Théorie Littéraire - Gérard Genette
Publié le 25/04/2022
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Théorie Littéraire
Gérard Genette a écrit : "Le texte, c'est cet anneau de Möbius où la
face interne et la face externe, (...), face d'écriture et face de
lecture, tournent et s'échangent sans trêve, om l'écriture ne cesse
de se lire, où la lecture ne cesse de s'écrire et de
s'inscrire" (Figures II, Seuil, coll."Points", 1969, p.18).
Lorsque Gérard Genette compare le texte à un « anneau de Möbius », nous
pouvons le comprendre de la sorte : le « texte » désigne l’œuvre littéraire, soit la
création d’un auteur, qui est soumise à la lecture d’une tierce partie, ici le
lecteur.
Cependant, le lecteur devient à son tour le « cocréateur » du texte dans
la mesure où l’anneau de Möbius possède deux faces indissociables l’une de
l’autre qui se complètent à l’infini, l’écriture et la lecture.
Genette parle ici de « face interne » et « face externe » composant l’anneau.
En admettant que l’œuvre soit l’anneau et que les deux faces évoquées soient ici
les « perceptions » ou les deux rapports (soit par l’acte d’écriture et donc le fait
de penser l’œuvre, soit par l’acte de lecture et donc le fait de la recevoir) qu’en
ont l’auteur et le lecteur, nous pouvons en déduire qu’ils « construisent » tous les
deux l’œuvre à leur manière.
Ainsi, le créateur premier (l’auteur) possède sa
propre perception de l’œuvre qui peut différer de celle du second créateur (le
lecteur) et l’addition de ces perceptions rendent son essence à l’œuvre.
Cela m’évoque le courant existant dans les années 60 en théorie littéraire, dans
lequel on considère que le lecteur n’est pas un simple réceptacle de l’œuvre,
mais qu’il en est aussi l’acteur.
Le phénomène de lecture d’une œuvre
l’actualiserait en permanence.
Nous avons vu en classe que Rolland Barthes
considérait que le texte était un « espace producteur ».
Les philosophes de l’école de Constance, Iser et Jauss, considèrent aussi que
l’œuvre est aussi le produit du lecteur, et qu’elle ne peut d’ailleurs exister sans
lecture (tout comme l’anneau ne peut se concevoir sans ses deux faces).
Pour
eux, le texte serait en effet constitué sur une sorte de schémas de références qui
seraient propres à la période dans laquelle le lecteur se trouverait.
On appellerait
cela « l’horizon d’attente », pour reprendre le terme employé par Jauss.
La citation de Genette pourrait en effet nous faire penser que le texte est cet
espace de dualité où se rencontrent l’histoire que l’auteur a la volonté de
raconter à un moment donné, et l’horizon d’attente du lecteur, lié à sa
bibliothèque personnelle (toutes les œuvres qu’il a déjà lues et qu’il a donc
répertoriées intérieurement), le contexte littéraire de l’époque, le genre dans
lequel s’inscrit l’œuvre, et donc les codes auxquels elle peut potentiellement se
soumettre… Si bien qu’une œuvre possède de multiples facettes et ne sera
jamais lue de la même manière.
(Comme on ne peut voire les deux faces de
l’anneau au même moment et donc l’envisager d’une unique façon, mais grâce à
un phénomène de constante alternance et d’échange, nous pouvons en avoir de
multiples perspectives).
Par exemple, nous avions cité en cours le cas de Madame Bovary, publié par
Flaubert en 1857.
L’œuvre s’inscrit dans un siècle marqué par le roman
balzacien, où le narrateur a voix au chapitre, tandis que dans son roman,.
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