Sophie Calle (1953), "Le Portrait", Des histoires vraies + dix (2002)
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Sophie Calle (1953), "Le Portrait", Des histoires vraies + dix (2002)
LE PORTRAIT
J'ai neuf ans. En fouillant dans le courrier de ma mère, j'ai trouvé une lettre qui lui était adressée et qui commençait ainsi : « Chérie, j'espère que tu songes sérieusement à mettre notre Sophie en pension...» La lettre était signée du nom d'un ami de ma mère. J'en ai conclu que c'était lui mon vrai père. Lorsqu'il nous rendait visite, je m'asseyais sur ses genoux et, mes yeux dans les siens, j'attendais des aveux. Devant son indifférence et son mutisme il m'arrivait de douter. Alors je relisais la lettre volée. Je l'avais cachée derrière le tableau de la salle à manger, une peinture de l'école flamande, datant de la fin du XVème siècle, intitulée Luce de Montfort, représentant une jeune femme en buste, légèrement de profil à gauche, le regard de face, le visage pris dans une coiffe blanche et empesée, vêtue d'un pourpoint rose.
Liens utiles
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