« Tout homme qui sait lire a en lui le pouvoir de se magnifier, de multiplier ses modes d'existence, de rendre sa vie pleine, intéressante et significative. » Aldous HUXLEY. Vous commenterez cette phrase en illustrant vos idées par des exemples.
Extrait du document
«
Introduction
Après Rousseau : « Je hais les livres ; ils n'apprennent qu'à parler de ce qu'on ne sait pas » ; après Montesquieu : «
Je n'ai jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture ne m'ait ôté », voici l'auteur du Meilleur des Mondes qui promet
à l'homme qui « sait lire » un immense pouvoir.
Que penser de cette opinion ?
Développement (Sous forme de plan détaillé)
I.
— Partie négative.
1° Certes, un enfant est tout fier de raconter à tout le monde ce qu'il a appris « à l'école, dans les livres ».
Un
adulte mondain fonde sa conversation sur sa dernière lecture : « Amas a tout LU », dit La Bruyère.
Un auteur qui a
passé des années à réfléchir au sujet d'un livre a tendance à rapporter toute conversation à sa préoccupation.
2° Certes, un partisan de l'éducation naturelle, comme Rousseau, peut préférer à la lecture la « leçon de choses »
et « l'observation expérimentale ».
3° Admettant une part de vérité dans les reproches avancés par les détracteurs de la lecture, reconnaissons qu'ils
donnent parfois une utile mise en garde et nous incitent à éviter toute connaissance uniquement livresque que l'on
aurait trop tendance à mettre en avant de façon vaniteuse.
II.
Lire et savoir lire.
1° Distinguons tout d'abord trois sortes de lectures : les livres d'enseignement, nécessaires à notre instruction et
complément du cours entendu en classe ; les livres de culture générale qui nous permettent d'approfondir nos
connaissances sur tel point particulier, spécialisé : le livre est alors un moyen permanent d'enrichissement ; le livre
de divertissement, en particulier les romans, récréation qui peut aussi nous apporter quelque chose d'utile (NotreDame de Paris et le Moyen Age : histoire, architecture, civilisation, moeurs).
2° Ne négligeons pas l'un des termes essentiels de la proposition de Huxley, « savoir lire », ce qui suppose :
— un choix, et l'élimination de toute lecture inutile ou pernicieuse,
— un harmonieux équilibre entre les différentes sortes de livres, de genres, d'auteurs et de styles,
— un rythme de lecture, réglé par le temps que l'on consacre à cette occupation et l'intérêt apporté en propre à
chaque livre,
— le désir de reprendre un livre : savoir lire c'est savoir relire!
III.
— Réflexions personnelles.
1° Dans le texte d'Huxley, « se magnifier » est éclairé par « multiplier ses modes d'existence » et expliqué par les
trois termes « rendre sa vie pleine, intéressante, significative ».
Il est incontestable qu'une lecture a pu avoir une influence déterminante sur l'orientation de toute une vie : en
lisant les Martyrs, Augustin Thierry sent naître sa passion pour l'histoire ; en traduisant l'Énéide, Berlioz enfant
éprouve une émotion ineffaçable qui dictera au compositeur son opéra des Troyens ; la Bible a inspiré un grand
nombre de poètes (Hugo, Vigny, Claudel) comme le Coran a inspiré nombre de poètes arabes.
2° On distingue communément les gens qui lisent, les peuples qui lisent, et les autres : on se lamente sur la
diminution du nombre des lecteurs en France ; un professeur dit couramment d'un élève médiocre : « Que voulezvous! Il ne lit pas! » Sociologues et éducateurs sont d'accord sur ce point : une « cité » nouvelle ne devrait jamais
être ouverte sans que soit prête à recevoir les jeunes qui l'habiteront, une bibliothèque agréable, fournie et variée
— cela étant aussi utile que les espaces verts et les salles de réunion.
3° Nous vivons à l'ère de l'image : le cinéma et la télévision (sinon les bandes dessinées et les illustrés) nous
attirent au point de nous priver du temps réservé autrefois à la lecture.
Il est moins pénible de regarder que de faire
l'effort du lecteur ; la paresse d'esprit s'installe et pervertit l'adolescent, sinon l'adulte.
Face à ce danger, la lecture
semble un antidote et devrait même être un remède préventif.
4° Nous sommes contemporains d'une « histoire mondiale » qui ne nous permet plus de vivre plus ou moins repliés
sur nous-mêmes.
Nous n'avons plus même le droit de nous contenter de l'histoire de notre pays et d'ignorer ce qui
se passe chez le voisin.
Comment y parvenir sans les livres ? Par les voyages, mais ceux-ci ne doivent-ils pas être
préparés et complétés par la lecture? Par la presse parlée et écrite ? Mais celle-ci ne doit-elle pas être contrôlée
par la réflexion qui prend sa meilleure source dans la méditation d'une lecture ?
Conclusion
« Ami, conseiller et consolateur », voilà ce que George Sand souhaitait que soit un livre.
Aldous qui fait de la lecture
l'enrichissement de notre vie, Maurois répond: "Le livre est un moyen de dépassement; aucun homme n'a assez
d'expérience personnelle pour bien comprendre les autres, ni pour bien se comprendre lui-même"..
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