
avant un jeu réel pour le pouvoir, la vie et la mort dans ce discours.
En effet, le roi joue sur son autorité dans ce
dialogue.
Il tente d'asseoir son pouvoir en voulant prendre le dessus sur Hamlet : le faire avouer prouverait sa
supériorité.
Le jeu d'Hamlet ici aussi montre cette rivalité c'est-à-dire que le prince en ne répondant pas défie
l'autorité de son oncle.
Hamlet sait très bien qu'il risque la mort.
Face à cette conscience du danger, Hamlet fait des menaces directes au roi.
Il explique dans son
raisonnement sur les asticots que la mort d'un roi finalement n'a rien d'exceptionnel et d'inéluctable lorsqu'il compare
le « roi gras et mendiant maigres » en les mettant sur « la même table »(v.26).
De plus, le lecteur comprend bien
qu'il se moque ouvertement du roi, par exemple il lui conseille d'allé chercher « dans l'autre endroit (lui) -.
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