Stuart MERRILL (1863-1915) (Recueil : Petits poèmes d'automne) - Au temps de la mort des marjolaines
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Stuart MERRILL (1863-1915) (Recueil : Petits poèmes d'automne) - Au temps de la mort des marjolaines Au temps de la mort des marjolaines, Alors que bourdonne ton léger Rouet, tu me fais, les soirs, songer A tes aïeules les châtelaines. Tes doigts sont fluets comme les leurs Qui dévidaient les fuseaux fragiles. Que files-tu, soeur, en ces vigiles, Où tu chantes d'heurs et de malheurs ? Seraient-ce des linceuls pour tes rêves D'amour, morts en la saison des pleurs D'avoir vu mourir toutes les fleurs Qui parfumèrent les heures brèves ? Oh ! le geste fatal de tes mains Pâles, quand je parle de ces choses, De tes mains qui bénirent les roses En nos jours d'amour sans lendemains ! C'est le vent d'automne dans l'allée, Soeur, écoute, et la chute sur l'eau Des feuilles du saule et du bouleau, Et c'est le givre dans la vallée. Dénoue - il est l'heure - tes cheveux Plus blonds que le chanvre que tu files ; L'ombre où se tendent nos mains débiles Est propice au murmure des voeux. Et viens, pareille à ces châtelaines Dolentes à qui tu fais songer, Dans le silence où meurt ton léger Rouet, ô ma soeur des marjolaines !
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